Depuis plusieurs années, le manque d’auxiliaires de vie ne cesse de s’accentuer. Une pénurie de main d'œuvre aux conséquences désastreuses. À l’image de Marylène Issaulan, atteinte d’une maladie dégénérative et installée à Lavaur (Tarn). À partir du 15 août 2022, elle n’aura plus personne pour l’accompagner alors qu’elle ne peut assurer seule ses besoins vitaux. Témoignage.
Dans quelques jours, Marylène Issaulan devra être hospitalisée. Elle est contrainte de quitter son logement, à Lavaur (Tarn) sans savoir quand elle pourra rentrer chez elle.
La quinquagénaire est atteinte d’une maladie dégénérative qui lui atrophie progressivement les muscles. Elle ne peut assumer seule ses besoins vitaux. Pour se laver, manger, boire ou aller aux toilettes, Marylène a besoin d’être assistée par un auxiliaire de vie. Au quotidien, 4 personnes se relaient pour assurer sa survie. Mais le 15 août prochain, elle va se retrouver livrée à elle-même. Seule et sans soins. “Je me sens totalement abandonnée”, confie-t-elle. “Rien n’est prévu pour des personnes comme moi en situation d’urgence et qui n’ont pas de famille à proximité.”
Une profession qui n’attire plus
Sur les 4 auxiliaires de vie qui l’accompagnent au quotidien, l’une part en congé, une deuxième quitte la région et une troisième change d’employeur. Impossible pour le moment de leur trouver des remplaçants. “Je vais très certainement me retrouver dans un service hospitalier pour 3 semaines et après, je ne sais pas ce qui va m’arriver”, s’inquiète Marylène. “C’est un déchirement parce que j’ai toujours vécu de manière indépendante malgré mon handicap et grâce à l’aide des auxiliaires de vie.”
Marylène Issaulan a pourtant alerté les services de l’Etat sur sa situation, mais aussi sur celle de l’ensemble des personnes dépendantes. Un problème qui s'aggrave depuis plusieurs années. “On recueille des tas de témoignages dans ce sens, au niveau national, et aussi bien à la campagne que dans les grandes agglomérations”, alarme Pascaline Renaud-Mattutzu, la déléguée départementale de l’APF-France handicap 81.
Des personnes handicapées abandonnées
“Des personnes sont abandonnées, dorment dans leur fauteuil parce qu’on n’a pu venir les aider pour le coucher ou pour le lever. Ces personnes ne mangent pas grand-chose parce qu’il n’y a personne pour leur préparer le repas. Et ça a des conséquences sur leur santé.”
À l’origine de ces situations dramatiques, la pénurie d’auxiliaires de vie. Horaires à rallonge, manque de rémunération et de défraiement, les métiers de la dépendance n’attirent plus. “Le problème, c’est aussi la mauvaise image de ces emplois”, témoigne Pascaline Renaud-Mattutzu. “Il faut les valoriser. Ils sont merveilleux, mais ils demandent un vrai investissement.”
En associatif comme dans le privé, les employeurs ne parviennent plus à recruter et les conséquences pour les personnes dépendantes sont cruelles