Les épisodes de sécheresse se multiplient en France. Et les températures ne font qu'augmenter, éloignant petit à petit la pluie. Une situation que vivent mal les vignes de Carsac, dans l'Aude. Alors, les viticulteurs ont dû s'armer d'imagination pour trouver de nouvelles solutions pour faire face à cette sécheresse.
En ce mois de janvier 2024, les températures grimpent et ont atteint jusqu'à 26 °C à Perpignan. Des chaleurs anormales pour un mois d'hiver. Et qui dit températures élevées et pas de pluie, dit sécheresse.
Un nouveau réseau d'eau pour desservir 500 hectares
Les vignobles de Carsac, dans l'Aude, ont soif. Réunis en coopératives, ils ont opté pour l'irrigation, autorisée en France depuis 2006. "Ça fait trois, quatre ans déjà qu’on subit constamment des sécheresses estivales, voire hivernales puisqu’en ce moment, on est en période de sécheresse hivernale", déclare Jérôme Goblot, viticulteur.
La technique consiste à pomper l’Aude jusqu’au pied des vignes. Selon ces exploitants, c'est un enjeu de survie, alors que le manque d’eau altère les rendements et la qualité du vin. "Ça va être comme une assurance, une assurance sécheresse. Pour essayer de lisser les rendements, et surtout avoir une certaine qualité. Et économiquement, continuer à pouvoir vivre de la vigne sur le secteur", poursuit le viticulteur. C'est un nouveau réseau qui desservira une cinquantaine d'exploitations, soit environ 500 hectares.
Un projet à quatre millions d'euros
Pour Olivier Depaule, le président de la coopérative de Carsac, c’était une adaptation nécessaire, qu’il soutient de longue date. "14 ans entre les premières études et la réalisation du projet. Le plus long et compliqué, c’est de financer les études avant le projet", précise-t-il. Financer les études, puis les travaux : environ quatre millions d’euros partagés par des collectivités, des fonds européens et par les agriculteurs. Le réseau, entamé en 2022, devrait aboutir à l’été 2024.
Chaque tuyau distribue goutte à goutte au pied de la souche
Olivier Depaule,président cave coopérative de Carsac
"C’est la canalisation primaire qui va pouvoir alimenter à partir d'une borne les parcelles avec un réseau secondaire", explique le président de la coopérative. Le débit sera contrôlé sur chaque parcelle, activé en fonction des besoins. "Chaque tuyau distribue goutte à goutte au pied de la souche. 1,6 litre, par souche et par heure".
La quantité d’eau pompée en amont doit être relâchée en aval, depuis le barrage de Matemal. En France, l’irrigation concerne 8% des surfaces viticoles : cette proportion progresse nettement depuis 10 ans.