"Un peu moins de tourisme que les autres années" : bonne ou mauvaise saison touristique estivale, les avis divergent entre professionnels et experts

À en croire les restaurateurs, commerçants et hôteliers, la saison estivale 2024 a mal commencé dans la région. Pourtant, selon le Comité régional du tourisme et des Loisirs, l'Occitanie devrait tirer son épingle du jeu. Une estimation confirmée par l'INSEE. Malgré des variations en fonction des départements et types de tourisme, la saison, semble profitable.

Au petit matin, sur le marché de l'Isle sur Tarn (Tarn), on croise des vacanciers heureux "C'est très beau, ensoleillé, agréable". Mais aussi des commerçants et professionnels déçu de la fréquentation. Pourtant, les experts de l'INSEE analysent un début de saison estival prometteur, au même titre que la saison dernière.

Manque de monde ? Pas selon les études

Benoit Bisognin est président des forains lislois, et pour lui, même si la saison commence mal, tout n'est pas encore joué. "Nous constatons qu'à cette époque, il y a un peu moins de tourisme que les autres années. Alors, est ce que c'est dû aux Jeux Olympiques, à l'inflation ou autre, on ne peut pas le dire. Mais ça ne veut pas dire non plus qu'ils ne vont pas arriver." 

À Albi, les restaurateurs aussi font aussi grise mine. "Les Français ne sont pas au rendez-vous. Certainement partis ou en train de regarder les Jeux Olympiques. On se rend compte d'un manque de consommation ou d'une baisse de l'envie de consommer" rapporte Anyvone Monteiro, copropriétaire du restaurant l'Hérytage. Selon une étude du Comité Régional du Tourisme, 65 % des restaurateurs sont insatisfaits.

Pourtant, le Comité Régional du Tourisme et des Loisirs, est clair. "L’Occitanie devrait, comme les étés précédents, tirer son épingle du jeu, puisqu’elle demeure l’une des régions les plus attractives de France avec 15% des intentions de départ, aux côtés de la Nouvelle-Aquitaine et de PACA."

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Une tendance confirmée par les données du premier semestre recueillies par l'INSEE. "L'année dernière, en 2023, la fréquentation dans la région dépassait le niveau avant COVID, de 0.7%, et il semble que cette hausse continue pour cette saison" explique François Hild, chef de projets de l’action régionale à l’Insee Occitanie. 90 millions de nuitées touristiques ont déjà été enregistrées dans la région, un chiffre qui s'inscrit dans la continuité du début d'année.

Des variations entre les territoires

Vincent Garel, président du Comité Régional du Tourisme et des Loisirs d'Occitanie, rappelle : "notre région a, à cet effet, la chance de proposer une large diversité d’offres de destinations. Nous avons résolument la chance dans notre région de pouvoir satisfaire le plus grand nombre de ces touristes."

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Cette large diversité d'offres et de destinations, prouve aussi une différence de fréquentation selon les départements. "Globalement, il y a une stagnation du tourisme dans les départements ruraux, mais il y en a deux qui connaissent des variations. Le Gers voit sa fréquentation touristique augmenter, avec une hausse de 2% pour ce premier semestre. Le Tarn-et-Garonne, quant à lui, connaît une baisse de 8% comparée à 2023 " relate François Hild. Pour l'expert, il n'y a pas encore d'éléments explicatifs concernant cette variation de fréquentation entre les deux années.

La Ville rose toujours plus attirante

Le littoral et les grandes villes portent le tourisme de la région selon François Hild, chef de projets à l’Insee Occitanie. "La fréquentation de la ville de Toulouse est en nette hausse, avec une baisse du tourisme d'affaire, mais une augmentation du tourisme de loisirs, qui compense largement, avec une hausse de 5% de la fréquentation."

La montagne en baisse

La saison hivernale n'a définitivement pas été propice pour les Pyrénées. "Le mois de février est moins bon sur les stations de ski, même si on observe des disparités d'un mois à l'autre. Au printemps, la montagne n'arrive pas à se redresser, même si le manque de neige, pendant la période estivale, n'est plus un problème."

Des modes de consommation différents

Les habitudes de consommation des touristes étrangers et français ont-elles changé ? Possible, pour François Hild : "On n’a pas réellement de données explicatives là-dessus, mais on remarque une vraie baisse de l'activité dans les commerces et dans la restauration. Je ne suis pas certain que ce soit à cause d'un manque de touristes, mais plutôt suite à une baisse du pouvoir d’achat". 

Vincent Garel, président du CRTL explique : "Un démarrage tardif des vacances scolaires [le 5 juillet], combiné à la tenue du second tour des élections législatives le 7 juillet et l’absence de week-end prolongé le 14 juillet, couronné par un pouvoir d’achat qui reste malgré tout toujours très contraint, sont autant de facteurs qui ont pu pénaliser l’activité touristique de ce mois de juillet à la météo contrastée." Le président précise tout de même : "le CRTL ne dispose pas d’éléments suffisants pour analyser l’incidence ou non des Jeux Olympiques de Paris 2024 sur le bilan du mois de juillet."

Retour au marché de l'Isle sur Tarn (Tarn), Guy Carme est traiteur, habitué du marché. "Les Anglais, on les voit très peu, pareil pour les Espagnols, alors que normalement, c'était des touristes qui venaient en nombre. Cette année, c'est désertique à ce niveau-là".

Pourtant, si la clientèle française représente 64% du total des nuitées, dans la région, c'est le tourisme étranger qui augmente, porté par la fréquentation du littoral et de la métropole toulousaine. "L'explication simple, c'est que les Français ont tendance à s'orienter vers l'étranger et les Anglais et espagnols à venir chez nous. Mais on reste en dessous de la fréquentation du niveau avant COVID pour les touristes étrangers."

Le mois d'août pour sauver la saison ?

Il ne reste donc qu'à espérer que le mois d'août puisse améliorer le ressenti des professionnels. À Castelnau de Montmiral dans le Tarn, le président de l'association tarnaise de l'hôtellerie de Plein Air est confiant. "Le mois d'août est un mois de prédilection pour un grand nombre de professionnels. Fort heureusement, la majorité des campings dans le Tarn fait le plein, ou du moins dispose d'une fréquentation acceptable pour passer le cap."

Selon le Comité Régional du tourisme et du loisir, le camping reste l'un des modes d'hébergement privilégié pendant les vacances, aux côtés de la location, avec 7.6 millions de nuitées réservées. Selon le CRTL, 57 % de propriétaires de gîtes et locations tirent leur épingle du jeu en juillet, comme les chambres d'hôtes et les campings, dont près d'un professionnel sur deux juge son activité satisfaisante.