Alors que d'importants feux se sont déclarés dans les départements du nord de l'Occitanie, la Lozère et l'Aveyron, Benoît et Damien les photographient au plus près. Attristés de voir leur territoire partir en fumée, ils ont, pour autant, fait le choix de le documenter sur les réseaux sociaux. Témoignages.
Une ferme en proie aux flammes, des pompiers en plein brasier ou des épais nuages de fumée. Sur les réseaux sociaux, ces photos ne cessent de circuler depuis qu'un important incendie s'est déclaré dans les gorges du Tarn, à mi-chemin entre Aveyron et Lozère, lundi 8 août.
Emotion et témoignage
Mis au courant du départ de feu par des proches, Damien, connu sous le nom de Exodams, n'a pas hésité une seule seconde avant de se rendre sur place. Installé à Millau depuis 11 ans, il connaît "son territoire" dans les moindres détails. "Je suis parti lundi en fin de journée et je me suis installé sur les hauteurs de Boyne, explique celui qui travaille par ailleurs pour le Parc Naturel Régional des Grands Causses. J'ai un objectif longue focale qui me permet de faire des images de très loin."
Passionné de photographie, c'est le besoin de témoigner qui l'a poussé à se rendre sur place. "Je fais de la photo tous les jours, je suis tout le temps avec mon appareil. Je veux montrer ce qui se passe sur le terrain. C'est mon territoire qui brûle, c'est triste, ça me touche, mais je le fais pour partager cela avec les gens qui ne sont pas sur place."
Sur Facebook, une de ses photos a tout particulièrement fait réagir les internautes. On y voit une ferme, en proie aux flammes et à un important nuage de fumée qui semble s'apprêter à l'engloutir. Damien raconte : " J'étais sur place avec mon fils et on a vu cette ferme être sauvée en direct. Le travail des pompiers et de l'avion DASH a permis d'arrêter la progression des flammes et de diriger le feu sur une autre trajectoire."
"Je ne peux pas rester dans mon canapé"
Benoît Colomb lui n'est pas Aveyronnais. Il est originaire de Mende, en Lozère voisine, où le feu sévit également. Photographe amateur depuis 20 ans et professionnel depuis quelques années, c'est à Coperlac (Lozère) qu'il a commencé ses reportages sur l'incendie.
Proche des pompiers et travaillant avec leur aval, il s'intéresse principalement à leur travail. "Les photos que je fais ont une vocation humaine. Je veux valoriser le travail des pompiers tout en faisant des photos esthétiques, explique le photographe naturaliste passionné par son environnement. On a un devoir de mémoire. Je ne peux pas rester dans mon canapé alors qu'il se passe ça chez moi. Je ne peux pas rester insensible à ce spectacle de désolation qui se joue sous nos yeux et c'est encore plus dur en tant que naturaliste."
Sur les réseaux sociaux, les photos des deux hommes sont particulièrement suivies et commentées. Tant pour leur aspect informatif que pour leur beauté. "Je ne suis pas journaliste, en tant que photographe je travaille aussi avec ma sensibilité, poursuit Benoît. Il faut mettre en valeur le sujet, jouer avec les lumières naturelles, savoir se placer..."
Encore du travail prévu
Alors que l'incendie n'est toujours pas maîtrisé, tous deux continuent à se rendre sur place. Le travail de Benoît Colomb est à retrouver dans l'ouvrage "Pélican info", offert aux acteurs de la lutte contre les feux de forêt, mais également dans les calendriers de pompiers du département, auxquels il a décidé d'offrir ses clichés.