Les infirmiers et aides-soignants des urgences adultes de l'hôpital Purpan à Toulouse se sont massivement mobilisés ce lundi 13 juin. Ils sont en grève pour la deuxième fois en une semaine et demandent de nouvelles embauches au sein du service.
Devant l’hôpital Purpan, à Toulouse, ils sont une trentaine d’infirmiers et d’aides-soignants des urgences à s’être regroupés ce lundi après-midi. Ce 13 juin 2022, ils sont en grève, excédés par leurs conditions de travail qui mettent la vie des patients en danger selon eux. "Aujourd’hui, si on ne fait rien, si on n’embauche pas, il va y avoir des morts aux urgences" affirme Pauline Salingue, secrétaire du CHSCT de l’hôpital Purpan et syndiquée à la CGT.
Il faut sortir de cette logique de faire de l’argent sur la santé des gens.
Pauline SalingueSecrétaire CGT du CHSCT de l'hôpital Purpan
Les urgences non vitales plus admises ce lundi soir
La grève a commencé à 7 heures ce lundi et doit durer 24 heures. Elle fait suite à une autre journée de mobilisation le 7 juin dernier et est très suivie : plus de 90% de grévistes dans le service selon les syndicats.
Conséquence : à partir de 18 heures, seuls les patients en situation d’urgence vitale seront admis aux urgences adultes de l’hôpital Purpan. Les autres devront se diriger vers leur médecin traitant, une clinique privée ou une maison médicale de garde.
"Cette situation est uniquement de la responsabilité de la direction" martèle Pauline Salingue. Les grévistes reprochent aux dirigeants du CHU de ne pas écouter leurs alertes quant au manque de personnel pour prendre en charge correctement les patients.
"Sous pression en permanence"
"On est sous pression en permanence" explique Matthieu, infirmier aux urgences de l’hôpital depuis 8 ans.
On accueille trop de patients par rapport à ce qui a été prévu en construisant le bâtiment, on doit les mettre dans le couloir, et en plus on est en sous-effectif.
MathieuInfirmier aux urgences de l'hôpital Purpan, en grève
Le soignant détaille : 15 infirmiers et 9 aides-soignants travaillent aux urgences par tranche de 12 heures. Ils doivent accueillir et prendre en charge entre 250 et 300 patients par jour, en moyenne.
"Comment peut-on s’occuper de la même façon de 10 patients en même temps, et de 25 ?" s’interroge-t-il. A côté de lui, sa collègue Elodie, infirmière elle aussi, abonde dans son sens :
Quand je dois gérer 25 patients en même temps, je ne sais plus qui est qui, ni qui souffre de quoi.
ElodieInfirmière aux urgences de l'hôpital Purpan, en grève
La jeune femme va même plus loin, et affirme que "la prise en charge des patients n’est jamais faite dans de bonnes conditions en ce qui concerne les urgences non vitales."
Face à ce constat, les grévistes demandent donc le recrutement de 3 infirmiers et 3 aides-soignants supplémentaires par jour. "Nous avons les mêmes revendications depuis trois ans, raconte Elodie. Ce n’est pas déraisonnable ! D’autant plus que depuis le Covid, la situation a empiré."
La direction a activé le plan blanc
Du côté de la direction de l’hôpital, le plan blanc a été activé pour la journée. Des soignants retraités ont notamment été appelés en renfort. Si la méthode fait bondir les syndicats, comme Pauline Salingue de la CGT qui fulmine : "Activer un plan blanc pour une grève, qu’est-ce que c’est que cette histoire ?", elle inquiète aussi les soignants. Ils dénoncent une pratique dangereuse pour la santé des patients.
Quand vous êtes infirmier retraité, que vous n’avez jamais travaillé aux urgences et que vous ne connaissez pas le service, vous comprenez bien que c’est dangereux pour les patients.
Un soignant gréviste des urgences de l'hôpital Purpan
"Pas de mise en danger" des patients selon la cheffe de service
Au sein des urgences, la cheffe du service "regrette" la grève. Sandrine Charpentier encadre les urgences des hôpitaux de Purpan et Rangueil. Elle nie le constat fait par les soignants sur la qualité de le la prise en charge des malades à Purpan.
Il n’y a pas de mise en danger de la vie des patients dans notre service.
Sandrine CharpentierCheffe de service des urgences du CHU de Toulouse
La médecin affirme que la situation n’est pas pire dans l’établissement qu’ailleurs, même si elle reconnait que "les conditions de travail des urgences sont difficiles au niveau national."
Les grévistes, eux, n’excluent pas d’organiser une nouvelle journée de grève, si leurs revendications ne sont toujours pas entendues.