Intempéries et sécheresse : pourquoi les fortes pluies de mars n'ont pas permis de recharger suffisamment les nappes phréatiques

Il a beaucoup plu ces dernières semaines, cependant, l'eau ne s'est pas nécessairement infiltrée en profondeur. Quelles conséquences sur la sécheresse dans le sud de la France ? France 3 Occitanie fait le point.

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Lors des derniers épisodes méditerranéens, les quantités de pluie tombée ont été très importantes. L'équivalent de plusieurs mois de précipitations s'est abattu en quelques heures. À Nîmes, un record a été enregistré, avec 250,4 millimètres de pluie tombée sur l'ensemble du mois de mars au niveau de la station météo de Nîmes-Courbessac, selon Météo Languedoc.

À Montpellier, il est tombé 107 mm pour le mois de mars, selon la Chaîne météo. En revanche, la pluie a été nettement moins généreuse du côté de l’Aude et des Pyrénées-Orientales. À Perpignan, seulement 32 millimètres de pluie ont été enregistrés en mars. Le déficit pluviométrique se poursuit sur la plaine du Roussillon, avec l’absence d'événements pluvieux marquants depuis près de deux ans.

Ces précipitations participent à la reprise végétative, comme le souligne Serge Zaka, agroclimatologue travaillant sur l’impact du climat sur les végétaux. "À l’est de Béziers, la pluie a pu recharger en partie les nappes phréatiques mais s’est chargée d'humidifier le sol pour les végétaux. Tandis qu’à l’ouest de Béziers, les précipitations ont permis de recharger la partie superficielle du sol, cependant l’eau n’a pas atteint les nappes souterraines", selon le scientifique.

Le retour de cette pluie coïncide avec le réveil de la végétation. Les végétaux ont besoin d’eau, ce qui participe à la reprise végétative. Cependant, l'excès d’eau provoque des effets de coulure et favorise le développement des maladies chez les végétaux.

Serge Zaka

Agro climatologue

L’augmentation des pluies abondantes a créé une forte humidité, ce qui participe au développement des champignons et des maladies des végétaux. Les attaques de mildiou sont notamment à craindre dans les champs. Un autre constat est que les précipitations ont un effet de coulure, c’est-à-dire que les pluies peuvent faire couler le pollen, ce qui empêche la fécondation des fleurs et réduit la fructification des fruits. 

Des nappes phréatiques toujours en déficit

On a tendance à croire que les nappes d’eau souterraine sont alimentées par la pluie. Cependant, les épisodes de précipitations n’augmentent pas forcément leur niveau. Pour que de fortes pluies rechargent les nappes phréatiques, il faut que la géologie des sols s’y prête. S’il est trop sec, l’eau ne s’infiltre pas. Nos réservoirs en eau potable sont encore à des niveaux très bas. En France, seules 20 à 23% des précipitations annuelles moyennes parviennent à s’infiltrer en profondeur.

En février 2024, la recharge des nappes se poursuit mais reste ralentie sur de nombreuses nappes. La situation des nappes de l’aquifère multicouche du Roussillon et des calcaires karstifiés du massif des Corbières reste extrêmement dégradée, avec des niveaux très bas, conséquence de déficits pluviométriques depuis plus d’un an.

BRGM en mars 2024

Selon les prévisions saisonnières de Météo-France, les prochains mois devraient être plus chauds que la normale.  Une remontée d'air chaud venue d'Afrique du Nord va passer sur le Sud et l'ouest de la France vendredi 5 et samedi 6 avril. La barre des 30 degrés pourrait être atteinte au pied des Pyrénées.

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