Un linguiste a publié un "Atlas du Français de nos Régions" dans lequel il établit une vraie carte de France de l'usage des termes pain aux chocolat et chocolatine pour désigner la viennoiserie. Instructif. 1ère mise en ligne le 24 octobre 2017.
Le mot chocolatine est apparu au milieu du XIXe siècle grâce à un certain August Zang qui importe la baguette en France. De Vienne, l'Autrichien apporte également le croissant et une version au chocolat...
C'est au terme d'un sondage basé sur les réponses de plusieurs milliers de Français que Mathieu Avanzi, linguiste et spécialiste des français régionaux à l'université catholique de Louvain, a publié l'Atlas du Français de nos Régions dans lequel il établit une carte de France précise de l'utilisation des termes chocolatine et pain au chocolat, désignant la même viennoiserie.
Mathieu Avanzi et son équipe de linguistes vont même plus loin puisqu'ils isolent également les termes "couque au chocolat" (Ardennes), "petit pain au chocolat" (Hauts-de-France et Grand Est) et "croissant au chocolat" (Grand Est) comme il l'explique dans l'article qu'il vient de publier à ce sujet.
De cette carte précise (voir ci-dessous) ressort un constat qui va faire mal dans le sud-ouest : la victoire écrasante de "pain au chocolat" sur "chocolatine".
Depuis quelques années, le terme chocolatine est régulièrement utilisé, notamment grâce aux réseaux sociaux, et fortement médiatisé :
- le site satirique Le Gorafi a lancé une fausse info en 2013 selon laquelle une boulangère toulousaine avait abattu un client parce qu'il lui avait demandé un pain au chocolat.
- au moment de rebaptiser les nouvelles régions, des internautes avaient proposé d'appeler la future Occitanie du doux nom de "Chocolatinie".
- des lycéens de Montauban ont écrit début 2017 au Président de la République pour faire entrer le terme chocolatine dans le dictionnaire.
- le Stade Toulousain avait joué de cette guéguerre lors du match contre le Stade Français.
- il existe même un comité de défense de la chocolatine sur facebook.
Cette bataille médiatique a, selon les linguistes, eu pour effet de faire connaître le terme chocolatine dans les régions où il n'est absolument pas usité. Pour autant, sa zone d'influence reste tout de même limitée au grand sud-ouest, de La Rochelle à Carcassonne en passant par Bordeaux, Toulouse et Bayonne.
Scientifiquement, chocolatine a perdu une bataille mais n'a pas perdu la guerre.