Engagée contre la souffrance animale, Manon est bergère du côté de Carcassonne, dans l'Aude. Elle élève ses brebis du mieux qu’elle peut. A court terme, la jeune femme envisage de créer un abattoir mobile. Le documentaire "La réponse de la bergère" interroge : comment peut-on élever et tuer des animaux que l’on aime ?
"La réponse de la bergère", un film de Sandra Ducasse. Une coproduction Mille et Une Productions et France Télévisions. Retrouvez tous nos documentaires sur france.tv
Manon vit à la campagne du côté de Carcassonne dans l’Aude. Elle est éleveuse de brebis. Dans un premier temps, elle était installée avec son mari, lui aussi paysan. C’était un peu compliqué avoue-t-elle : "Je suis née dans le Pas-de-Calais, dans un monde très urbain et plutôt ouvrier".
Après des saisons dans les Alpes à Courchevel, la jeune femme évolue dans le milieu de l’hôtellerie de luxe qui ne lui convient pas du tout. Elle change d’orientation et se forme en agriculture. Mais lorsqu'elle arrive à la campagne, elle n'est pas à l’aise dans ce milieu où son conjoint, fils de paysan, a grandi lui aussi. Un monde qu’elle "jugeait beaucoup, sans le connaître vraiment" précisant : "J’étais végétarienne et anti-chasse".
Manon, une bergère engagée
Le couple se sépare. Manon reste seule avec sa fille. Aujourd’hui, voilà 10 ans qu’elle est bergère. Après avoir décidé de s’intéresser à cet univers de plus près, sa réalité n’est plus la même. Les choses ont changé. "J’ai compris l’intérêt de l’élevage pour le reste du monde agricole, pour l’entretien des paysages, la fabrication des engrais organiques…"
Engagée contre la souffrance animale, la bergère élève aujourd’hui ses brebis, du mieux qu’elle peut, s’investissant pour les accompagner jusqu’à leur dernier souffle.
Je fais ce métier car c’est le bien-être des animaux qui me préoccupe le plus.
Manon
Et Manon sait ce qui est bien pour eux. Elle explique avec beaucoup d’empathie comment elle s’applique à leur donner le meilleur : de grands espaces, du collectif "ils sont entre copains" explique-t-elle sérieusement, nourris de paille, de grains et d’herbe. "C’est important de leur offrir la plus jolie vie possible, sachant comment ça se termine".
Comment élever et tuer des animaux que l’on aime ?
La jeune femme a pour projet, avec d'autres éleveurs et éleveuses de l'Aude, de créer un abattoir mobile. Elle enchaîne les formations : conduite de poids lourds, voire "super lourd", sessions de pratiques en abattoir, perfectionnement en protection animale.
Je me suis rendue compte avec l’élevage que la mort faisait partie de la vie.
Manon
Mais la question est posée : comment élever et tuer des animaux que l’on aime ? Face à ces interrogations, Manon nous fait part de ses convictions et nous invite à réfléchir sur notre rapport à la nature, aux animaux, à la consommation, à la vie et à la mort.