Stations de ski des Pyrénées : “pas encore d'inquiétude" malgré le manque de neige

Faute de neige, des stations de ski pyrénéennes ont été contraintes de fermer au public. La compagnie des Pyrénées, gestionnaire de domaines skiables, se veut optimiste. Elle se diversifie et promeut d’autres activités à la montagne.

Le saviez-vous ? En 2022,  les températures ont été si élevées dans l'Hexagone que les météorologistes considèrent qu’il s’agit de l’année la plus chaude jamais observée sur le territoire. C’est ce qu'ont révélé des spécialistes avant d’entamer la nouvelle année. Pour rappel, il a fait jusqu’à 13°C le samedi 31 décembre. 

Conséquence directe de ces prévisions bien au-dessus des normales de saison : la neige manque à l’appel dans plusieurs départements pyrénéens. La situation est telle que 50% des stations de ski de l’ex Midi-Pyrénées ont dû renoncer à l’accueil de visiteurs pour la saison 2022-2023. “La douceur et les pluies ont conduit à la fermeture de la moitié des pistes”, a notamment expliqué Laurent Reynaud, le délégué général de Domaines skiables de France.

Une impression de déjà-vu

Christine Massoure, directrice générale de la compagnie des Pyrénées, fait le même constat. “Personne sur la montagne pyrénéenne n’est météosceptique. On ne peut pas nier qu’il y a un changement climatique qui peut se traduire par un excès de chaleur comme de froid”.

Je suis assez ancienne dans la profession. Je me souviens de 1998-1999 où il n’y avait pas du tout de neige en hiver. La différence entre aujourd’hui et ces années-là, c’est qu’on sait s’adapter.

Christine Massoure, directrice générale de la compagnie des Pyrénées

Mais selon elle, “cette période de Noël n’a rien d’exceptionnel”. Elle serait même récurrente. “C’est même une situation que l’on vit tous les trois ans à peu près. Si on remonte dans le temps, les années 2011-2012, 2016-2017 et 2018-2019 n’étaient pas très bonnes non plus”. 

“Les emplois des saisonniers vont être protégés” 

Malgré le manque de neige en ce début de saison, les chiffres de remplissage établis par le réseau Nouvelles Pyrénées, société de la compagnie pyrénéenne, sont jugés satisfaisants. N’PY revendique “+35%” de journées de ski consommées à la mi-décembre, comparativement à l’année 2021.  Ayant estimé que l’affluence serait au rendez-vous cette saison, le réseau avait lancé dès le mois de septembre dernier une vaste campagne de recrutement de saisonniers. À l'époque, la direction se félicitait d’avoir “retrouvé un niveau d’embauches semblable à celui d’avant la crise du Covid-19”. 

En l’absence de neige et avec la fermeture des domaines skiables, l’activité risque de diminuer. Mais la compagnie pyrénéenne assure que “les emplois des saisonniers vont être protégés”. “Nos saisonniers ne seront pas en difficulté. Il n’y a pas de risque majeur. Ceux qui ont été recrutés dans des stations qui ont fermé peuvent bénéficier du chômage partiel. Ils ont la garantie de l’embauche et la garantie qu’il n’y aura pas d’incidence sur leurs droits ultérieurs”, assure Christine Massoure. 

À la tête de la compagnie des Pyrénées depuis vingt ans, Christine Massoure reconnaît que certains secteurs sont plus touchés que d’autres par la baisse d’activité. Par exemple, le secteur de la restauration est globalement épargné, puisque “les gens continuent de venir et on sort d’une période de fêtes durant laquelle il y a eu beaucoup de consommation”. A contrario, “certains socioprofessionnels comme les moniteurs de ski ont subi une perte certaine. Seuls ceux qui s’occupent des débutants et qui profitent des températures douces pour s’entraîner ont pu sauver des choses”, détaille Christine Massoure. 

Repenser l’offre en raison du réchauffement climatique

Malgré les difficultés, ces professions semblent être en capacité de s’adapter pour faire face. D’après la compagnie des Pyrénées, “même s’il n’y a pas de neige pour faire du ski, on peut proposer d’autres activités aux clients”. 

Christine Massoure assure que le pic du Midi s’est imposé comme une alternative de sortie à la montagne en l’absence de pistes skiables. Selon l’intéressée, “le site qui a une activité beaucoup plus prisée durant l’été vient d’enregistrer l’une de ses meilleures fréquentations”. “Dans la région, on a aussi les sites du lac de Gaube qui a rouvert ou le lac du pont d’Espagne en altitude. On a aussi de nombreux refuges qui rouvrent”. 

On est conscient qu’on ne peut plus tout miser sur la neige. 

Christine Massoure, directrice générale de la compagnie des Pyrénées

Ces nouvelles activités résolument tournées vers le grand air et la nature doivent permettre au domaine skiable de se renouveler face aux bouleversements climatiques. “Tout ça se met en place et c’est notre façon de préparer l’avenir. On est conscient qu’on ne peut plus tout miser sur la neige. Et ça fait déjà plusieurs années qu’on y réfléchit. Mais on n’a pas encore de solution miracle qui pourrait générer autant d’emplois et de revenus”, reconnaît la directrice.