L'audience se déroulera du 24 au 27 mars 2025 inclus, devant le tribunal correctionnel de Béziers, dand l'Hérault. Un jeune pompier, Jérémy Beier, était mort des suites de ses blessures et trois autres pompiers, qui luttaient avec lui contre un violent incendie, avaient été gravement brûlés en 2016 à Gabian. Cinq officiers du Sdis 34 doivent comparaître.
C'est un procès très attendu par les familles et les victimes. Cinq pompiers de l'Hérault, dont l'ancien numéro 1, Christophe Risdorfer, alors directeur du Sdis de l'Hérault, vont donc comparaître en justice pour "homicide involontaire", après la mort d'un pompier dans un terrible incendie, survenu il y a huit ans, sur un plateau au-dessus de Gabian, petite commune rurale située au nord de Béziers.
Le 10 août 2016 dans l'après-midi, quatre pompiers s'étaient retrouvés piégés dans leur véhicule d'intervention au milieu d'un gigantesque brasier.
Le feu était parti d'un mégot de cigarette jeté dans un fossé, le long de RD 13 à Gabian et le vent soufflait à 15-20 km/h.
Pris au piège dans un camion pas aux normes
En théorie, ils auraient dû être préservés du front des flammes en train de passer sur leur camion-citerne grâce aux systèmes de protection, envoyant de l'eau autour du véhicule pour former une bulle. La cabine était également censée être étanche pour que l'air y soit respirable.
Or, ce jour-là, ces deux systèmes ne fonctionnaient pas. De plus, la radio était hors service.
Les quatre pompiers ont alors tenté de s'échapper du véhicule : tous seront grièvement brûlés, l'un d'entre eux, Jérémy Beier, âgé de 24 ans, succombera des suites de ses brûlures un mois et demi après plus tard.
"La hiérarchie de l'époque leur a reproché d'être sortis du camion, un vieux véhicule datant de 1995 qui n'avait pas été optimisé et qui était mal entretenu. S'ils étaient restés dans le camion, ils seraient morts", affirme aujourd'hui Luc Abratkiewicz, l’avocat de trois des quatre victimes et de leurs familles.
Des dysfonctionnements connus de la hiérarchie
Ces dysfonctionnements avaient déjà été signalés à plusieurs reprises, par des notes écrites dans un cahier : au moins sept fois durant l'été 2016 et la dernière fois, quatre jours à peine avant le drame.
Un mois après les faits, le 9 septembre 2016, les familles des trois pompiers grièvement blessés ont porté plainte contre X "pour blessures involontaires avec circonstances aggravantes".
Une information judiciaire est ouverte depuis lors par le parquet de Béziers. Depuis huit ans, les enquêtes et les rapports d'expertises se sont enchaînés.
Il y a eu beaucoup d'investigations sur le volet technique, d'auditions, d'expertises. Quatre juges d'instruction se sont succédé dans cette affaire où personne n'a fait amende honorable.
Luc Abratkiewicz, avocat de la partie civile
En juin 2024, le tribunal administratif de Montpellier avait condamné le Service d'incendie et de secours de l'Hérault à plus de 877 000 euros de dommages et intérêts.
Selon cette juridiction, "l’accident de service est imputable à des fautes dans l’organisation du service du SDIS", justifiant ainsi l'indemnisation de la part de l'État.
Cette somme doit être versée aux plaignants ou leurs ayants droit par le SDIS, qui a fait appel de cette décision, selon Maitre Abratkiewicz.