Le suspect dans l'incendie d'un bâtiment de Courchevel (Savoie) ayant causé la mort de deux saisonniers en janvier 2019, en fuite depuis le printemps 2021, a été interpellé mercredi à Malaga (Espagne), a-t-on appris de source judiciaire.
Le jeune Héraultais de nationalité algérienne soupçonné d'être à l'origine de l'incendie mortel et criminel d'une résidence pour saisonniers de Courchevel en janvier 2019 a été interpellé mercredi 25 janvier à Malaga (Espagne) après deux ans de cavale. Pierre-Yves Michau, le procureur de la République de Chamébry, précise que "la procédure de remise [aux autorités françaises, ndlr] sur mandat d'arrêt européen est en cours", selon l'Agence France Presse (AFP).
Âgé de 22 ans au moment des faits, l'individu avait été interpellé en mars 2019 et mis en examen pour "destruction par incendie ayant entraîné la mort", "destruction par incendie ayant entraîné une incapacité totale de travail supérieure à huit jours" et "détention d'arme".
En fuite depuis presque deux ans
Originaire de la Grande-Motte dans l'Hérault, il avait été placé immédiatement en détention provisoire, mais avait été libéré par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Chambéry début avril 2021, du fait d'un vice de procédure, puis placé sous contrôle judiciaire strict. Il avait l'interdiction de quitter le département de l'Hérault, où il résidait.
Connu des services de police pour des faits liés au trafic de drogue, il s'était vu confisquer son passeport. Le trafic de stupéfiants est d'ailleurs l'un des mobiles envisagés par les enquêteurs. Le soir de l'incendie, une bagarre aurait éclaté entre le suspect et deux revendeurs autour d'une dette. Deux hommes qui se seraient enfermés dans un des logements. Le Grand-Mottois aurait mis le feu pour les faire sortir avant de prendre la fuite face à l'ampleur du sinistre.
Drogue ou dépit amoureux : deux mobiles possibles
C'est d'ailleurs dans le cadre d'une enquête sur un trafic que le jeune homme avait été appréhendé. Il était alors détenu à Perpignan depuis son interpellation, début mars 2019, soit près de trois mois après l'incendie, à la frontière franco-espagnole dans le cadre d'une affaire de drogue.
Mais une autre piste est aussi à l'étude : celle de la déception amoureuse. L'ancienne petite amie de l'Héraultais, saisonnière à Courchevel, résidait dans l'immeuble. Il serait venu tenter une réconciliation, sans succès. Il aurait alors mis le feu par dépit.
L'immeuble était insalubre, le propriétaire poursuivi
Lee propriétaire de la résidence où étaient hébergés les saisonniers, un homme d'affaires connu dans la très chic station de sports d'hiver de Courchevel, est quant à lui mis en examen depuis fin 2021 pour "homicide involontaire", "blessures involontaires ayant entraîné une incapacité totale de travail de plus de trois mois", "blessures involontaires ayant entraîné une ITT n'excédant pas trois mois" et "infraction aux dispositions du plan local d'urbanisme".
Construit en 1957, l'immeuble avait un temps été fermé par la municipalité car il n'était plus aux normes de sécurité, avant d'être racheté pour y loger les travailleurs de la station. Après l'incendie un rapport d'expert avait conclu à de graves manquements à la sécurité. Le propriétaire avait été placé sous le statut de témoin assisté pour "non-respect des règles d'entretien et de sécurité des bâtiments d'habitation", et "hébergement de travailleurs dans un local non conforme".
Une saisonnière gardoise parmi les victimes
Deux des saisonniers, une femme de 32 ans et un homme de 50 ans, avaient succombé dans l'incendie de ce bâtiment des années 1970 le 20 janvier 2019, et une vingtaine d'autres avaient été blessés. Parmi les victimes, une saisonnière gardoise de Méjannes-le-Clap, Ambre, qui avait sauté du troisième étage pour échapper aux flammes. Elle avait été gravement blessée.
Ses parents avaient lancé un appel à témoins pour comprendre les raisons du drame. Ils dénonçaient notamment l'insalubrité du bâtiment et le silence qui entourait l'affaire dans la station de ski de Courchevel.