Ours des Pyrénées : l’Etat tente en vain d’organiser un dialogue entre pro et anti ours

Plusieurs organisations agricoles ont décidé de boycotter la réunion du "plan Ours et pastoralisme" organisée par l’Etat. Rassemblés devant les préfectures notamment à Foix en Ariège, des représentants des éleveurs ont dit à nouveau leur opposition à la réintroduction d'ours dans le massif.

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Ils n’iront pas. Une fois encore, ils boycottent la réunion organisée par la préfecture de région. Des représentants des éleveurs se sont retrouvés ce jeudi matin près de la préfecture de l’Ariège notamment. Ils refusent de participer à ce groupe "trompeusement intitulé", disent-ils, pastoralisme et ours.

"On veut une gouvernance locale avec les populations concernées et les élus locaux", explique Clémence Biard repésentante des JA (Jeunes Agriculteurs) de l'Ariège.
 

On ne tolèrera pas une réintroduction (NDLR : d'ours) ici ou ailleurs et on pourra être très revendicatif si cela venait à se produire.

Clémence Biard, JA Ariège

La représentante des Jeunes Agriculteurs de l'Ariège a également expliqué qu'il existait des ours à problèmes. "Ils attaquent beaucoup plus que d'autres et on demande leur retrait."
Sophie Alzieu de la FDSEA de l'Ariège rappelle qu'à une époque ils y sont allés dans ces réunions. "On a donné notre avis, on a essayé de trouver des solutions pour tout le monde mais nous ne sommes pas écoutés. On continue à nous imposer ces ours. L'Etat continue de s'acheter une conscience écologique."
 

On demande que le Président de la République tienne les promesses de ne plus réintroduire d'ours et de mettre en place une gouvernance locale car les décisions sont prises depuis Paris, depuis Toulouse et en aucun cas par les populations locales concernées par le problème.

Sophie Alzieu, FDSEA Ariège

 

Le difficile dialogue sur la question de l'ours

L’association Pays de l’Ours-Adet qui milite pour la sauvegarde des ours dans le massif pyrénéen participe à ces réunions organisées par la préfecture de région. Alain Reynes le directeur de l’association y était ce jeudi mais il a lui aussi boycotté à 2 reprises l’été dernier les réunions "ours et pastoralisme". Une manière de protester contre des décisions prises sans discussions dit-il. L’année dernière, Pays de l’ours Adet voulait notamment marquer son opposition aux mesures d’effarouchements décidées pour tenter d’éloigner l’ours des estives. "Un effarouchement prétendument expérimental qui n’a produit aucun résultat", fait-il remarquer.
"On avait dit dès le départ que cela ne servirait à rien et cela s’est vérifié. Il n’y a eu aucune diminution de pertes de brebis sur les estives concernées."

Les chiens de protection des troupeaux sont une technique beaucoup plus efficace et sans risque. Car l’effarouchement n’est pas sans risque explique-t-il. Les balles qui sont tirées même si elles sont en caoutchouc cela peut blesser un ours. L’effarouchement peut aussi blesser les hommes car pour tirer il faut être à 20 mètres de l’ours et s’il se retourne pour se défendre…

Alain Reynes, directeur de l'association Pays de l'Ours-Adet



Alors pourquoi continuer à aller à ces réunions si elles ne servent à rien ?
"On ne veut pas donner le sentiment d’être des personnes qui refusent le dialogue, explique le directeur de l'association Pays de l'Ours-Adet. Nous n’avons pas intérêt à aller au conflit. Mais quand on a des interlocuteurs qui refusent de discuter…"
 

L’Etat cherche plus à ménager les opposants qu’à résoudre le problème. Il essaye de ménager des groupes radicaux violents qui ne veulent pas discuter.

Alain Reynes



Alors cette réunion, il y est allé pour écouter les décisions qui ont été prises. "L'Etat a présenté la feuille de route pour 2020 et il n'y a pas tellement de surprises, dit Alain Reynes. L'Etat reprend les recettes qui n'ont pas marché en 2019 : la reconduction des mesures d’effarouchement et la surindemnisation des bêtes tuées en montagne." 
Concernant la réintroduction d'un ours, le directeur de l'association a demandé si l’Etat comptait respecter son engagement : à savoir remplacer l’ours tué par balles au début du mois de Juin sur une estive en Ariège. "C’est écrit dans le plan Ours rédigé en 2018", précise-t-il. "Tout ours tué par l’homme doit être remplacé. Et si cet engagement n’est pas respecté, prévient-il, alors le plan ours est mort." Mais il n'a pas eu de réponse.
 

Pas de réintroduction d'ours mais peut-être un remplacement

Dans un communiqué, la préfecture de région indique que 80 personnes ont participé à la réunion du groupe pastoralisme et ours ce jeudi. Des élus, des représentants des éleveurs, des associations et des représentants de l'Etat, présents sur 6 sites dans chacun des départements du massif pyrénéen.
Concernant la réintroduction, l'Etat joue sur les mots et assure que l'engagement d'Emmanuel Macron de ne pas réintroduire d'ours dans les Pyrénées sera bien respecté. En revanche il pourrait y avoir un remplacement. 
"Un ours a été retrouvé tué par balles en juin dernier. Il s’agit d’un délit. L’État a porté plainte", est-il écrit dans le communiqué.
 

Cette destruction d’un ours posera la question d’un éventuel remplacement ; ce point n’est pas tranché. Le cas échéant, cela ne contreviendrait pas à l’engagement du Président de la République, puisqu’il ne s’agirait pas d’une réintroduction

Préfecture de la région Occitanie


Concernant la gouvernance locale réclamée par les opposants à la réintroduction des ours, la préfecture de région annonce la mise en place de groupes de terrain. Les préfectures de département devront associer "les acteurs concernés au plus près des territoires pour accompagner la mise en œuvre de la politique de l'État en matière de maintien de l'activité pastorale et de préservation de la population d'ours brun".
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