Les gérants de l'exploitation ovine Grimal ainsi que deux vétérinaires ont été condamnés à une amende de plusieurs milliers d'euros ce 14 septembre par le tribunal de Rodez. L'administration médicamenteuse non-conforme a été retenue, mais pas la maltraitance animale dénoncée par L214.
Le tribunal de Rodez a rendu son jugement mercredi 14 septembre 2022 dans l'affaire d'un mauvais traitement d'agneaux, révélée par l'association L214 en 2020. Les deux co-gérants de l'exploitation ovine Grimal, située à Rullac-Saint-Cirq en Aveyron, sont condamnés à 11.000 euros d'amende chacun dont 5.000 avec sursis. Les deux vétérinaires de la région qui travaillaient sur cet élevage devront eux aussi s'acquitter de 10.000 euros d'amende chacun.
Les accusés relaxés pour les faits de maltraitance animale
Pour le tribunal de Rodez, il n'y a pas eu maltraitance animale de la part des deux co-gérants, Raymond Grimal et son fils Johan, ainsi que pour les deux vétérinaires. Père et fils Grimal ont simplement été condamnés pour administration non-conforme d'un médicament vétérinaire et non-conformité de tenue du registre d'élevage. Quant aux vétérinaires, c'est la prescription des produits aux éleveurs sans en assurer le suivi qui a été retenue, ainsi que la prescription contenant des antibiotiques sans analyse préalable.
Tout avait démarré par une vidéo de l'association L214
Cette affaire a éclaté après l'alerte lancée par l'association de défense des animaux L214 en juin 2020. Dans une vidéo de quatre minutes, tournée entre janvier et février de la même année, on y voit des agneaux très atteints. Ils sont enfermés sans voir la lumière du jour et certains souffrent de maladies respiratoires. D'autres bêtes sont égorgées sans avoir été préalablement assommées par la pince électrique. Ces images, dures à visionner, provoquent un tollé monumental. À l'époque, le ministre de l'Agriculture de l'époque Didier Guillaume demande même la suspension de l'agrément de la chaîne ovine, quelques heures seulement après la publication de la vidéo.
"Une décision importante mais qui ne prend pas en compte l'animal"
Pour l'avocate de l'association L214, Maître Hélène Thouy, cette décision prouve l'utilité du travail de l'association. "C'est une décision importante. Le dossier montre le rôle d'intérêt général que joue L214. Car sans diffusion vidéo, on ne se serait jamais intéressé à ça" développe-t-elle. Le travail d'enquête est "salué" par l'avocate, mais elle éprouve néanmoins un gros regret. "Dans le même temps, le sentiment est mitigé car le sort de l'animal en tant qu'être vivant n'est pas pris en compte dans le jugement. Ce sont pourtant les premières victimes" exprime-t-elle.
La SARL Grimal et les deux vétérinaires sanctionnés ont dix jours pour faire appel de cette décision.