C'est un scandale sanitaire hors norme. Le groupe pharmaceutique Servier, déjà condamné en 2019, est jugé une nouvelle fois à partir du lundi 9 janvier 2023. A cette occasion, Martine Châtaignier, victime du Médiator et vivant près de Toulouse, témoigne.
Le procès en appel contre les laboratoires Servier s'ouvre lundi 9 janvier 2023 à Paris, deux ans après leur condamnation à 2,7 millions d'euros pour tromperie aggravée et homicide involontaire.
Le groupe pharmaceutique Servier a commercialisé pendant des années le Médiator, ce médicament, qui provoquait de graves lésions des valves cardiaques, valvulopathies, et de l’hypertension artérielle pulmonaire, une pathologie rare et mortelle.
Des milliers de victimes
Au cours du 1er procès, en 2019, le chiffre de 6 500 victimes avait été avancé. Mais il semblerait que de nombreuses victimes s'ignorent. Officiellement, 1 300 personnes sont mortes pour avoir pris du Médiator, un médicament contre le diabète mais détourné en coupe faim.
En 2008, Martine Châtaignier se voit prescrire du Médiator en raison d'un état prédiabétique. A l'époque, installée au nord est de Toulouse (Haute-Garonne), elle travaille dans le paramédical et ne prend aucun médicament à la légère. Elle sera vite rassurée par le spécialiste qui lui prescrit ce médicament.
Mais très vite, son état de santé se détériore et on lui diagnostique une insuffisance cardiaque. Elle stoppe le traitement et stabilise la maladie. Mais les dégâts sont irréversibles. Quelques mois après, en 2009, la vente du médicament est interdite. A ce moment là, 300 000 personnes en consomment tous les jours.
Une espérance de vie limitée
Quand elle parle du Médiator, Martine est très émue. Elle garde précieusement sa dernière boite de médicament, telle une pièce à conviction, comme si elle n'était pas encore prête à tourner la page.
Un jour, je mettrai tout ça à la poubelle...
Martine Chataignier, victime du médiator
En attendant ce jour, cette jeune grand-mère de 65 ans essaie de profiter au maximum de sa famille.
J'imprime ma marque auprès de mes petites-filles parce que je ne les verrais pas grandir. Pas très longtemps. Je veux qu'elles aient le souvenir d'une femme qui se bat.
Martine Châtaignier, victime du Médiator
Martine estime avoir été empoisonnée par les laboratoires Servier, mais elle reste forte.
Après 15 années de souffrances, de doutes et de combat judiciaire, elle a obtenu 450 000 euros de dédommagement au civil. Une somme qui lui permet d'améliorer un quotidien chamboulé par la maladie.
Aujourd'hui, pour elle, l'affaire est close. Mais elle suivra ce procès en appel avec attention.