Depuis le passage du cyclone de Chido le samedi 14 décembre, à Mayotte, les Mahorais qui vivent dans l'Hexagone attendent désespérément des nouvelles de leurs proches. Kader Soidiki habite dans les Pyrénées-Atlantiques et n'arrive plus à joindre sa famille depuis quatre jours.
Impuissant, à des milliers de kilomètres, il ne lui reste que l'espoir. Depuis le passage dévastateur du cyclone sur l'archipel de Mayotte samedi 14 décembre, Kader Soidiki est sans nouvelle de sa famille. "J'étais au téléphone avec ma maman, mais d'un coup, ça a coupé, je ne l'ai plus entendue, relate-t-il. Je pensais que quelque chose de grave s'était passé, j'ai réessayé d'appeler plusieurs fois, mais tout est coupé, je ne sais pas quoi faire."
Selon un bilan encore très provisoire communiqué par le ministère de l'Intérieur, 22 morts et plus de 1773 blessés ont été comptabilisés par les autorités. Un chiffrage qui pourrait être encore très en deçà de la réalité des victimes qui pourraient représenter plusieurs centaines, voire des milliers de morts selon les autorités.
"Mal au cœur"
Depuis plusieurs jours, les secours ont été déployés sur place, mais de nombreuses régions restent encore privées de communication. Près de 90 % des pylônes électriques ont été détruits, rendant les échanges avec l'Hexagone quasi impossible pour la population.
Ça me fait mal au cœur. Quand je vois les images, c'est l'apocalypse. Une tornade qui a tout cassé comme dans les films.
Kader SoidikiMahorais vivant à Bizanos
Le jeune mahorais habite depuis quatorze ans à Bizanos, dans les Pyrénées-Atlantiques, mais reste quotidiennement en contact avec sa famille qui vit toujours sur l'île. Ses parents, ses frères et sœurs résident dans la ville de Sada, à l'ouest de Mayotte.
Trois jours maintenant se sont écoulés depuis les faits, mais toujours aucun signe de vie de leur part. "Je passe mon temps à regarder les chaînes d'information, je n'arrive pas à fermer l'œil. Je garde l'espoir qu'ils soient en sécurité quelque part, je prie pour ça", glisse-t-il.
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Agir
Partout sur le territoire, de nombreuses associations se mobilisent pour venir en aide aux sinistrés. Pour Kader, "le plus compliqué, c'est la distance. Le fait qu'on ne puisse pas être à leur côté et d'être incapables de faire quoi que ce soit".
La solidarité s'organise malgré tout sur tout le territoire et des groupes de soutien émergent pour l'échange de nouvelles. Avec sa voisine, qu'il a rencontré récemment, le jeune mahorais parcourt sans cesse les différents fils de discussion à la recherche du moindre élément pouvant faire état de la situation sur place. "On a regardé ensemble sur les réseaux pour avoir des nouvelles, il y a pas mal de gens qui mettent des photos de leur famille pour trouver des moyens de les joindre", indique Émilie Thez.
Associations
Malgré le post d'un message, le jeune mahorais recueille surtout des informations sur les dégâts matériels. "J'ai réussi à trouver des personnes ici qui cherchent leur famille à Mayotte, mais eux non plus jusqu'à présent n'ont pas de nouvelle."
Je pense qu'on va les retrouver, qu'ils vont bien, faut garder l'espoir c'est important.
Kader SoidikiMahorais vivant à Bizanos
Alors le jeune mahorais attend. "J'avais besoin de m'aérer, en plus c'est Noël, c'est une période où tout le monde doit être heureux. Être toujours sur les chaînes d'informations, ce n'est pas bien non plus." Il regrette que le nouveau Premier ministre ait privilégié un déplacement au conseil municipal de Pau, plutôt que de se rendre sur l'île. "Ça me met en colère, car c'est la première personne qui doit être là-bas pour voir les dégâts, aider la population."
Lui espère pouvoir agir à sa manière et recherche toujours des associations locales pour envoyer des aides alimentaires, des vêtements ou des produits d'hygiène sur place.