Les locataires des Girandières, à Limoges (Haute-Vienne), pourront-ils rester dans leur résidence senior qui leur offrait une alternative à l'Ehpad ? Le sort du groupe propriétaire, en proie à des difficultés économiques, était examiné par le tribunal de commerce de Paris ce lundi 4 novembre. La décision est attendue fin novembre.
Monique fait partie de la vingtaine de personnes âgées installée aux Girandières de Limoges. Cette résidence pour seniors à Limoges est sortie de terre il y a deux ans. "Le personnel est très gentil. On mange bien. Au départ, je ne voulais pas y aller. Je préférerais rester chez moi, mais, en définitive, je m'y sens bien. Je n'ai rien à reprocher, ce n'est pas de chance !", raconte avec le sourire la retraitée, logée dans un petit appartement au 3ᵉ étage.
Pas assez de rentabilité
Les résidents s'y plaisent, le bâtiment est flambant neuf, pourtant cet établissement pourrait bientôt mettre la clé sous la porte si aucun projet de reprise n'est validé par la justice. La branche senior du groupe Réside Études Senior, à qui appartiennent Les Girandières, est en effet en redressement judiciaire depuis juin dernier.
Le groupe national qui possède également des établissements en Aquitaine et en Poitou-Charentes, était convoqué devant le tribunal de commerce de Paris, ce 4 novembre. Neuf projets de reprise ont été examinés. La décision de justice a été mise en délibérée le 26 novembre 2024.
Les proches des résidents sont inquiets. "On avait trouvé ce logement pour ma mère qui est idéal pour qu'elle puisse se sentir comme chez elle, tout en continuant à recevoir des services. Le personnel lui rend visite matin, midi, soir et la nuit", se désole Valérie, la fille de Monique. Pour elle, cette formule était la dernière solution pour que sa mère, encore suffisamment autonome, ne soit pas contrainte à l'Ehpad.
On est forcément inquiets pour nos parents. On imagine mal que cette résidence puisse fermer, le bâtiment est tout neuf, le service est très bien.
CatherineFille d'un résident âgé de 89 ans
Ces dernières années, de nombreux investisseurs pensaient pouvoir faire recette grâce à ces résidences seniors. Peinant à atteindre un taux de remplissage à 100 %, elles se révèlent aujourd'hui bien moins rentables que prévu.
1 700 euros de loyer
Sur le territoire Français, 72 résidences du groupe Réside Etudes Senior sont concernées. Celle de Limoges dispose de vingt-deux appartements occupés sur les 91 disponibles. Une vidéo tournée par la fille d'une résidente montre un agréable studio de 35m² entièrement meublé. Les locataires bénéficient d'une assistance jour et nuit, mais la sécurité a un coût. Il faut compter 1700 euros de loyer pour une pièce avec une kitchenette et une salle de bains.
"Je pense qu'il y a des solutions pour pouvoir remplir la résidence. Il faut revoir les tarifs. Vu les revenus moyens en Haute-Vienne, c'est trop élevé. Financièrement, il faut être capable de faire face. Il faudrait quelque chose de moins luxueux, de plus simple. C'est ce que veulent nos parents", songe Chantal, fille d'une résidente âgée de 89 ans.
Pour l'instant, j'évite de parler de la situation des Girandières à ma mère. Elle risque de s'inquiéter, de se demander où elle va finir ou de se questionner sur l'argent.
ChantalFille d'une résidente
Cette résidence pour senior n'est pas le seul en proie à des difficultés économiques. À la fin de l'année, la résidence Vivéa de Limoges cessera ses prestations pour revenir à une activité de logement tous public. Les retraités pourront rester au sein de la structure, mais l'accompagnement social et médical disparaîtra au 1ᵉʳ janvier 2025.