A Sérignan, près de Béziers dans l'Hérault, chaque hiver, les viticulteurs doivent inonder leurs vignes pour lutter contre la salinité du sol. Ils perpétuent une technique ancestrale pour se débarrasser de ce redoutable ennemi : le sel de mer, capable de tuer tout un vignoble.
Chaque hiver, les pieds de vignes baignent dans l’eau pendant plusieurs semaines à Sérignan, près de Béziers dans l’Hérault. Cette technique de lessivage des sols est utilisée par les viticulteurs depuis plus d’un siècle.
Destinées dans un premier temps à lutter contre le Phylloxera, -puceron venu des Etats-Unis qui a détruit une grande partie du vignoble français- ces inondations volontaires servent aujourd’hui principalement à diminuer le taux de sel dans les terres des vignobles.
"On fait ça deux ou trois fois par an, quand la rivière le permet en période hivernale. Une partie s’évapore, mais l’eau s’infiltre aussi dans le sol et elle est restituée aux nappes phréatiques", explique César Astruc, dont l’exploitation de 18 hectares s’étend dans la plaine de l'Orb, à quelques kilomètres seulement de la mer.
Le sel : un ennemi mortel qui gagne du terrain
De nombreux viticulteurs installés sur ces terres alluvionnaires doivent submerger leurs vignes avec d’importantes quantités d’eau douce.
Cette lutte contre le sel a un coût non négligeable : seul un tiers de l'eau utilisée est pompée directement dans le fleuve Orb voisin, le reste est acheté au réseau du Bas-Rhône.
"Il faut compter environ 1500 euros pour 4 hectares inondés" souligne Pierre Calmel, le nouveau président de la cave coopérative de Sérignan. L’eau est ensuite évacuée par des fossés qui demandent un drainage régulier.
Il n’y a pas d’autre alternative que l’inondation. Avec la sécheresse, les terres sont de plus en plus salées et tous les ans, on perd du terrain.
La cave coopérative de Sérignan est en train de chercher des solutions avec les services de l’Etat pour empêcher l’eau de mer de remonter dans l’Orb, mais la solution demeure complexe.
Dans cette plaine saline, on produit de 50 000 hectolitres par an sur près de 500 hectares de vignoble.
Cela représente plus de la moitié de la production de la cave coopérative de Sérignan, qui, elle, fait vivre 200 familles.