A partir de mardi, Jacques Rançon doit comparaître à Amiens pour le viol et le meurtre d'Isabelle Mesnage en 1986. Le sexagénaire a déjà été condamné à perpétuité en 2018, dans un précédent procès devant la cour d'assises des Pyrénées-Orientales.
Le "tueur de la gare de Perpignan", déjà condamné à la réclusion à perpétuité pour les viols et meurtres de deux femmes, doit être jugé à partir de mardi aux assises de la Somme, à Amiens. Jacques Rançon comparaît pour des faits similaires dans une affaire vieille de presque 35 ans. La victime est une femme de 20 ans, Isabelle Mesnage, dont le corps avait été retrouvé le 3 juillet 1986 en lisière d’un bois à Cachy.
Cela a vraiment un sens pour les familles d'avoir une réponse, de savoir qui l'a fait, pourquoi. C'est la justice rendue pour leur fille, même si [Jacques Rançon] est évidemment moins dangereux pour la société [depuis sa condamnation].
L’ancien cariste-magasinier a été reconnu coupable en 2018 des meurtres de Moktaria Chaïb et Marie-Hélène Gonzalez à Perpignan. Ces homicides remontent à 1997 et 1998, mais le lien avec Jacques Rançon n’avait été établi qu’en 2014, grâce à l’identification de l’ADN retrouvé sur une chaussure. Lors de son procès, il était aussi accusé d’avoir essayé de violer une troisième femme et d’avoir laissé pour morte une quatrième.
"Tueur en série"
Isabelle Mesnage, serait-elle une victime antérieure de Jacques Rançon ? L’enquête sur la mort de la jeune informaticienne avait abouti à un non-lieu en 1992. Vingt-cinq ans plus tard, les avocats Corinne Hermann et Didier Seban demandaient la réouverture des investigations, relevant des similitudes entre les affaires, notamment s’agissant des mutilations perpétrées sur les corps.
Le parquet a alors rouvert une information judiciaire, ce qui a permis l’exhumation de la dépouille d’Isabelle Mesnage et une comparaison des lésions. Corinne Hermann assure avoir été "bluffée" par les ressemblances relevées sur les photos. Pour l’avocate des parties civiles, Jacques Rançon serait "la caricature d'un "tueur en série", qui signe ses actes avec des procédés précis".
Autre élément semblant aller dans ce sens : l’homme de 61 ans a grandi à quelques kilomètres de Cachy. C’est dans ce secteur qu’il aurait commis, adolescent, une première agression sexuelle pour laquelle il n’a jamais été poursuivi. En 1992, il y a également violé une femme sous la menace d’un couteau, fait pour lequel il a été condamné à huit ans de prison.
"Coupable idéal"
En garde à vue à Béziers, où il purgeait sa peine, Jacques Rançon a avoué le meurtre d’Isabelle Mesnage au bout de sept auditions. Des aveux répétés devant le juge d’instruction, mais que l’accusé a ensuite renié dans un courrier, affirmant avoir subi des pressions des enquêteurs. Selon son avocat, "accusation et partie civile sont peut-être allées un peu vite en besogne", même si Xavier Capelet reconnaît que "la personnalité de Jacques Rançon rendra compliqué pour des jurés de prononcer un acquittement".
Notre rôle va être d'essayer de remettre les choses au carré et de dire ce qu'il y a ou n'y a pas dans ce dossier.
La défense assure que l’accusé fait office de "coupable idéal pour beaucoup de faits". Corinne Hermann, qui représente notamment les parents d’Isabelle Mesnage, assure quant à elle qu’il est aujourd’hui nécessaire de "vérifier tous les dossiers de la région". "Peut-être que c'est son premier crime, peut-être pas", conclue-t-elle.