C'est le département de France où les restrictions d'eau sont les plus sévères et en vigueur depuis le plus longtemps que le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires a décidé de visiter. Dans les Pyrénées-Orientales, la gestion de l'eau est désormais un problème majeur pour les habitants, pour l'agriculture et pour le tourisme.
Alors que cinq départements, les Pyrénées-Orientales, l'Aude, l'Hérault, le Gard et la Lozère, sont soumis depuis des mois à des restrictions d'eau, le ministre de la Transition écologique appelle tous les Français à la sobriété.
Quand en moyenne un Français consomme 149 litres d'eau potable par jour et par personne, il y a évidemment des domaines où on peut faire davantage de sobriété.
Christophe Béchu, ministre de la Transition écologiqueSur Franceinfo le 18 mars 2024
C'est ce message que le ministre vient porter dans les départements en grand déficit de pluie, comme les Pyrénées-Orientales. Le département a perdu 60% de pluviométrie en trois ans.
Il en profite pour rappeler aux élus que l'État sera là pour les aider mais que leurs décisions en matière d'aménagement du territoire sont aussi très importantes.
Une visite au salon des élus locaux
Ce déplacement a débuté jeudi matin à Perpignan par un échange avec les élus locaux catalans, lors du salon de l’Association des maires de France, sur les difficultés spécifiques liées à la gestion de l’eau en Roussillon.
"Il ne s'agit pas de faire trois annonces et de repartir", a expliqué le ministre.
Puis, il visitera Torreilles, une station balnéaire de la métropole de Perpignan volontariste en matière d’usages de l’eau et rencontrera des professionnels du tourisme pour évoquer les enjeux liés à l'adaptation à la sécheresse.
Des polémiques catalanes
Il y a un an, le "Plan eau", comprenant 53 mesures visant à mieux gérer et utiliser la ressource en eau était annoncé.
En Roussillon, où la pénurie d'eau est la plus importante de France, des "projets écologiques" pour plus de sobriété ou pour une meilleure utilisation des "eaux grises" sont à l'étude.
Comme l'installation d'un méga tuyau au niveau de la station d'épuration de Perpignan, pour soutenir le débit du fleuve la Têt, 35 kilomètres en amont.
Ou la réutilisation des eaux usées par la mairie de Canet-en-Roussillon. Un usage uniquement dédié à l'arrosage des espaces verts pour le moment, mais qui sera amené à évoluer à cause des problèmes de sécheresse que rencontre le département.
Il y a aussi le dossier sensible de la prolongation du canal du Rhône. Pour l'instant, l'aqueduc s'arrête à Narbonne, l'idée serait de le prolonger vers Perpignan voire encore plus au sud.
Le golf de Villeneuve-de-la-Raho
D'autres font polémique. C'est le cas de la construction du golf de Villeneuve-de-la-Raho, au sud de Perpignan, débutée en novembre 2023. Le futur complexe doit s'étendre sur 180 hectares, avec un club-house, un hôtel et 600 logements. Il devrait générer la création d'environ 200 emplois directs et indirects. Une aberration écologique pour beaucoup.
Christophe Béchu a déclaré "ne pas vouloir éluder la question". On attend donc sa réaction.
De son côté, la municipalité explique que ce golf sera arrosé grâce aux eaux réutilisées de la station d'épuration. Pour la maire, Jacqueline Irles (LR), ce projet ouvre même la voie à la réutilisation de cette ressource pour l'agriculture.
Ces arguments ne suffisent pas à convaincre les opposants qui ont déposé un recours administratif pour tenter de faire annuler ces travaux et la modification du PLU en vue des expropriations à venir.
Le tribunal administratif de Montpellier entendait les parties ce jeudi, il doit statuer demain, vendredi, sur ce recours.