Témoignage. "Je sais ce qu'il a fait. Il y a deux victimes" l'indignation d'une étudiante en médecine face à la réintégration d'un interne condamné pour agressions sexuelles

Publié le Écrit par Karine Pellat

Elle est aujourd'hui étudiante en médecine à Toulouse et a fréquenté les bancs de la faculté de Tours en même temps que Nicolas W., l'étudiant condamné pour agressions sexuelles. Elle ne comprend pas qu'il puisse continuer à côtoyer des étudiantes et des patientes.

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Sa voix est douce, mais elle semble déterminée. Quand elle a vu le nom sur la liste des affectations pour l'internat de médecine, elle n'y a pas cru. Mais c'est bien Nicolas W., 26 ans, qui est attendu le 4 novembre, au service radiologie de l'hôpital Purpan pour commencer son internat. Une phase de spécialisation et de professionnalisation de l'étudiant en médecine d'une durée de 3 à 6 ans en fonction de la spécialité suivie.

"Quand je l'ai vu, j'ai compris que c'était réel"

Si le nom de cet étudiant l'étonne, c'est qu'il a été condamné à cinq ans de prison pour agressions sexuelles par le tribunal de Tours pour des faits commis entre 2017 et 2020. Le parquet de Tours a fait appel de la première condamnation de Nicolas W.. Le jeune homme de 26 ans sera rejugé au début de l'année 2025. À cette époque, elle aussi est étudiante en médecine, dans la même université.

Les classements et les choix de spécialité, les conduisent tous les deux à Toulouse en cette rentrée 2024.

Julie, elle a choisi un prénom d'emprunt, n'y croit pas vraiment. Il lui semble impossible qu'un étudiant condamné pour des agressions sexuelles qu'il a reconnues puisse poursuivre son cursus normalement. Jusqu'à ce qu'elle le croise à la journée d'intégration.

Quand j'ai vu son nom, je n'y ai pas cru, mais quand je l'ai vu, en vrai, à la journée d'intégration, là, ça devenait réel. Un vrai choc ! Son visage, je le connais. Donc c'était bien vrai !

Julie, étudiante en médecine

Si Nicolas est présent à la journée d'intégration, il n'est pas venu aux soirées étudiantes qui ont suivi. Mais pour Julie, c'est déjà trop. "Je le vois rigoler avec les autres étudiants comme si de rien n'était, mais moi, je sais ce qu'il a fait. Il y a quand même deux victimes."

Les agressions sont révélées en juillet 2020. À cette époque, Julie côtoie une des deux victimes, qui ne souhaite plus parler de cette affaire aujourd'hui. Elle nous confie juste que malgré cette épreuve, la jeune femme se reconstruit. Quatre ans après les faits, "ça commence à aller mieux".

"Comment peut-on être condamné pour viol et devenir médecin ?"

Julie ne décolère pas. Elle trouve scandaleux que malgré sa condamnation en correctionnelle, il puisse être au contact de patients et de patientes. Pour elle, il représente un vrai danger.

Il va pouvoir examiner des patientes. Il va pouvoir toucher des corps ! Il va avoir accès à des informations… ça ne me paraît pas possible. Un médecin, c'est quelqu'un en qui on doit avoir confiance !

Julie, étudiante en médecine

Elle précise que l'étudiant, bientôt interne, cache très bien son jeu…

À lire : Étudiant de médecine condamné pour agression sexuelle : une procédure disciplinaire ouverte à la demande du Ministère de l’Enseignement Supérieur

Un étudiant extraverti

C'est dans les années 2019/2020 que Julie croise Nicolas W. Elle décrit un étudiant très sociable. À l'époque, tout le monde le remarque. Il est bruyant, extraverti. C'est un "meneur" de la vie étudiante, plutôt apprécié. Un "faluchard", un membre de la confrérie étudiante de la Faluche, réputée pour ses beuveries et ses soirées délurées.

D'abord sonnée de retrouver cet étudiant condamné à l'université Paul Sabatier, Julie tente aujourd'hui d'alerter les autres étudiants. Et peut-être éviter d'autres violences, d'autres agressions. C'est en tout ce qu'elle espère.

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