Au procès de la conductrice du car, six enfants rescapés de l'accident sont venus témoigner au 2e jour du procès de la conductrice, jugée pour homicides et blessures involontaires.
Ils ont survécu à l'horreur. Ils ont été témoins des derniers instants de vie de leurs amis. Ce sont des survivants. Des adolescents d'une force, d'une dignité et d'un courage immense qui se sont avancés à la barre du tribunal qui juge la conductrice du car scolaire poursuivie pour blessures et homicides involontaires. Ils se sont livrés avec beaucoup d'émotion. Une émotion qui a submergé la salle. De peur de ne pas y arriver, certains avaient préparé un témoignage écrit qu'il ont lu au procès.
Pour Elona, c'est "un trou noir à partir du moment où le train nous a percuté", souffle la jeune fille à la barre.
Aujourd’hui, je ne sais plus ce qui est réel et ce qui ne l’est pas.
ElonaVictime
Enzo faisait un tour de magie à Ophélia, au moment du choc. La jeune fille est morte. Lui a survécu.
Au moment où on passe je fais un tour de magie à Ophélia, je tourne la tête, il y a le train derrière qui klaxonne. J’ai fait un suivi psychologique pour m’enlever le son du klaxon.
EnzoVictime
"Je suis éjecté et à l’extérieur c’est comme si j’étais à un concert et le son n’était pas net. Le temps s’était arrêté. A l’hôpital, on m’avait pas mis les infos pour pas que je sache s’il y avait des morts", poursuit le jeune homme.
Les migraines ne l’ont pas quitté depuis l’accident, "une routine". Il a été blessé au bras, la cicatrice lui rappelle tous les jours cet accident. La présidente lui demande ce qui est le plus traumatisant pour lui.
Le plus traumatisant ? Perdre mon meilleur ami.
EnzoVictime
Cauchemar
Puis vient le tour d'Océane. La jeune fille blonde aux cheveux longs avait 12 ans au moment de l'accident. Elle écoutait sa playlist à fond avec son meilleur ami, Allan. Après le choc (...), "je me suis retrouvée couchée regardant le ciel bleu. Je n’avais plus mes lunettes de vue. Je ne comprenais pas ce qui s’était passé. Ca devait être un cauchemar. Je me suis souvenue d’Allan, je l’ai cherché. Je ne le trouvais pas".
Le lendemain du drame, elle se réveillera dans une chambre d’hôpital : "Ma mère était triste, elle me tenait la main. Elle l’a serrée très fort. J’ai redemandé où était Alan, mon frère de cœur".
Elle aussi, à ce moment-là, a compris qu'elle avait perdu son meilleur ami.
Inès aussi est une survivante. Contrairement à Teddy, Alan et Loïc dont elle a vécu les derniers instants.
Teddy s’est tourné vers moi, il a mis ses mains entre les deux sièges, on roulait très doucement, il voulait jouer. J’ai tourné la tête à gauche , j’ai cru voir, Allan et Loïc… On a regardé les rails. Après plus rien, juste l’odeur….
InèsVictime
Un témoignage insoutenable pour la mère du jeune garçon. Elle quitte la salle. L'avocat de la famille de Teddy demande doucement à la jeune fille : "Il ne s’est pas vu partir dans cet accident ?
-Non.
-Est-ce que Teddy a vu le train arriver ?
-Non.
Me Moutet, avocat de plusieurs parties civiles
Alicia, ensuite, a livré un témoignage très détaillé de l'accident. La jeune fille a été amputée d'une jambe. Elle porte une robe courte imprimée qui montre sa prothèse.
J’en veux et j’en voudrai toute ma vie à Mme Oliveira. Tout ca c’est de sa faute.
AliciaVictime
Me Mescan avocate de plusieurs parties civiles
Son ressenti depuis l’accident ? "J’avais 13 ans à ce moment-là et je suis devenue adulte. J’ai perdu ma maison, mes amis".
A la pause, après une audience très longue et très émouvante, Me Marie Mescam, qui défend plusieurs enfants réagit :
Contrairement à ces enfants, madame Oliveira ne cherche pas à se souvenir, elle cherche à se convaincre. Elle n’est pas comme ces enfants. Elle assène des choses qu’elle veut être la vérité.
Me Marie MescamAvocat de plusieurs victimes
"Ces enfants se remettent en question pour avoir la vérité, et ce qu’ils voudraient c’est que madame Oliveira aussi se remette en question", conclut l'avocat.
Au premier rang, face aux juges, Nadine Oliveira, la conductrice du car a écouté les témoignages des rescapés tête baissée.