Depuis 2016, une coopérative laitière de Cerdagne ne se contente plus de vendre son lait. Elle le valorise en fabriquant avec des yaourts et des fromages blancs. Le succès a été rapide et il a permis de sauver l'élevage laitier dans les Pyrénées-Orientales.
Jean de Maury élève une soixantaine de vaches laitières à 1.200 mètres d'altitude, au coeur de la Cerdagne, dans les Pyrénées-Orientales. Deux fois par jour, il mène ainsi ses vaches Prim'Holstein à la traite. Leur lait ira à la coopérative Cimelait basée à Err, à la frontière avec la Catalogne.
C'est une petite coopérative qui collecte le lait de 7 fermes de montagne en Cerdagne et Capcir. Lorsque la coopérative Cimelait s'est créée dans les années soixante, il y avait 500 producteurs sur le département. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 5 producteurs.
Pour survivre, la coopérative s'est diversifiée. La valorisation du lait en yaourt permet de mieux rémunérer l'agriculteur. C'est une entreprise solidaire entre les producteurs, entre les générations d’éleveurs et les producteurs ainsi que les salariés. Sans cette petite révolution, on ne produirait peut-être plus de lait aujourd'hui en Cerdagne.
"J'avais un certain nombre de charges fixes qui sont réparties sur 3 millions de litres de lait. Si vous tombez à 1,5 million, les charges de structures sont exactement les mêmes et il faut les répartir au litre de lait et donc elles doublent. On vient manger la marge des producteurs par des coûts de structures. Donc on aurait pas pu continuer à tenir" explique Jean de Maury, producteur laitier et président de la coopérative Cimelait.
Une valorisation réussie
Cimelait a donc investi, en 2015, 800 000 euros dans une unité de fabrication de yaourts et de fromages blancs. Le développement a été rapide: 50 000 litres de lait transformés la première année, 300 000 litres l'an passé.
Les produits Cimelait sont distribués aujourd'hui dans tout le département catalan, boutiques, grandes surfaces et collectivités. Et ils commencent à se vendre également dans le reste de la région.
Il y a peu de concurence. Il y a une partie de producteurs en Lozère qui peuvent répondre aussi à de gros volumes, un peu sur la Haute-Garonne aussi. Nous sommes quasiment les seuls sur le secteur.
Grâce à Cimelait, on peut donc, aujourd'hui en pays catalan, consommer des produits laitiers locaux. En cinq ans, la gamme s'est considérablement étoffée mais le yaourt, nature ou au fruit, reste le produit phare.
On va transformer par exemple par semaine 800 litres de lait pour faire du fromage blanc et de la faisselle alors que sur une journée on peut fabriquer 2 000 litres de yaourt. Les volumes sont aussi liés au fait que l'on vende des yaourts aux collectivités, et non des fromages blancs et des faisselles.
Aujourd'hui, Cimelait emploie 7 salariés et valorise 30% de sa production laitière. L'objectif est d'atteindre les 50% mais il sera difficile de dépasser ce seuil sans faire rapidement de nouveaux investissements.
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