Un ancien journaliste et professeur d’aïkido jugé pour viols et actes de torture et de barbarie. Le procès s'est ouvert ce lundi 18 novembre 2024 à Foix, devant la cour d'assises de l'Ariège. Également sur le banc des accusés : son ancienne compagne, jugée pour complicité. C'est l'une de ses filles qui a révélé cette sordide affaire en portant plainte en 2020.
L’audience s'est ouverte, en fin de matinée de ce lundi 18 novembre 2024, devant la cour d'assises de Foix en Ariège. Sur le banc des accusés : un ancien journaliste et professeur d'aïkido d'une cinquantaine d'années. L'homme est jugé pour des viols, actes de torture et de barbarie, commis dans le cadre de sa pratique sportive, mais aussi au sein de son foyer. Son ancienne compagne est également poursuivie pour complicité.
"C'était l'horreur, c'était l'enfer"
Néguineva Momeni est l'une des quatre filles de l'ancienne compagne de l'accusé. C'est elle qui a porté plainte en 2020 après s'être enfuie du domicile familial. Aujourd'hui âgée de 23 ans, elle est partie civile dans cette sordide affaire. "C'est un peu trop tard pour me sauver parce que moi, il m'est déjà tout arrivé", dit-elle avant l'entame de ce procès.
"Très clairement, c'était l'enfer. C'était l'horreur, confie la jeune femme. J'ai subi des viols, de la maltraitance physique et psychologique, de la privation de nourriture. On a dormi dehors par tous temps, qu'il neige, qu'il pleuve, qu'il vente. Il avait une emprise totale sur ma mère, mes sœurs et moi. Et on a beaucoup souffert." Voilà ce que dit avoir vécu Néguineva avec deux de ses sœurs, pendant des mois, des années, entre 2018 et 2020.
Il y a peu de choses que l'on n'a pas vécues en termes de torture et de sévices.
Néguineva Momeni, l'une des filles de l'ancienne compagne de l'accusé
"Je veux surtout qu'il ne puisse plus faire ce qu'il a fait et qu'il soit puni pour cela. Quand je me suis enfuie, c'est moi qui étais devenu le monstre. J'étais la personne avec qui il ne fallait pas parler, raconte-t-elle encore. Depuis, Néguineva est de nouveau très proche de ses sœurs. "On se reconstruit ensemble".
Leur mère complice ?
À l'époque, l'accusé se décrivait comme un expert d'"aïki thérapie". Une "pratique respiratoire" de son invention dont l'objectif serait, selon lui, de "développer son écoute intérieure, de nettoyer son corps et d'apaiser son esprit." Mais l'homme aurait bâti sa carrière sur des mensonges, s'attribuant faussement les titres de psychiatre, anthropologue, ou encore chercheur au CNRS, sans jamais avoir obtenu ces qualifications. Les enquêteurs, eux, dépeignent une personnalité "brillante, séductrice, mais aussi despotique, perverse, déviante et extrêmement violente" envers son entourage.
L'emprise sera au cœur des débats devant les jurés. Un argument potentiel pour la défense de l'ancienne compagne de Jean-Philippe D., décrite comme dépressive et fragile, mais jugée pour complicité. "Il n'est pas envisageable que Jean-Philippe D. endosse l'entière responsabilité et que la coaccusée se défausse sur ses épaules", déclare Me Nicolas Raynaud De Lage.
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Pour l'avocat de l'ancien journaliste et professeur d'aïkido, ce procès doit permettre de "déterminer comment les deux personnes accusées, mon client et son ancienne compagne, vont se répartir la charge, le rôle, les responsabilités. Il y a une lecture de mon client qui est à géométrie variable avec des déclarations qui sont à affiner. S'il y a des responsabilités, il faut que chacun les prenne et que chacun les verbalise."
"Notre mère avait parfaitement connaissance des faits, nous disait de nous détendre car la sexualité, c'est normal à cet âge. Elle nous encourageait au silence pour protéger son compagnon", nous apprennent les déclarations des sœurs lors de l'énumération des faits.
Appelée à la barre, l'ancienne compagne de Jean-Philippe D. a tenté d'expliquer, la voix tremblante, son absence de réaction par l'emprise qu'avait l'accusé sur elle. Concernant ses filles, "elles ont toujours été ma priorité jusqu'à ma rencontre avec Monsieur D. Tout a changé depuis ma rencontre avec lui. Il s'est servi de tout ce que j'ai pu dire en thérapie contre moi et mon entourage."
Les charges qui pèsent sur Jean-Philippe D. sont lourdes. Il encourt la réclusion à perpétuité et son ancienne compagne, quinze ans de prison. Verdict en fin de semaine.
(Propos recueillis par Justine Salles et Elliott Sentenac)