Procès en appel à Montauban d'Edith Scaravetti : la carabine au coeur des débats

L'arme qui a servi à tuer Laurent Baca, le 6 août 2014 à Toulouse, revient très régulièrement dans les débats, au cours de ce procès en appel devant la cour d'assises du Tarn-et-Garonne. Les déclarations de l'accusée, les constatations et les expertises posent un certain nombre de questions. 

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Elle pose problème, cette arme qui a servi à tuer Laurent Baca, ce 6 août 2014. Et comme les violences conjugales, elle revient constamment dans les débats de ce procès en appel d'Edith Scaravetti pour homicide volontaire.

C'est une carabine 22 long rifle, qui appartenait au grand-père d'Edith Scaravetti. Dont elle a "hérité" en quelque sorte, en même temps que cette maison où elle vit avec Laurent Baca et leurs trois enfants. Une arme rudimentaire, dangereuse car ne disposant pas de cran de sécurité.

Laurent Baca se l'était un peu approprié, cette arme. Il l'avait faite nettoyer, réviser. Il aimait, selon l'accusée et certains témoins, "jouer" avec. Et toujours selon ces témoins ou parties, il en usait pour menacer des proches. Edith Scaravetti rapporte qu'il arrive à la victime, son compagnon, de la charger en disant :"Cette balle, c'est pour ta mère ; celle-là, pour ton père", etc.
Cette arme, on le pressent, constitue une menace au domicile familial.

Au mois de mars 2014, au cours d'une violente dispute, Laurent Baca, selon les dires d'Edith Scaravetti, tire avec cette carabine dans le lit conjugal où elle se trouve, mais manifestement sans intention de la toucher. La balle sera d'ailleurs retrouvée par les enquêteurs, sur les indications de l'accusée. Elle nettoie le matelas et se débarrasse des draps et couette troués, ce qui, déjà, interpelle les parties. Pourquoi ne les a-t-elle pas conservés, à titre de preuve ? Elle dit qu'à cette époque, elle ne veut pas que cela lui rappelle la situation de crise. "Si je ne vois pas, je n'y crois pas" est un peu le credo d'Edith Scaravetti.

Mais manifestement, cet épisode l'inquiète profondément. Puisqu'elle en vient à cacher cette arme, habituellement placée dans une armoire située dans le garage attenant à la maison. Elle la dissimule, toujours selon ses déclarations, sur le haut du dressing de la chambre conjugale, difficilement accessible. En outre, elle jette le chargeur et les munitions, croyant, dit-elle, que l'arme est ainsi inoffensive.

Cette précaution intrigue la cour et les parties civiles. Si Edith Scaravetti est si inquiète, pourquoi ne se débarrasse-t-elle pas de cette arme ? D'autant que quand Laurent Baca l'interroge sur l'absence de la carabine, elle lui répond qu'elle l'a emmenée chez sa mère. Toujours selon ses dires. Le président de la cour d'assises du Tarn-et-Garonne a visiblement du mal à y croire. Laurent Baca, cet homme si suspicieux, si maniaque, ne se serait pas aperçu de l'absence de la carabine, voire l'aurait constaté puis accepté ? Edith Scaravetti n'a pas de réponse. Et encore une fois, le président la pousse dans ses retranchements : "Madame, aidez-nous. Comptez le nombre de fois où vous dites "Je ne sais pas".

Et puis, il y a la question du chargeur et des munitions. Edith Scaravetti, en plus d'avoir caché la carabine, les a jetés à la poubelle. Si Laurent Baca s'aperçoit de la disparition de l'arme, comment ne voit-il pas aussi l'absence du chargeur ?

Car la "thèse" de l'accusée, c'est que la nuit du meurtre, vers trois heures du matin, la victime rentre dans la chambre, la sort brutalement du lit et lui dit "Ne me prends pas pour un con, je sais où tu as caché la carabine", se dirigeant immédiatement vers le haut de l'armoire. 
Pourquoi, s'il sait déjà où est l'arme, ne s'est-il pas auparavant inquiété de savoir où étaient le chargeur et les munitions ?
Le président de la cour d'assises insiste mais Edith Scaravetti n'a pas de réponse. 
"On ne raisonne que sur ses affirmations. On suppose beaucoup dans ce dossier. C'est bien le problème", soupire le président de la cour. 


La douille manquante


Et puis, il y a ce problème de la douille manquante. Le soir de la mort de Laurent Baca, Edith Scaravetti explique qu'à l'issue d'une dispute violente, il s'empare de la carabine et après moults mouvements qui les emmènent vers le rez-de-chaussée de la maison, prend l'arme par le canon qu'il se pose lui-même sur la tempe, lui enjoignant de tirer si elle en est capable. C'est lorsqu'elle prend la crosse entre ses mains que le coup part accidentellement, dit-elle. 
Certaines expertises vont dans ce sens. L'ADN de Laurent Baca, par exemple, est retrouvée à l'extrémité du canon. 
Edith Scaravetti explique qu'elle a lâché l'arme - dont elle était persudée dit-elle qu'elle n'était pas chargée - après le tir accidentel. Mais quid de la douille manquante ? Elle n'a pas été retrouvée. Et l'accusée déclare ne pas se souvenir de l'avoir fait disparaître. Ni même d'avoir manipulé l'arme.

Etant donné l'état de putréfaction du corps de Laurent Baca, les expertises n'ont pas pu permettre de déterminer la distance de tir. Ni retrouver l'ADN de l'accusée sur la zone de détente de l'arme.

Après la mort de Laurent Baca, Edith Scaravetti a placé la carabine dans une serviette de toilette, avant de la remettre au-dessus de l'armoire de la chambre parentale. C'est là que les enquêteurs la retrouveront, le 20 novembre 2014, lors de leur perquisition. Sur ses indications...

 
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