TEMOIGNAGE. Anniversaire explosion AZF : 10h17, 21 septembre 2001, le courage de Stéphane, élève au lycée Gallieni

Souvenez-vous, c’était il y a 20 ans. 21 septembre 2001 à Toulouse, l’explosion du hangar 221 de l’usine AZF fait 31 morts et des milliers de blessés. Elève au Lycée Gallieni, Stéphane Desmeules a 16 ans. Il a tout vu, tout entendu et se souvient...

Ils sont ouvriers, professeurs, commerçants, à la retraite, médecins, pompiers, élus. Ils ont tous les âges. Ils sont Toulousains. Le 21 septembre 2001, à 10h17, ils ont vécu l'explosion d’AZF. "Impression de chaos". "C’était l’horreur, la guerre…". Tous ont été marqués, choqués. Qu'ils soient indemnes ou blessés, sinistrés ou dans le deuil. 20 ans plus tard, Stéphane Desmeules, élève au lycée professionnel Gallieni nous raconte.

"Je ne pensais pas rouvrir les yeux"

La scène est gravée dans sa mémoire. "C'était un mercredi matin, à la fin de la récréation, on finissait notre cigarette et on était en train de regagner l'atelier, où on avait cours de mécanique", raconte Stéphane Desmeules. Le lycéen est un peu à la traine, embête un camarade de classe qui est en train de monter une roue sur un camion. Il lui prend en cachette un écrou, s'amuse avec et le fait tomber. "Au moment où je me baisse pour ramasser l'écrou, je ne sais pas pourquoi, j'ai relevé les yeux".

J'ai vu l'explosion. J'ai vu une onde de choc, comme une demi sphère grisâtre se répandre d'un coup et grossir. J'ai essayé de m'accroupir en me bouchant les oreilles et j'ai été soufflé par l'explosion.

Stéphane Desmeules

Allongé par terre, l'adolescent tente de reprendre ses esprits. Il ne sait pas ce qui s'est passé, "mais j'arrive à le localiser".

Toulousain de naissance, j'ai mon beau-père qui m'a toujours parlé d'AZF, de cet endroit-là, en me disant que c'est une zone sensible. Une bombe à retardement. (...) Lorsque je vois que l'épicentre de l'explosion vient de là-bas, je ne vous cache pas que je ne pensais pas rouvrir les yeux.

Avec quelques camarades, Stéphane Desmeules se met à l'abri. "Il y a des projectiles qui retombaient. On avait l'impression d'être bombardés". Le lycée a été soufflé par l'explosion de l'usine AZF toute proche. Un lycéen fait partie des victimes, il a reçu un morceau de tôle sur la tête. 

Stéphane Desmeules aide ensuite à rassembler les élèves. Ils sortent du lycée, "et là on avait deux options : soit on partait en direction de l'usine soit on partait à l'opposé. On est partis à l'opposé."

L'appel à l'aide du directeur de l'école maternelle voisine

Ensuite, le lycéen croise le responsable de l'école maternelle des Oustalous, "qui nous a demandé de venir lui prêter main forte". Plus une vitre de l'établissement n'est debout. "Il y a beaucoup de bruit, des gens qui parlent fort, car c'est la panique générale".

Beaucoup d'enfants étaient en pleurs, donc on essayait de les calmer. Chacun de nous a pris en charge un petit groupe d'enfants et on a marché en direction du rond point de la Croix de Pierre car on avait entendu dire qu'ils installaient là-bas un P.C de crise. J'avais une petite fille dans les bras qui était bléssée au front. Je la tenais et je l'empêchais de toucher sa plaie.

Stéphane Desmeules

Le P.C de crise est vite saturé. Il entend que les secours ont du mal à arriver, et va filtrer les véhicules pour faciliter la circulation.

Entre nous, il y a un lien particulier

Les premières années après la catastrophe, c'est douloureux. Durant plusieurs années, on a peur de l'orage, même quand on a 16 ou 17 ans. Durant plusieurs années, on a peur d'une porte qui claque, c'est un réflexe. Mais petit à petit, ça se remet en ordre. Il y a toujours de l'émotion, surtout quand on recroise des camarades de l'époque. Entre nous, il y a un lien particulier.

Stéphane Desmeules

20 ans plus tard, Stéphane Desmeules ne s'explique toujours pas son courage et son sang-froid. "J'ai fait ce qui me semblait à faire", dit-il humblement. Stéphane Desmeules a reçu l'ordre national du mérite des mineurs.

 

Retrouvez l'ensemble des témoignages recueillis pour la série anniversaire : il était 10h17, les 20 ans de l'explosion de l'usine AZF.

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