Montpellier : nouvelles violences de la Ligue du Midi lors d'une manifestation interdite

Ce dimanche à Montpellier, une journaliste a été la cible de la trentaine de militants de la Ligue du Midi, venus manifester malgré l'interdiction préfectorale. Le mouvement identitaire est coutumier des actions violentes, mais reste peu poursuivi à ce jour. Des politiques réclament un sursaut.

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Ce 17 mai, à Montpellier, une journaliste indépendante mandatée par l'Agence France Presse a été prise à partie par des militants de la Ligue du Midi lors d'une manifestation pourtant interdite. Le téléphone portable avec lequel est elle filmait a été subtilisé et les images effacées.

Mais Ysis Percq ne veut pas parler d'agression, elle préfère évoquer "l'intimidation" dont elle a fait l'objet. La journaliste rappelle que "ce n'est pas la première fois, notamment avec les journalistes" :
 

Le sujet, ce n'est pas moi, c'est la Ligue du Midi. Je suis en colère car à chaque fois c'est pareil : on ne peut pas travailler. 


Les faits qu'elle décrit dans une succession de tweets ont été beaucoup partagés et commentés ces dernières heures, notamment par le journaliste du média montpelliérain en ligne Le d'Oc, Benjamin Téoule. Il souligne dans son message que "la récurrence de la violence de la Ligue du Midi devient insupportable" et rappelle qu'en novembre déjà, elle avait "privatisé" une place du centre ville pour son rassemblement annuel.

 

Atteinte aux libertés


Jointe au téléphone, la présidente du Club de la Presse Occitanie va dans le même sens et demande que des suites soient données à cette affaire, dans un courrier qui sera adressé au Directeur Départemental de la Sécurité Publique, au procureur de la République de Montpellier et au préfet de l'Hérault. Et Céline Cammarata va plus loin :
 

Il faut envoyer un message : c'est inacceptable pour nous en tant que journalistes, mais surtout en tant que simples citoyens. La rue est un lieu public, n'importe qui doit pouvoir y circuler et filmer.


Sur Twitter, le Club de la Presse Occitanie a apporté son soutien à la journaliste Ysis Percq, ajoutant qu'en plus d’une agression physique, c’était une atteinte à la liberté de la presse.


Une rue "privatisée" ?


Car Ysis Percq raconte, dans une série de tweets, comment la Ligue du Midi a voulu la faire partir. Le chef de file de la Ligue du Midi, Richard Roudier, l'a ainsi invectivée : "c'est privé ici, madame, dégagez !". Elle a alors objecté que le rassemblement avait lieu dans la rue, donc dans un lieu public et non pas privé :
  
Depuis plusieurs années, le mouvement identitaire mulitplie les actions violentes et d'intimidation envers les migrants, envers ses adversaires et envers la presse.


Presse, migrants et adversaires politiques en ligne de mire


Le 28 avril 2013, le siège de la fédération départementale du Parti Socialiste de l'Hérault a ainsi été l'objet de la vindicte de la Ligue du Midi : des sacs poubelles avaient été déversés devant l'entrée et du fumier, projeté sur la façade.
 


Dégradation du siège du PS


Le mouvement identitaire dirigé par Richard Roudier avait relayé les images de son action sur internet en signe de revendication. Mais aucune suite n'avait été donnée à la plainte déposée par le PS. Hussein Bourgi, le secrétaire départemental, se souvient :
 

Il ne s'est absolument rien passé, alors que je m'attendais au moins à une enquête en flagrance. Et à chaque fois, c'est pareil, aucune suite n'est donnée à leurs actions.


Condamnation pénale en 2017


En réalité, pas tout-à-fait : en 2017, Olivier Roudier, le fils de Richard Roudier, a été condamné à un mois de prison ferme pour avoir pris part, avec d'autres militants de la Ligue du Midi, au saccage des locaux de l’association Réseau Accueil Insertion Hérault (RAIH), une association qui aidait les mineurs isolés.
 


Impliquée dans les violences à la fac de Droit ?


Richard Roudier a été relaxé dans cette même affaire, là encore relayée sur les réseaux sociaux par les militants de ce groupuscule d'extrême-droite, anti-immigration.

Un mouvement soupçonné de liens avec le commando cagoulé et armé auteur des violences contre des étudiants grévistes à la Faculte de Droit de Montpellier, en mars 2018.

Régulièrement, Ligue du Midi et "AntiFa" (mouvements d'extrême gauche se réclamant de l'anti fascisme) se font face lors de manifestations et contre manifestations dans les rues de Montpellier. 


La préfecture apostrophée


Aujourd'hui, au lendemain des actes visant Ysis Percq, une partie de la classe politique locale monte donc au créneau pour réclamer des sanctions. Le patron des socialistes héraultais Hussein Bourgi estime que l'absence de poursuites dans plusieurs dossiers, dont les dégradations au siège de son parti, ont incité la Ligue du Midi à aller toujours plus loin dans la provocation :
 

Il y a une succession de faits qui interpelle. Les pouvoirs publics n'en mesurent pas la gravité. Qu'est-ce qui justifie ce semblant d'impunité dont ces gens pensent pouvoir bénéficier ? L'Etat s'est-il donné les moyens d'interdire cette manifestation [du 17 mai 2020, NDLR] ?
 

Apostrophant sur Twitter les ministres de l'Intérieur et de la Justice Christophe Castaner et Nicole Belloubet, Hussein Bourgi rappelle qu'il n'y avait eu aucune poursuite lorsque la Ligue du Midi s'en était pris aux locaux de son parti et espère qu'il y en aura pour les actes commis contre la journaliste.


Dissolution réclamée en 2017


Lui aussi a rédigé un courrier à l'adresse des pouvoirs publics et réclame un traitement "un peu plus sérieux" des faits et gestes de la Ligue du Midi.
 

La lettre d'Hussein Bourgi demandant aux autorités d'enquêter sur la Ligue du Midi


Déjà, en 2017, la députée La France Insoumise de l'Hérault Muriel Ressiguier avait réclamé la dissolution du groupuscule. En vain.


La Ligue du Midi revendique sur Twitter


Après la prise à partie de la journaliste Ysis Percq ce dimanche lors du nouveau rassemblement montpelliérain (interdit, rappelons-le), la Ligue du Midi assume et assène que "s'incruster" (sic) et filmer des conversations privées est pure provocation :
 
Reste que l'individu qui s'était emparé du téléphone de la journaliste a été appréhendé. Le mobile a été rendu à sa propriétaire après son dépôt de plainte à l'hôtel de police. Mais les images qu'il contenait avaient disparues : elles ont été effacées.
 
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