Montpellier à la pointe de la recherche contre l'excès de chimie sur la vigne

La vigne est l’une des cultures les plus traitées en Languedoc-Roussillon avec 12,5 interventions par an. Ces traitements nuisent au climat et aux hommes. Des chercheurs montpelliérains tentent de réduire au maximum le dosage des pesticides avec pour objectif une baisse de moitié en 2025.

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Avec les arbres fruitiers, la vigne est la culture la plus traitée en France : 12,5 traitements par an en Languedoc-Roussillon, plus de 20 en Champagne et une quinzaine en Bordelais.

A Montpellier, des chercheurs de l'Institut de recherche en sciences et technologie pour l'environnement et l'agriculture (Irstea) mesurent la taille et la vitesse des gouttes des produits de traitement pour réduire le dosage des phytosanitaires sur la vigne.

Ici on teste les machines : les plus performantes permettent de répandre cinq fois moins de "phyto" alors qu'on sait qu'en moyenne, seuls 20% des produits pulvérisés touchent leur cible", résume Bernadette Ruelle, responsable de l'unité et spécialiste en protection des plantes à l'Irstea.


Le reste, 80% quand même, file dans l'environnement et accessoirement chez les voisins, comme en Gironde en mai dernier, où des écoliers avaient été incommodés.

Comment sortir d'un piège chimique qui nuit au climat et aux hommes ?

La deuxième version du plan Ecophyto de réduction des pesticides, révisée le mois dernier, prévoit une baisse de moitié en 2025, avec un palier intermédiaire de 25% en 2020 après l'échec de sa première version.

Dans l'Hérault, les ingénieurs d'Irstea disposent d'une vigne artificielle sur laquelle ils mesurent toute l'année, sans souci des saisons, l'impact des pulvérisations selon leur vitesse et leur puissance et la taille des gouttes sur les feuilles. Une bruine jaune s'est déposée sur les feuilles de PVC d'un décimètre carré accrochées à la structure verticale, du E102, le colorant alimentaire des tartes au citron.

Adrien Vergès, ingénieur agro-environnement de l'Institut de la Vigne et du Vin, partenaire d'Irstea, s'approche : "Les plus grosses gouttes, par la force d'inertie, ont pénétré la vigne en profondeur sur quatre épaisseurs de feuilles". Les plus fines se sont arrêtées aux deux premiers rangs.

Des panneaux anti-ruissellement 

Pour optimiser le traitement, le pulvérisateur passe entre les plants et les traite en "face à face", plutôt qu'au-dessus à la verticale et il est équipé de récupérateurs latéraux qui conservent l'excédent de produit quand ça ruisselle.

Depuis cinq ans que j'utilise la pulvérisation confinée, j'économise de 38% à 42% de phyto", assure Charles Duby, vigneron du domaine de l'Arjolle, venu en voisin.


La fourchette dépend de la météo qui favorise l'apparition plus ou moins précoce de l'ennemi, le mildiou. "Ça représente 3.800 euros d'économies pour 50 ha traités" reprend-il. Et un nombre réduit de traitements annuels à 7,5 sur ses coteaux. Donc des doses moindres et moins souvent.

"La machine, à 50.000 euros, est nettement plus chère que les conventionnelles qui en coûtent 25 à 30.000 euros", reconnaît le vigneron, engagé dans la démarche du réseau Farre, promoteur de bonnes pratiques. Mais ayant bénéficié à l'achat d'une subvention PAC (l'Europe) doublée par le département et la région, d'un montant de 20.000 euros, il a évalué qu'elle sera rentabilisée en sept ans. Et ils sont deux domaines à l'exploiter.

On est dans l'optimisation de la pulvérisation et on peut aller encore plus loin : plutôt que de traiter comme la réglementation l'exige selon une dose maximale à l'hectare, la moduler en fonction de l'état végétatif de la plante couplé à la situation météo. Mais on ne peut pas faire n'importe quoi, on a besoin de ces références", ajoute-t-il.


Pour les vignerons et les arboriculteurs, l'Irstea mesure au laser la taille des gouttelettes selon la puissance de projection, fait souffler le vent pour calculer la part de produit perdue et travaille aussi bien avec les utilisateurs qu'avec les fabricants des engins. Bernadette Ruelle est convaincue de se trouver "à la veille d'un réel saut technologique" grâce à l'acquisition de données précises (météo, maladies, ravageurs) recueillies par drones notamment, qui permettront d'ajuster les traitements. "Il y a déjà beaucoup de nouveautés (en engins), mais ça vaut le coup de les tester. C'est exactement ce que nous faisons ici".
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