Lourdes : fin de l'histoire pour les 71 salariés de l'entreprise Toupnot

C'est une nouvelle étape dans le combat des salariés de l'usine Toupnot de Lourdes pour préserver leur emploi. Le tribunal administratif de Lourdes vient de rejeter leur recours pour faire annuler le plan social. Leurs 71 postes vont être supprimés.

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Ils n'ont pas cessé de se battre depuis l'incendie de leur usine, en janvier 2019. Les salariés de l'entreprise Toupnot, basée à Lourdes et spécialisée dans les conserves de viandes, type Corned beef, ont tout fait pour que l'activité redémarre. Sans succès. Le tribunal administratif de Pau vient de rejeter leur recours pour contester certains points du plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) signé le 4 mars et validé par la direction du travail (DIRRECTE) le 31 mars 2020. La cessation totale de l'activité sur le site est actée. Et avec elle, la suppression de la totalité des 71 emplois de l'usine.

Une entreprise familiale rachetée en 2015

L'entreprise familiale Toupnot a été créée à Lourdes en 1932. Restée dans le giron de la famille Toupnot pendant 83 ans, elle produisait jusqu'à 15 000 tonnes de conserves par an. Longtemps troisième producteur mondial de corned beef, elle est vendue en 2015 et est aujourd'hui la propriété du groupe Cofigeo. Ce dernier, a pris le monopole du marché des plats cuisinés après le rachat de William Saurin en 2018. Une situation acceptée alors par le ministre de l'économie Bruno Le Maire, contre l'avis de l'autorité de la concurrence,  "en contrepartie d'un certain nombre d'engagements" rappelle aujourd'hui José Navarro, représentant de l'union départementale CGT des Hautes-Pyrénées. "Cofigeo s'est engagé à ne pas faire de licenciement économique, à préserver l'emploi et à ne pas vendre d'usine". 

Un incendie ravage l'usine

Dans la nuit du 9 au 10 janvier 2019, l'usine de Lourdes est entièrement détruite par un incendie. Immédiatement, les salariés commencent à se battre pour une reprise de l'activité, même partielle. "Mais ils ont vite eu l'impression que les dirigeants avaient la volonté de ne pas reconstruire l'usine" explique José Navarro.
Durant des mois, les salariés de Toupnot multiplient les actions. Ils rencontrent les pouvoirs publics, les élus locaux, écrivent au président de la République, vont au ministère de l'économie... Et reçoivent la promesse qu'une usine-relais verra le jour, qu'un atelier de production va être relancé.Aucune promesse ne sera finalement tenue.
Au fil des mois, les clients sont perdus, la défiance s'installe vis à vis du groupe Cofigeo qui prend finalement la décision de raser l'usine. En novembre 2019, un plan social est annoncé. Les négociations aboutissent à la signature d’un accord majoritaire validé le 31 mars 2020 par la DIRECCTE mais les salariés contestent parallèlement la régularité du processus d'information et de consultation des institutions représentatives du personnel sur la restructuration et les recherches de reclassement menées par leur employeur. Une demande rejetée, donc, par le tribunal administratif de Pau.

En 19 mois de combat, devant les élus, le ministère de l'Economie, les salariés... Ce groupe n'a jamais cessé de mentir.

José Navarro, union départementale CGT des Hautes-Pyrénées

Au bout du compte, souligne José Navarro, "malgré toutes les promesses faites par les dirigeants de Cofigeo aux pouvoirs publics, devant le ministère de l'économie, en préfecture, en Région, ils ont gagné du temps. Et l'argent touché des assurances pour l'incendie, qui devait rester sur le territoire, n'y restera pas. Cofigeo a touché 18 millions d'euros. Le plan social a coûté 6,7 millions d'euros, le reste a été reversé à la holding."

Pour les salariés, il y a un très grand sentiment d'amertume parce que tout le monde leur avait dit qu'on pouvait faire une entreprise relais, relancer la production et sauver des emplois même si on ne les sauverait pas tous. Ils en avaient eu la promesse au ministère de l'Economie. Et au bout du bout, l'Etat n'a pas répondu présent. Il n'a pas su taper du poing sur la table et obliger Cofigeo à tenir ses engagements. 

José Navarro, union départementale CGT des Hautes-Pyrénées

Un recours devant le conseil d'Etat

Si le tribunal administratif de Pau leur a donné tort jeudi 3 septembre 2020, le combat des salariés ne s'arrête pas là. Ils ont décidé de faire appel de sa décision devant le conseil d'Etat. Certains vont aussi saisir le conseil des Prud'hommes, même si "beaucoup d'entre eux, entrés dans une entreprise familiale au fonctionnement familial, n'auraient jamais pensé poursuivre un jour leur patron devant les Prud'hommes".
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