“L’émir blanc d’Artigat”, Olivier Corel, grand absent du procès Merah

Cette semaine, durant laquelle l’engagement religieux des Merah est évoqué, son nom est cité tous les jours à de nombreuses reprises. Pourtant Olivier Corel, souvent présenté comme le lien entre les Merah et le jihad, n’est même pas cité comme témoin. 

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Les témoins se succèdent à la barre. Leurs témoignages sont parfois répétitifs, souvent éclairants sur la montée du salafisme et de l’islam radical au sein de la famille Merah. Il est question de Mohamed, bien-sûr, mais aussi de son frère Abdelkader, principal accusé au procès, et de sa soeur Souad.

Et qu’ils soient policiers, spécialistes du renseignement, ou membres de la famille, comme le frère Abdelghani, son ex-compagne ou son fils qui ont témoigné lundi et mardi, tous ont un nom à la bouche : Olivier Corel, dit “le Cheik” ou encore “l’Emir blanc d’Artigat, du nom du petit village ariégeois où il réside et qui fut la plaque tournante de la mouvance jihadiste de Toulouse et de sa région.

La “matrice”


Depuis plus de 10 ans, Olivier Corel, d’origine syrienne, est cité dans les procédures autour des jihadistes, sans que “l’Emir” ne soit jamais vraiment inquiété.

“Il est la matrice du groupe salafiste jihadistes toulousain, a redit à la barre lundi l’ex-patron du renseignement intérieur à Toulouse. Il a un charisme, il exerce une véritable fascination notamment pour les jeunes. A Artigat, il y avait des stages d’endoctrinement et d’entraînement physiques. Il professait la haine du mécréant”.

“C’est Souad Merah qui a fait rentrer la radicalité dans la famille, a expliqué lundi également le frère Abdelghani Merah, témoin à charge contre son frère. Abdelkader s’est radicalisé en prison mais c’est ensuite Olivier Corel qui leur a montré cet islam sectaire”.

“Pour moi, pour que Mohamed Merah agisse, il fallait le feu vert, a pour sa part expliqué mardi Théodore, le neveu d’Abelkader Merah : celui d’Olivier Corel, celui de “Kader” et celui de Souad. Mohamed appelait Corel dès qu’il avait une décision à prendre, pour tout et n’importe quoi”.


Souvent entendu, jamais inquiété

Olivier Corel a été placé en garde à vue dans le cadre de l’enquête après les attaques de Mohamed Merah. Une garde à vue en novembre 2014, 18 mois après les faits. Les policiers recoupent son agenda avec celui de Mohamed Merah et lui posent quelques questions. Il réfute être le référent religieux des Merah et de la communauté salafiste radicale toulousaine. Il est relâché. Malgré plusieurs demandes d’avocats des parties civiles, il ne sera jamais entendu par les magistrats instructeurs.

En 2007, il avait déjà été mis en examen dans le cadre de la procédure sur l’acheminement de combattants jihadistes en Irak, dite “filière d’Artigat” : des membres de la filière, dont Sabri Essid, sont condamnés. Lui bénéficie d’un non-lieu.

En 2015, nouvelle garde à vue et perquisition administrative dans le cadre de l’enquête sur les attentats de Paris et Saint-Denis. Mais là encore la garde à vue est levée. Olivier Corel est simplement condamné pour détention illégale d’une arme : un simple fusil de chasse !

“Ce box des accusés est trop vide”


Pour les parties civiles, Olivier Corel est le grand absent du procès.Il est le symbole du cloisonnement des services de police qui ne se parlaient pas, estime Maître Carole Masliah, avocate de familles de l’école Orh Torah de Toulouse. Il fait partie du terreau qui a permis la réalisation des actes de Merah”.

Maître Sonia Maktouf, avocate de Latifa Ibn Ziaten, va encore plus loin : “Le box des accusés est trop vide. Il manque toutes les personnes qui ont aidées ou apporté leur soutien à Mohamed Merah : Olivier Corel bien-sûr, mais aussi Sabri Essid, les frères Clain ou même Zoulikha Aziri, la mère de la famille Merah qui a contribué à aider son fils notamment lors de son voyage au Pakistan”.

Parti en Syrie ?

Le nom d’Olivier Corel est donc tous les jours évoqué devant la Cour d’assises. Mais cela n’ira pas plus loin. De toute façon, selon certaines parties civiles, Olivier Corel n’habite plus à Artigat : il aurait quitté l’Ariège et serait aujourd’hui en Syrie ce que des policiers spécialistes du renseignement ont ensuite démenti à la barre.
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