Les incendies aux abords de la synagogue de La Grande-Motte ce samedi, qualifiés d'attaque terroriste, ont suscité l'effroi de la communauté juive. Rencontre avec Perla Danan, présidente du CRIF Languedoc-Roussillon.
Beaucoup d'émotions ont traversé Perla Danan depuis ce samedi 24 août au matin, quand la synagogue de La Grande-Motte a été attaquée. D'abord, la consternation. "On n'est pas passé loin de la catastrophe", déplore la présidente du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) de l'ex-région Languedoc-Roussillon.
De l'inquiétude, puis un soulagement face à la rapidité d'intervention des forces de l'ordre. "Nous sommes reconnaissants vis-à-vis des forces de police qui ont interpellé très vite le suspect, qui ont mis en sécurité tous les lieux de culte juifs, les commerces, tout. Il y a eu une réaction très prompte."
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Elle l'affirme : l'attaque aurait pu être mortelle. Selon elle, si elle n'a fait aucune victime, c'est car l'assaillant "s'est trompé d'horaire".
Il est venu avant l’office. Quand les fidèles sont arrivés, il avait déjà mis le feu et la bombonne de gaz avait déjà explosé.
Perla DananPrésidente du CRIF Languedoc-Roussillon
De fait, un premier incendie a été signalé aux pompiers à 8h30. Seules cinq personnes se trouvaient dans l'édifice, dont le rabbin. Aucune d'entre elles n'a été blessée. L'office, lui, devait commencer à 9h30, heure à laquelle la synagogue aurait probablement été bien plus remplie.
"L'idée, c'était que quand les gens, affolés par le feu, allaient sortir, et là il ferait un carton. Il avait une arme et une hache", détaille Perla Danan. Une image de vidéosurveillance, authentifiée par France 3 Occitanie, montre en effet le suspect aux abords de la synagogue, en possession d'une arme de poing et de deux bouteilles remplies de ce qui s'apparente à un liquide inflammable. Une hache a par la suite été retrouvée par la police sur les lieux.
"Un vrai attentat"
"On est loin du petit voyou qui met un tag", assure-t-elle, en faisant référence à des tags antisémites découverts à Sète en avril dernier. "Là, c'était préparé. C'est un vrai attentat". Sur cette même image tirée des caméras de vidéosurveillance, on peut voir que le suspect portait un drapeau palestinien noué autour de la taille. Une manière de "signer son attentat", selon Perla.
La présidente régionale du CRIF déplore une "importation du conflit israélo-palestinien" chez des gens non-informés.
Comme beaucoup, il confond la situation à Gaza avec les juifs de France, il les rend responsables de cela. C'est vrai que la situation est complexe là-bas, mais les juifs de France ont le droit de vivre tranquillement et en sécurité, d'être solidaires de la population israélienne, et non pas du gouvernement israélien.
Perla Danan, responsable du CRIF Languedoc-Roussillon
Pour elle, désormais, l'heure est à la discussion et au rassemblement. "J'en appelle au monde éducatif pour que, tout de suite, on prenne le relais dans les écoles, de la maternelle à la fac, pour poser une parole, pour débattre de cela, montrer que l'antisémitisme n'est pas une opinion, que ce n'est pas que l'affaire des juifs mais que ça concerne toute la République."
Un rassemblement mardi
Une marche citoyenne est organisée ce mardi 27 août à 18 heures, au départ de la place de la Comédie à Montpellier. Les représentants des cultes seront présents. Perla Danan invite le grand public à s'y joindre.