Affaire Gilles d'Ettore : la ville d'Agde se porte partie civile dans l'épineux dossier de la "voyante", le maire va-t-il démissionner ?

C'est un nouveau rebondissement dans l'incroyable affaire Gilles d'Ettore. Un mois après la mise en examen du maire LR d'Agde pour détournement de fonds publics et son placement en détention provisoire, sa majorité municipale s'est constituée partie civile "pour clarifier la situation". Son premier adjoint lui a aussi écrit en prison pour "connaître ses intentions".

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Une nouvelle étape a été franchie cette semaine dans le volet judiciaire de l'affaire du maire d'Agde et de la voyante Sophia M.

La ville d'Agde veut "clarifier la situation"

Alors que deux protagonistes sont en détention provisoire depuis près d'un mois, et que leurs demandes respectives de remises en liberté ont été rejetées, la municipalité d'Agde vient de se constituer partie civile. C'est Sébastien Frey, premier adjoint au maire, qui a pris la décision en accord avec la majorité municipale.

C'est une situation inédite. Difficile. Il y a un mélange de colère et de déception, mais nous nous devons de faire face. Nous le devons aux Agathois.

Sébastien Frey, premier adjoint au maire d'Agde

Extrait d'une interview Midi Libre 18 avril 2024

La situation est délicate et la collectivité doit continuer à être gérée et dirigée malgré "l'empêchement" du maire.

Sébastien Frey l'affirme : "La majorité travaille et est soudée. C'est ma responsabilité. Nous répondons à toutes les sollicitations de la justice. Par ailleurs, un audit financier a été fait pour couper court aux rumeurs. Nous sommes rassurés, il n'y a rien".

Le maire LR d'Agde, Gilles d'Ettore, a demandé sa remise en liberté après une mise en examen, le 21 mars dernier, pour détournement de fonds, prise illégale d’intérêt et corruption.

Il est finalement maintenu en détention provisoire. Une décision intervenue au lendemain du Conseil municipal de la station balnéaire de l'Hérault qui s'est tenu le 4 avril dernier, dans un climat tendu en son absence.

Un courrier privé au maire envoyé en prison

Par courrier envoyé, jeudi, à Gilles d’Ettore, sa majorité municipale lui demande à demi-mot sa démission. Il s'agit officiellement d'une lettre personnelle afin de "connaître ses intentions sur les fonctions exécutives qu’il est empêché d’exercer". Mais en clair, ses collègues le pressent de se retirer de lui-même pour éviter d'être obligés de prendre des mesures radicales et définitives.

La situation ne peut perdurer sur le long terme.

À LIRE : Gilles d'Ettore en prison : qui va diriger la ville d'Agde et l'agglomération ?

Après 23 ans à la tête d’Agde, Gilles d’Ettore va-t-il démissionner ? Juridiquement, aujourd’hui, rien ne l’y oblige.

Théoriquement, il peut être en prison et rester maire d'Agde et président de la communauté d'agglomération. Personne ne peut l'obliger, tant qu'il n'est pas privé de ses droits civiques. Et cela, seul le juge peut le faire in fine.

Sébastien Denaja, maître de conférences en droit public et conseiller régional PS d'Occitanie

Du côté de l'opposition, on est plus virulent. Certains auraient évoqué une révocation du maire, d'autres demandent de nouvelles élections.

Il y a un silence assourdissant de la majorité municipale qui à mon sens n'a pas pris la mesure de l'événement qui pour notre ville est un véritable tsunami. Pour retrouver un peu d'oxygène, il n'y a que deux solutions : la démission de Gilles d'Ettore, c'est une évidence, puis celle de l'équipe municipale.

Thierry Nadal, conseiller municipal d'opposition (SE) à Agde

Les Agathois réagissent

Sur le port, les réactions sont nombreuses entre incompréhension, dépit et sourires crispés. "S'il s'est fait envoûter par une voyante, c'est désolant, mais au final c'est le contribuable qui paye", soupire un Agathois fataliste.

"La justice va débattre et on verra bien" dit un autre. "Je ne le vois pas revenir et reprendre son poste comme si rien ne s'était passé, c'est totalement impossible", conclut fermement un riverain.

Écrit avec Aurélien Pol.

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