Anne-Laure Arruebo fait partie des victimes des attentats du 13 novembre. Depuis 8 ans, son père se rend chaque année à Paris pour la cérémonie d’hommage à ceux qui ont perdu la vie ce jour-là.
Elle vivait à Paris depuis une dizaine d’années. Agent des douanes, Anne-Laure, 36 ans, était l’ainée d’une fratrie de 3 sœurs. Le 13 novembre 2015, en sortant d’un cours de couture, elle rejoint une amie et collègue, Cécile, à la terrasse de La Belle Equipe. Toutes deux y perdront la vie. Reportage France 3 Occitanie : Marie Martin, Elsa Leroy et Claire Bénétreau.
Faire vivre le souvenir d’Anne-Laure
8 ans ont passé depuis les attentats du 13 novembre. Le souvenir de la jeune femme reste bien vivant pour ses proches. “Il y a toujours une tristesse, latente et permanente”, témoigne son père, Jean-Bernard Arruebo. “Mais c’est très important pour nous de parler d’elle, de continuer à la faire exister. Nous la faisons exister en parlant avec ses amis, en se remémorant des souvenirs de famille.”
Née à Perpignan, Anne-Laure a grandi à Quint-Fonsegrives, près de Toulouse. Une allée et la médiathèque de la commune portent aujourd’hui son nom. Ses parents vivent toujours là-bas et travaillent à entretenir la mémoire de la jeune femme. “Nous sommes en contact avec les parents de Cécile, avec les amis d’Anne-Laure mais aussi avec beaucoup de familles de victimes ou de victimes rescapées”, précise Jean-Bernard Arruebo, aujourd’hui membre de l’association “13onze15 Fraternité et Vérité”. “Pour nous, parents de victime, les choses sont passées. Nous n’étions pas là et nous avons subi les conséquences des évènements. Mais pour les victimes rescapées, c’est différent. Leur point commun c’est la culpabilité : pourquoi m’en suis-je tirée ?”
Des questions sans réponse
Les parents d’Anne-Laure étaient présents au procès. Son père a témoigné. Un moment long, éprouvant mais indispensable. “Nous avons eu la justice”, explique-t-il. “Mais ceux qui ont été jugés, ce sont les exécutants ou les commanditaires. Quelque part pour nous, reste une attente, c’est la responsabilité de l’Etat dans ces événements.”
Pour ma femme et moi, il nous semble que l’Etat français devrait assumer ses responsabilités. Qu’est ce qui n’a pas été fait pour que ces attentats se produisent sans difficultés particulières ?
Jean-Bernard Arruebo, père d'Anne-Laure Arruebo, victime des attentats du 13 novembre
Une question qui demeure sans réponse.
À celle-ci, s’ajoute une autre interrogation, celle du retour de Salah Abdeslam en France. L’un des coauteurs de ces attaques a été envoyé en Belgique pour y être jugé suite aux attentats de Bruxelles. Condamné à la perpétuité incompressible en France, ses avocats ont déposé un référé devant la cour d’appel de Bruxelles. Le djihadiste pourrait ne jamais rentrer en France. “Si notre gouvernement est respectueux à notre égard, il doit tout faire pour que la justice française s’applique et que Salah Abdeslam regagne les prisons françaises pour subir sa peine”, ajoute Jean-Bernard Arruebo.
Ce 13 novembre, comme tous les ans, il sera avec sa femme à Paris en face de La Belle Équipe pour une cérémonie commémorative. “Pour nous c’est très important d’être présent sur les lieux, mais nous n’avons jamais pu rentrer à l’intérieur du café La Belle équipe car c’est trop pour nous, c’est trop fort”, confie-t-il.