Le pont qui s'est effondré dans le Gard avait été classé en "très bon état" par le département

Aucune fragilité n'avait été repérée par les agents de voirie lors du dernier contrôle du pont de Chamborigaud, en 2022. L'ouvrage s'est pourtant effondré lundi 18 mars, occasionnant un blessé, le désarroi des habitants et de nombreuses théories sur les causes d'un tel accident.

"Cinq minutes avant, je passais sur le pont en voiture. La veille, je ramassais des champignons en dessous", raconte Véronique Passebois. Le pont de Chamborigaud, la commune du Gard où elle est née, s'est effondré lundi 18 mars au passage d'un camion. Blessé, le conducteur a été transféré au CHU de Nîmes. "C'était pas mon heure", prophétise de son côté la retraitée

À Chamborigaud, deux ponts ont déjà été emportés par les crues de 2021, coupant un temps certaines familles du reste du village, leur maison inondée, sans électricité. "Tout ça, en quelques années et à moins d'1 km à la ronde, ça fait beaucoup" pour Véronique Passebois, qui a vécu plus de 60 ans à Chamborigaud avant de quitter la commune, et hésite dorénavant à revenir. "Honnêtement, ça ne donne pas envie".

Un pont classé en "très bon état"

Que s'est-il passé à Chamborigaud ? Comment un pont de cette envergure, soutien d'une route départementale, a pu rendre l'âme aussi soudainement ?

Du côté du département, en charge de l'entretien et de la réparation des ponts, c'est pour l'instant l'étonnement. Car apparemment, l'édifice ne présentait aucun signe avant-coureur de fragilité.

Il avait été classé parmi les 77 ponts du Gard en "très bon état" à la suite d'une visite d'ouvrage réalisée en juin 2022 par les agents de voirie, explique Raoul Gerasse, chef du service routes au Conseil départemental.

Sur les 3200 ponts du département, entre 35 et 50 sont réparés chaque année et celui de Chamborigaud n'en faisait pas partie.  

Raoul Gerasse, chef du service routes au Conseil départemental

La piste des intempéries

Impossible, pour l'heure, de connaître la cause de l'effondrement. Parmi les personnes que nous avons interrogées, chacun y va pour l'instant de sa théorie.

Les dernières intempéries pourraient avoir fragilisé l'ouvrage. 300 mm d'eau sont tombés sur les Cévennes le week-end du 9 et 10 mars. Un épisode aux conséquences meurtrières dans le département.

À Chamborigaud, le Luech est monté de 4 mètres. Le cours d'eau en régime torrentiel aurait pu infiltrer les cavités sous le pont, endommageant ses fondations sans que cela ne soit visible. "Cela expliquerait que l'on n’ait rien remarqué depuis les intempéries et que le pont se soit effondré dix jours après", commente Raoul Gerasse.

Camions de bois

Rien à voir avec les dernières crues, selon d'autres avis. Ce matin, un technicien rapporte par exemple au maire du village Émile Corbier que le schiste sur lequel les piles du pont reposent est en train de pourrir. Ce qui expliquait l'effondrement de l'ouvrage par son socle.

L'élu avance une dernière hypothèse : la fréquence accrue de passage des camions de bois sur l'édifice, dont les remorques sont "très longues" et pèsent "bien souvent plus de 4 tonnes". 

Le département a ouvert une enquête mardi pour déterminer les causes de l'accident.

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