Témoignage. "On aimerait faire le deuil", 4 ans après un accident mortel de chasse, la famille attend un procès

Publié le Écrit par Rémi Surrans
partager cet article :

En octobre 2019, un homme meurt d'un tir de chasse dans l'Ariège à Varilhes (Ariège). Trois ans et demi après les faits, son fils fustige l'inaction de la justice. Aucun procès du mis en cause n'a eu lieu. Il témoigne de sa détresse et de sa colère.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

La mort de Morgan Keane, tué par un tir de chasse alors qu'il coupait du bois dans son jardin en décembre 2020, a été jugée deux ans après les faits. Le père de Philippe Gaychet, lui, est mort des mêmes conséquences en octobre 2019 à Varilhes (Ariège) : bientôt quatre ans après les faits, le procès du tireur n'a pas eu lieu. Malgré une première enquête, un changement d'avocat et de multiples relances auprès du parquet de Foix (Ariège), "il n'y a rien" selon Philippe Gaychet. 

Contacté par téléphone, il se sent totalement démuni et pas écouté. "Ça ne peut pas continuer trois ans et demi supplémentaires. Je suis dégoûté, on aimerait bien faire le deuil mais on ne peut rien faire" s'agace-t-il. Il pense à son fils, aujourd'hui âgé de 13 ans, lui qui suivait son grand-père sur les battues sauf le jour de l'accident. "Il a été traumatisé pendant deux semaines après l'accident. Il me pose des questions toutes les semaines, et ne veut plus revenir sur les lieux."

Rappel des faits

Le 26 octobre 2019, une battue est organisée à Varilhes, un samedi en plein milieu de matinée. Plusieurs chasseurs y prennent part : le père de Philippe Gaychet, "un passionné du travail des chiens" est chargé d'identifier si des sangliers sont présents sur un champ de maïs.

À son retour, la chasse a déjà commencé : c'est à ce moment qu'un homme tire depuis un mirador, sans s'assurer de sa cible, pensant voir un sanglier dans le maïs, et touche mortellement le père de Philippe Gaychet. "Il a tiré à 12 mètres de distance" se remémore ce dernier. 

La gendarmerie et les sapeurs-pompiers interviennent, sans prévenir Philippe Gaychet selon ses dires. "C'est un collègue de la chasse qui m'a appelé, sans me dire ce qu'il s'est passé. Quand je suis arrivé, j'ai compris de suite." Sans explications ni autorisations de laisser-passer, il prévient sa mère qui arrive sur les lieux, "mais elle est repoussée" se souvient Philippe Gaychet. 

Une enquête est ouverte par la brigade de recherches de la gendarmerie de Pamiers. Le tireur est interrogé, tout comme les témoins sur place. Philippe Gaychet et sa mère prennent chacun un avocat. Depuis ? "Rien, on ne sait rien" répète Philippe Gaychet avec insistance.

"Une réparation financière ne fera pas revenir mon père"

Frustré, il contacte l'association 1 jour 1 chasseur, créée après la mort de Morgan Keane, qui le met en contact avec Maître Benoît Coussy, l'avocat de la famille de Morgan Keane. "Très vite, il me dit qu'on ne peut pas rester comme ça" rapporte Philippe Gaychet, qui l'a au téléphone au moins une fois par mois. 

Contacté, l'avocat n'a pu répondre à nos sollicitations au moment de la publication de cet article. Mais Philippe Gaychet sait qu'il "a envoyé des mails et des courriers" auprès du parquet de Foix. En réponse, on lui répond que "c'est en cours", sans plus de précisions selon le fils de la victime. Aux dernières nouvelles, "je ne sais ni plus ni moins" s'agace-t-il.

Le procureur de la République de Foix nous a indiqué que "l'affaire fait l'objet d'une information judiciaire", et que les "demandes d'avocats ont été, à ce titre, transmises au juge d'instruction".

La Fédération des chasseurs de l'Ariège n'a pas oublié cet épisode. Par la voix de son président Jean-Luc Fernandez, elle se dit "parfaitement au courant" mais "ne veut pas communiquer sur le sujet".

"Le but n'est pas de porter plainte et qu'il (le tireur) paie. Une réparation financière ne fera pas revenir mon père. Je veux que ça serve d'exemple" tempère néanmoins Philippe Gaychet. "Dans le futur, il faut davantage de suivi dans le recrutement des chasseurs, davantage de visites médicales" poursuit-il, très remonté contre le responsable de battue qui n'aurait pas attendu le retour de son père avant le début de la chasse.

La famille Gaychet a déménagé pour éviter de rester proche du lieu de l'accident. Philippe Gaychet est à Quié (Ariège), et sa mère à Pamiers (Ariège). Et attendant désespérément un signe de la justice. 

Qu’avez-vous pensé de ce témoignage ?
Cela pourrait vous intéresser :
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information