Il y a un peu plus d'un an, des récifs artificiels en béton ont été déposés au large du Cap d'Agde, à proximité des rochers du Fort Brescou. Avec un double objectif : protéger les herbiers de posidonies et l'aire marine alentour en offrant un autre lieu de plongée aux amateurs et encourager les poissons à venir coloniser ces nouveaux espaces.
C’est un village de béton, des blocs dentelés qui multiplient les cavités. Certaines communiquent, d'autres pas, pour proposer un habitat varié, capable de séduire plusieurs espèces de poissons.
Dans l'eau depuis un an, les récifs artificiels sont désormais recouverts de concrétions et entourés de bancs de petits poissons.
Des plongeurs conquis
Les récifs ont été implantés en concertation avec les plongeurs : 5 clubs professionnels et trois amateurs s'organisent pour plonger à tour de rôle et observer les sars, les congres et même les langoustes qui ont pris possession des lieux.
C'est un récif qui est à la fois pédagogique et ludique. Je m'en sers pour apprendre les techniques de plongée à mes élèves et pour observer la faune et la flore.
Grégory Hautier, dirigeant d'un club de plongée à Agde
Le projet, unique au monde par son ampleur, a été mis en place en juillet 2022 au large du Cap d'Agde, près du Fort Brescou. Onze récifs ont été immergés pour protéger l'aire marine d'Agde, en offrant un autre lieu de plongée aux clubs. Mais ils ont été aussi pensés et conçus pour servir d'habitat aux espèces marines. Et ça marche.
Pour Sylvain Blouet, directeur adjoint de l'Aire marine protégée de la côte Agathoise, il y a aussi un autre intérêt, parfaitement rempli par les récifs : protéger le reste de l'aire marine et les fragiles herbiers de posidonies.
Les résultats sont encourageants. Selon Renaud Dupuy de la Grandrive, directeur de l'aire marine, la colonisation des récifs ne fait que commencer.
D'ici trois ans, on aura une colonisation plus importante, en faune et flore fixées, en poissons de roche et en prédateurs de pleine eaux comme les maquereaux et les bonites.
Renaud Dupuy de la Grandrive, directeur aire marine protégée
Le projet Récif Lab
Les blocs de béton ont été fabriqués par la société montpelliéraine Seaboost dans le cadre du projet Récif Lab. Une immense imprimante 3D utilise la technique du feuilletage béton pour dessiner, couche après couche des récifs de plusieurs tonnes. Ils sont capables de résister aux plus grosses tempêtes de Méditerranée.
Dans un premier temps, ces blocs de béton ont servi à remplacer les 32 ancres des bouées jaunes, qui signalent la bande côtière des 300 mètres au large de la commune balnéaire d'Agde. Puis deux autres récifs artificiels ont été immergés à l'avant-port du Cap d'Agde, pour servir à la fois à l'accostage de 16 bateaux et à la protection des fonds marins. Une protection qui se joue à deux niveaux puisque les récifs artificiels évitent aux ancres des bateaux de racler les fonds marins et servent aussi de nichoirs aux espèces marines.
Écrit avec Chloé Fabre et Bertrand Tang.