Sécheresse : remplissage des piscines interdit, des restrictions d'eau inédites en hiver dans les Pyrénées-Orientales

Les restrictions d'usage de l'eau sont renforcées dans les Pyrénées-Orientales, touchées par une sécheresse sans précédent. Pour préserver le peu de ressource disponible, le remplissage des piscines et l'arrosage des pelouses est interdit pour les particuliers.

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Alors que les Pyrénées-Orientales sont sous le coup de restrictions d'usage de l'eau depuis juin 2022, la préfecture annonce que ces mesures seront non seulement prolongées, mais aussi renforcées au-delà du 28 février. Car la sécheresse chronique frappe l'ensemble du département sans prévision de pluie suffisamment abondante pour inverser la situation. Un "comité ressource" s’est tenu ce jeudi 23 février en préfecture à Perpignan. Un tour de table qui a réuni l’ensemble des acteurs catalans de l’eau.

Un nouvel arrêté préfectoral interdit le remplissage des piscines privées, collectives et individuelles. Celles des campings devraient être préservées sauf réserves et sous contrôle de l'Agence Régionale de Santé (ARS). "Jusqu’au 30 avril, il est également interdit aux particuliers d’arroser les pelouses, ajoute la préfecture. Ces restrictions concernent également les collectivités locales pour l’arrosage des espaces verts, des stades et le lavage de voiries ou terrasses à grande eau." 

Des préconisations relayées auprès des élus locaux par l'Association des maires de France. Nicolas Garcia, 1er vice-président du conseil départemental et maire (PCF) d'Elne, va ainsi consulter sa majorité municipale pour prendre à son tour un arrêté instaurant des contrôles sur sa commune :

Toutes les piscines d'Elne sont recensées par voie aérienne. Les policiers municipaux patrouilleront et s'ils constatent un flagrant délit de remplissage de piscine, ils verbaliseront.

Nicolas Garcia, vice-président du conseil départemental et maire (PCF) d'Elne

Le recensement aérien, utilisé à l'origine par les services fiscaux pour vérifier les déclarations des contribuables, trouve là un nouvel usage. Pour les collectivités, fini aussi l'entretien des espaces verts : plantations et arrosage sont désormais proscrits. Mais là n'est sans doute pas la mesure la plus sensible du nouvel arrêté. 

Vers des restrictions supplémentaires pour les agriculteurs ?

Si la situation ne s'améliore pas d'ici un mois, le plan d'eau artificiel de la Raho - dont cinq des 17 millions de mètres cubes d'eau sont réservés habituellement aux usages agricoles - pourrait lui aussi être soumis à de plus grandes restrictions. Pour la première fois, une répartition de l’eau pourrait en effet être demandée entre les agriculteurs pour leurs besoins d'irrigation.

Pour Nicolas Garcia, l'heure est grave : "depuis qu'on fait des relevés, c'est la première fois qu'on constate une telle situation. Tous les secteurs du département sont touchés". Déjà, l'été dernier, la préfecture avait limité à 50% l'irrigation de la vallée du Tech, provoquant la colère des exploitants

Le syndicat des nappes, la chambre d'agriculture, l'Etat et l'AMF vont organiser des réunions avec chacune des six unités de gestion de la ressource du département. Objectif : convaincre faute de pouvoir contraindre. Il faudra faire des arbitrages entre les cultures qui ont un besoin immédiat d'irrigation et les autres. Mais Nicolas Garcia est confiant dans la capacité de résilience de la population et des agriculteurs :

Il y a une prise de conscience et elle grandit. Parce que de toute façon, si on n'infléchit pas la tendance d'ici à quatre semaines, plus personne ne pourra arroser.

Nicolas Garcia, vice-président du conseil départemental et maire (PCF) d'Elne

Dernière alerte renforcée avant le seuil de crise

En clair, s'il ne pleut pas pendant au moins une semaine d'ici la fin du mois de mars, l'été sera très compliqué. A tel point que l'usage de la ressource pourrait être limité à la seule eau potable. Les Pyrénées-Orientales passeraient alors en seuil "de crise". En réalité, ce niveau a déjà été franchi pour toutes les nappes. Mais de telles restrictions en hiver pèseraient trop lourd sur l'agriculture et l'activité économique toute entière. D'où le choix d'une "alerte renforcée", avant-dernier échelon de gravité de la situation.

Cela implique tout de même un effort de 50% par rapport aux droits de prélèvements habituels des acteurs économiques. Ces mesures resteront en vigueur jusqu'au 30 avril 2023. Le prochain "comité ressource" se réunira le 21 mars prochain pour faire le point.

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