On se fait un resto, ce soir ? Depuis ce mardi 2 juin, on peut enfin répondre par l'affirmative ! A Gallargues-le-Montueux, gros village du Gard situé à mi chemin entre Nîmes et Montpellier, les six restaurants ont survécu à la crise du coronavirus et espèrent retrouver leur clients.
Ce mardi matin, c'est le bar du village qui a rouvert ses portes le premier. Cette institution gallarguoise a servi ses premiers cafés avant 7 heures et proposait déjà quelques plats en terrasse ce mardi midi.
Rachel la nouvelle serveuse, est ravie de pourvoir accueillir les gens. Elle plaisante tout sourire sous son masque chirurgical :
C'est pas facile de travailler avec cela sur le visage, on essaye de respirer !
Devant le bar, à l'intérieur, des bouts de scotch jaune délimitent l'espace entre deux tabourets hauts. Le nouveau patron stresse un peu à l'idée de voir arriver des groupes pour prendre l'apéritif, car la consommation debout est interdite jusqu'à nouvel ordre dans les bars.L'apéro, c'est debout au comptoir !
"Ici, tout le monde à l'habitude de boire son apéro debout, au comptoir, coude à coude. Je ne sais pas comment on va faire pour leur expliquer que ce n'est pas possible pour le moment. On a mis des tonneaux dehors sur la terrasse, parce que les habitués, personne ne les fera s'asseoir !"
Reprise en pente douce à l'heure du déjeuner
A la terrasse du bar de la Renaissance, les clients ne se bousculent pas en ce jour de reprise. Deux ou trois tables à peine étaient occupées à l'heure du déjeuner.Même tranquillité en face, de l'autre côté de la place du village, à L'Orchidéa. Julien Duquesnoy a repris l'établissement en 2015 et aujourd'hui il a décidé de mettre les bouchées doubles en ouvrant non stop, du petit dej au dîner, en passant par le snack à toute heure et l'after work...
Bref, il compte bien utiliser tous les créneaux possibles pour tenter de rattraper l'argent perdu pendant les deux mois et demi de fermeture obligatoire.
Si l'été se passe mal, on est cuit ! Si on reprend une épidémie du même genre que le coronavirus, pour nous, ce sera la guillotine.
Locataire des lieux, le jeune chef doit débourser 3000 euros mensuels pour payer le loyer et il affirme franchement ne pas être serein du tout.
En larmes, le samedi de la fermeture
Le samedi 14 mars, lorsque Sandrine et Ludovic Giraud ont dû fermer leur restaurant comme tout le monde avec les réfrigérateurs pleins, la patronne a fondu en larmes à la fin du service.C'est un fournisseur qui nous a apprit la mauvaise nouvelle. On ne savait pas du tout où on allait, ni ce qu'on allait devenir. Le premier mois de fermeture a été difficile psychologiquement.
Aujourd'hui, Sandrine a retrouvé sa sérénité, elle nettoie sa terrasse tranquillement. Avec son mari Ludovic, ils ont décidé d'attendre encore une semaine malgré l'insistance de leurs habitués avant de rouvir leurs portes.
"On préférait être sûr que ça reparte mais également que nos fournisseurs soient prêts, eux aussi" explique Ludovic.
Humainement, ces longues semaines de confinement ont été un peu étranges pour ces professionnels.
Au bout de 34 ans de métier, ne pas travailler le soir, ça fait bizarre !
Sur le plan financier, le chef de ce resto spécialisé dans la viande au feu de bois reconnaît que les mesures gouvernementales ont été très utiles. Sa banque a aussi joué le jeu, en acceptant de reporter gratuitement les crédits.
Néanmoins, malgré tout, notre niveau de vie a été divisé par deux. Si on avait pas eu de l'expérience professionnelle et de l'argent de côté, on était mort !
Déjà complet pour dimanche
Un peu plus loin, dans la même rue du village, l'hôtel-restaurant O'banel attend le client. Né il ya à peine un an, ce nouvel établissement mise sur le haut de gamme et travaille beaucoup avec les entreprises du secteur.
Guillaume Laurençon, le chef de cuisine, n'est pas angoissé. Sa première saison s'est très bien passée, il affiche sa confiance en l'avenir, même si la reprise se fait en douceur avec seulement deux personnes pour assurer le service dans la grande terrasse et autour de la piscine.
On a déjà 20 couverts réservés pour ce mardi soir et on est quasi complet pour dimanche, jour de la fête des mères.
Quant à la terrasse, elle n'a pas changé d'allure, les tables étant dès le départ plutôt espacées.
Que le ciel soit avec nous
A la Croq'au Sel aussi on attendait les convives de pied ferme ce mardi midi. Cet autre restaurant de Gallargues lui, a dû réaménager sa terrasse ombragée dans le coeur du village.Suivant les recommandations du Haut Conseil de la santé publique, le gouvernement n'a finalement pas retenu la piste d'un espace obligatoire de quatre mètres carrés par convive, ce qui aurait été très compliqué pour les restaurateurs de ce village gardois.
Ils doivent quand même respecter des règles sanitaires assez strictes : 10 personnes maximum par table et un mètre au moins entre les groupes.
Pour respecter ces nouvelles normes de sécurité sanitaire, une dizaine de couverts a donc disparu sur la terrasse du plus ancien restaurant de Gallargues.
Ici, le patron est chez lui et n'a pas de loyer à payer. S'il s'inquiète, c'est un peu à cause de la météo qui annonce de la pluie pour jeudi et surtout pour le dimanche de la fête des mères.
La demande de pizzas explose pendant le confinement
Le sixième resto du village, c'est une pizzeria, fermée pour cause de repos hebdomadaire ce mardi. La Storia Importante a ouvert ses portes voilà deux ans, et comme les autres restaurants de Gallargues, elle connaît un franc succès.Géré par deux patrons, ce restaurant italien a rouvert avant les autres grâce aux pizzas à emporter. Les week-end furent particulièrement denses avec des listes d'attente jusqu' à plus de 22 heures, le samedi soir.
O'BPM, le fast-food local spécialisé dans les burgers et les pizzas, a également été régulièrement dévalisé pendant les week-end et fut très sollicité lors le confinement, car ses responsables avaient fait l'effort de livrer les consommateurs à domicile. Sa terrasse était plutôt remplie en ce jour de reprise.
A Gallargues-le-Montueux où le niveau de vie est assez élevé par rapport à la moyenne gardoise, les restaurants semblent donc avoir de beaux jours devant eux.
Pour le moment, au royaume de la restauration, personne n'est resté sur le carreau.