TEMOIGNAGE. Mia, 19 ans, tabassée par trois hommes à Nîmes: "Il ne faut pas avoir honte, il faut parler !"

Mia a décidé de briser le silence. "Ce n'est pas à nous d'avoir honte ! " La jeune femme, tabassée par trois hommes la semaine dernière à Nîmes, a décidé de témoigner. Une semaine après son agression, "ça va un peu mieux, il faut essayer de garder le sourire mais des fois, je craque".

Elle se promenait avec son chien dans le quartier de La Placette à Nîmes mercredi matin 12 août. "J'ai croisé trois hommes. un m'a dit "t'es bonne", je n'ai rien dit puis je me suis fait traiter de "sale pute", j'ai répondu et c'est là que tout a commencé". "J’ai senti un bras m’attraper puis un coup de poing, deux trois puis je tombe une première fois. Je me relève on me rejette au sol. Un homme pose son pied sur mon thorax puis enchaîne les coups de poing au visage pour finir par une série de coups de pied jusqu’à que je tombe inconsciente. Je me réveille quelque minutes plus tard toujours sur ce trottoir mais plus personne à côté de moi juste mon chien qui attendait sagement".

Un homme pose son pied sur mon thorax puis enchaîne les coups de poing au visage pour finir par une série de coups de pied jusqu’à que je tombe inconsciente

Résultats: de nombreux hématomes, deux côtes félées, une compression du foie. Après un long passage à l'hôpital, elle va porter plainte au commissariat: "ils ont été gentils". L'enquête est confiée à la sûreté départementale. 
 

Il faut porter plainte, il faut en parler

La jeune femme a tenu à témoigner sur son compte instagram. "Je ne fais pas cette vidéo pour me faire plaindre, ou que l'on ait de l'empathie. Non, mais pour donner du courage aux femmes. Ce n'est pas à nous d'avoir honte. Je me suis fait frapper, j'ai eu honte et j'ai été humiliée mais c'est à nos agresseurs, nos violeurs d'avoir honte, il faut se battre contre cela. Il faut porter plainte, il faut en parler. On le voit partout autour de nous mais quand ça nous arrive, ça nous change notre vie à tout jamais. C’est quelques chose d’anormal en 2020. Cela ne devrait pas exister."

Jusqu'à 5 ans d'emprisonnement

Des propos soutenus par l'association Nous Toutes, créée au moment du mouvement MeToo: "La honte doit absolument changer de camp. Et les filles doivent savoir qu'elles ne sont pas toutes seules," explique Marie-Noëlle Lanuit, fondatrice Nous Toutes 34. Suite au Grenelle contre les violences conjugales, la loi du 3 août 2018 punit l'outrage sexiste d’une amende allant de 90 à 750 € (voire davantage en cas de circonstances aggravantes ou récidive) le fait " d’imposer à une personne tout propos ou comportement à connotation sexuelle ou sexiste qui soit porte atteinte à sa dignité en raison de son caractère dégradant ou humiliant, soit crée à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante ".

Mais ici, les faits sont encore plus grave. "Dans le cadre de violences en réunion, les prévenus encourent jusqu'à 5 ans d'emprisonnement", précise Eric Maurel, procureur de la République de Nîmes.

Attouchements

Nous avons rencontré Mya, une semaine après son agression. "ça va un peu mieux, on fait avec. J'ai toujours deux côtes félées. Il faut essayer de garder le sourire mais des fois, je craque". La jeune femme de 19 ans porte un foulard: "je perds mes cheveux depuis l'agression à cause du stress. J'ai aussi perdu 6 kilos car j'ai du mal à manger, j'ai reçu des coups de pied dans le foie. J'ai beaucoup vomi". Lors de son agresssion, elle a également été victime d'attouchements. 

De nombreuses femmes me disent: "j'ai vécu la même histoire"

Mya

Mya récupère peu à peu. "Je suis très bien entourée avec mon compagnon et des amis très proches qui veillent 24h/24 sur moi". Son témoignage vidéo a connu un retentissement national. Les médias s'intéressent à son histoire. Elle reçoit de très nombreux témoignages de la France entière. " De nombreuses femmes me disent: "j'ai vécu la même histoire". Sans le vouloir, en acceptant de témoigner en se montrant comme elle l'a fait, la jeune femme tient le rôle de porte-parole face à ces violences faites aux femmes. En continuant une semaine après à marteler le même message: " il faut en parler. Plus on parlera de ces violences, plus on pourra faire bouger les choses". 

Les auteurs de cette agression n'ont toujours pas été identifiés à ce jour. 
 

Une pétition pour plus de sécurité

Une pétition a été créée pour dénoncer les violences et réclamer une ville plus sûre: "au nom de toutes les femmes de la ville de Nîmes qui ne se sentent pas en sécurité mais aussi au nom de tous ses citoyens, nous demandons aux élus de notre ville d'agir pour que nous puissions tout.e.s nous sentir en sécurité dans cette si charmante petite ville du sud". Change.org. Mercredi 19 août, à 16h, plus de 4000 personnes avaient déjà signé cette pétition.


 
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