Dans le Tarn, s’ouvre un paysage de dolce vita à la française : le gaillacois, célèbre terroir pour son vignoble millénaire. Dans ce joli décor, parsemé de vallons, de vignes et châteaux, "Ô la belle vie" s'intéresse à des femmes, les "Z'Elles gaillacoises", qui s'attachent à sauvegarder et valoriser les pigeonniers, emblème de la région.
Alix est vigneronne dans le gaillacois, un des plus anciens vignobles de France. Née d’une famille de viticulteurs, elle est tombée dans la marmite depuis toute petite. Lorsqu’elle fait ses études d’œnologie à Bordeaux, ses parents rachètent le domaine du château de Terride, un ancien relai de chasse qui s’étend sur près de 34 hectares.
A Terride, comme à peu près partout dans la région, Alix cultive des cépages anciens que les moines, dès le 10ème siècle ont préservé, développé et commercialisé grâce au Tarn. Et si sa passion pour la vigne ne la quitte pas, elle s'attache à préserver le patrimoine bâti qui contribue à l'originalité du paysage viticole tarnais.
Les pigeonniers comme emblème
Le Tarn est le département qui compte le plus de pigeonniers, et particulièrement le gaillacois. Il en existe près de 1700. Au fil du temps, ils sont devenus l'emblème du vignoble.
Depuis le Moyen-Age, les déjections de pigeons (ou colombine) sont utilisés comme engrais pour fumer les terres viticoles. C’est ainsi qu'au fil du temps, la région a vu fleurir des pigeonniers en plein milieu des champs ou près des vignes, construits loin des arbres pour éviter les rapaces.
Aujourd’hui, ils sont témoins d'une histoire passée. Et si certains sont réhabilités pour être transformés en gite ou hébergement, ou même en musée, d'autres sont abandonnés "J’en ai vu quelques-uns être détruits par des bulldozers car les propriétaires n’avaient pas les moyens de les restaurer ou alors peut-être, édifiés en plein milieu des champs, gênaient-ils les travaux agricoles…" confie Alix à Sophie.
Un patrimoine sauvé par les Z’Elles
Passionnée de patrimoine et épaulée par d’autres vigneronnes comme elle, Alix, décide en 2014, de fonder l’association les Z’Elles gaillacoises pour sauver les pigeonniers de la région. Chaque année, ces femmes engagées et attachées à leur terroir, organisent une vente aux enchères pour récolter les fonds nécessaires afin d'aider les propriétaires à les restaurer. A ce jour, l’association en a déjà sauvé six.
A Cadalen, un hameau de campagne à 10 minutes de Gaillac, Le pigeonnier de Jean-Marie a été choisi pour bénéficier des fonds de l’association des Z’Elles. Construit sur des piliers de grès avec capel et chapiteau, il date du XVIIIème siècle. Grâce aux 11 000 euros récoltés, le chantier va pouvoir commencer. Pour lui, ce pigeonnier a une grande valeur sentimentale. Il appartient à sa famille depuis plusieurs générations et évoque des souvenirs d’enfance, "quand j’étais gamin, on venait prendre les pigeonneaux pour aller les vendre au marché avec mes parents" raconte-t-il à Sophie.
A Gaillac, Nathalie, propriétaire du château-hôtel de Tauziès, a décidé de restaurer le sien pour créer un centre de vinothérapie, avec SPA et produits de la vigne. Le pigeonnier est assez large et massif pour offrir une base sérieuse à ce projet. Et si le concept existe déjà dans le bordelais, ce sera une première dans la région.
Une belle façon de faire revivre et conserver le patrimoine d'antan.
"Ô la belle vie : "Gaillac, la petite Toscane occitane". A voir le dimanche 14 mai 2023, à 12h55. Une émission présentée par Sophie Jovillard. Réalisé par Elodie Bonnes. Une coproduction France 3 Occitanie et Grand Angle Productions.