Nouvel épisode dans la polémique qui dure depuis plus d'un an autour du projet de parking sous la place centrale Aristide Briand à Sète : alors que le permis de construire est toujours suspendu en attente d'un jugement sur le fond, à la veille de Noël, la préfecture de l'Hérault a donné son feu vert à la déplantation de 52 tilleuls et 5 autres arbres du site. Pas de quoi abattre les opposants qui entendent préserver ces végétaux : ils ont déposé deux nouveaux recours en justice.
C'est un dossier décidément plein de rebondissements : alors qu'il est à l'arrêt depuis la suspension du permis de construire par le tribunal administratif dans l'attente d'un jugement sur le fond, le projet de parking sous la place centrale Aristide Briand de Sète (Hérault), va-t-il pouvoir redémarrer ? Pour cela, il fallait au préalable que le préfet autorise la déplantation de 52 tilleuls argentés et de 5 autres arbres du site. C'est désormais chose faite : le texte a été publié à la veille de Noël, vendredi 23 décembre, après de nombreux mois d'incertitudes et de mobilisation du collectif d'opposants Bancs Publics, qui a été reçu jusqu'au ministère de la Transition écologique.
Un collectif qui accuse aujourd'hui le coup, mais ne désarme pas, comme nous l'a confirmé son porte-parole Christophe Aucagne :
A titre personnel, je m'attendais à ce que le préfet signe cette autorisation. C'est devenu un dossier très politique. Si notre collectif arrive à avoir gain de cause, ça va faire jurisprudence au niveau national et de nombreuses communes vont devoir consulter plus largement leurs populations avant de se lancer dans ce genre de grands travaux. Mais on ne baisse absolument pas les bras.
Christophe Aucagne, porte-parole du collectif Bancs Publics
Course contre la montre
Dès la parution de l'arrêté préfectoral, Bancs Publics a déposé un référé suspensif de cette autorisation, ainsi qu'un recours en annulation. Au mieux, ils seront examinés début janvier. Dans le même temps, la Ville de Sète espère de son côté que le tribunal administratif lèvera rapidement la suspension de la déplantation qu'il avait ordonnée dans l'attente de la décision préfectorale. Car l'enlèvement des végétaux, voués à être replantés sur un terrain jouxtant le stade Louis Michel, est soumis à leur saisonnalité et doit intervenir avant la montée de sève, mi-mars.
En attendant, la municipalité se félicite de la position prise par le préfet de l'Hérault :
Le dossier a visiblement été bien étudié au plus haut niveau. Donc on se dit que si la réponse est positive, nos arguments étaient bons et notre projet pas si mauvais que ça.
Ville de Sète
Une transplantation qui fait s'étrangler les opposants
Ces derniers mois, malgré les recours, les opérations ne s'étaient jamais vraiment arrêtées autour de cette place Aristide Briand, située au cœur du centre-ville de Sète, puisque des travaux annexes de voirie se sont poursuivis. Mais le creusement du parking en lui-même ne peut pas avoir lieu sans la dépose des 52 tilleuls et des 5 autres arbres. A leur place, 82 nouveaux arbres doivent être installés dans des cuves en béton au titre de la démarche environnementale "éviter, réduire, compenser" imposée par l'Etat. Une transplantation qui ne concerne pas les 25 tilleuls argentés de la partie basse de la place qui, eux, resteront conservés en pleine terre.
C'est sur cet argument que la préfecture a basé son autorisation, tout en précisant que "les nouveaux arbres de la place Aristide Briand devront être plantés dans des conditions telles qu'ils puissant atteindre à terme une hauteur comparable à celle des autres spécimens de ladite place".
De quoi faire bondir les opposants, pour qui l'opération ne représente pas une compensation égale à la dépose des arbres aujourd'hui enracinés dans le sol naturel. Selon Christophe Lalia membre du collectif Bancs publics, le système choisi est "loin d'avoir fait ses preuves : on nous vend ça comme une compensation, mais ce n'est pas l'esprit de la loi. Cette autorisation est une duperie". Les nouveaux végétaux n'atteindraient jamais 30 mètres de haut et ne vivraient que 20 à 30 ans, contre 300 en conditions optimales.
Côté mairie, on souligne que "les fosses près du stade Louis Michel ont été creusées dès l'an dernier et sont retravaillées régulièrement pour accueillir les arbres transplantés. Tout est déjà prêt". A condition que la justice déverrouille le dossier. Réponse dans les semaines à venir.