Aude : vers une pénurie d'huile de tournesol liée à la sécheresse et à la guerre en Ukraine ?

Dans l'Aude, la récolte du tournesol, qui a lieu normalement fin septembre, a commencé avec 15 jours d'avance. A cause de la sécheresse, la moisson s'annonce mauvaise alors que les coûts de production se sont envolés avec la guerre en Ukraine, plombant les comptes des agriculteurs. Une pénurie d'huile de tournesol pourrait se profiler.

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Dans l'Aude, depuis que les tournesols ont été semés en mai dernier, les températures ont régulièrement dépassé les 35 degrés et il n'a presque pas plu. Installé à Saint-Martin-Lalande, Bastien Bondouy va perdre la moitié de sa récolte : "Le capitule est vraiment petit et le milieu n'a pas été fécondé, il n'y a aucune graine, il n'y en a que sur le pourtour". La sécheresse oblige aussi l'agriculteur à moissonner avec deux semaines d'avance.

Risque de pénurie ?

Moins de graines et donc moins d'huile de tournesol cette année, alors que le marché mondial est déjà tendu : voilà qui fait planer le risque d'une pénurie selon Gilles Terres, chargé de mission "Grandes cultures" à la Chambre d'agriculture de l'Aude.

Le principal pays producteur, c'est l'Ukraine, le deuxième c'est la Russie. Avec des rendements en retrait aussi en France, on peut s'attendre à avoir une pénurie d'huile comme celle que l'on a déjà eue à l'automne dernier.

Gilles Terres, chargé de mission "Grandes cultures" à la Chambre d'agriculture de l'Aude.

Des charges qui plombent les comptes

On l'aura compris, cette année, la récolte pâtit à la fois des conséquences de la crise sanitaire et de celles de la guerre en Ukraine, qui ont fait doubler, voire tripler les charges, notamment les prix des engrais, comme l'explique l'exploitant Bastien Bondouy.

C'était l'année à ne pas rater ! Les prix de vente à la tonne sont élevés. Mais avec les charges, au final ce sera un résultat négatif pour nous.

Bastien Bondouy, producteur de tournesols à Saint-Martin-Lalande (Aude)

Dans l'Aude, certains agriculteurs ont déjà diversifié leurs activités pour survivre. Mais ce n'est parfois pas suffisant face aux aléas climatiques qui touchent tous les types de cultures, nous précise Aude Aguzou, conseillère spécialisée "Grandes cultures" à la Chambre d'agriculture de l'Aude : "Les semis de novembre dernier ont tous souffert du gel et de la pluie et les céréales à paille ont été affectées par la sécheresse et le manque d'eau de l'été".

De son côté, Arterris, groupe coopératif qui fédère 25000 producteurs de céréales répartis sur 350000 hectares dans les régions Occitanie et Sud, annonce des volumes de récolte en recul de 15% par rapport à 2021 pour les blés dur et tendre, le colza et les céréales à paille, fourragères et les protéagineux. 

Les bassins de rétention, solution controversée

Les agriculteurs plaident donc pour un stockage de l'eau qui tombe en hiver et la création de bassins de rétention pour pouvoir arroser les parcelles en été. Une solution qui ne fait pas l'unanimité et suscite l'hostilité des défenseurs de l'environnement selon lesquels de tels captages aggraveraient la sécheresse.

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