"Je veux que justice soit rendue à ma fille" : la mère d'Amandine Estrabaud témoigne à la veille du procès

Jeudi 8 octobre 2020, le procès de Guerric Jehanno s'ouvre devant les assises du Tarn, à Albi. Cet homme de 32 ans comparaît pour l'enlèvement, la séquestration, le viol et le meurtre d'Amandine Estrabaud, disparue en 2013 à Roquecourbe et dont le corps n'a jamais été retrouvé.

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Pour elle, ce procès sera l'occasion "d'être entendue", "de tout décortiquer", "de poser des questions". Sept ans après la disparition de sa fille Amandine, Monique Sire attend toujours des réponses. Elle en attend surtout de l'accusé, Guerric Jehanno, dont la culpabilité ne fait pour elle aucun doute. "S'il a un peu de dignité, qu'il parle", dit-elle.

J'ai vu le dossier, j'ai eu largement le temps de le voir et de le revoir. Maintenant, je veux que justice soit rendue à ma fille parce que je sais très bien que Guerric Jehanno est coupable, quoi que puisse en dire son avocat ou qui que ce soit. Guerric Jehanno est coupable, il a tué ma fille et moi, maintenant, j'attends une justice. 

Monique Sire, la mère d'Amandine Estrabaud

Une disparition inquiétante en 2013

Sa fille Amandine, 30 ans, a disparu le 18 juin 2013. Ce jour-là, elle a quitté son travail au lycée Anne Veaute de Castres un peu après 13 heures et est rentrée, en partie en stop, à son domicile de Roquecourbe, dans le Tarn.
Sa mère, inquiète de ne pas avoir de ses nouvelles, donne l'alerte le lendemain. Sur place, les gendarmes découvrent la porte laissée ouverte. Un peu plus loin, ils repèrent des traces de véhicule et trouvent les chaussures de la jeune femme ainsi que ses boucles d'oreilles. La piste de l'enlèvement est privilégiée, une enquête pour disparition inquiétante est ouverte

Un jeune homme de Roquecourbe arrêté en 2016

Trois ans plus tard, en avril 2016, Guerric Jehanno, un maçon de 28 ans, est placé en garde à vue. Cet ami du frère d'Amandine habite lui aussi à Roquecourbe. Il travaillait sur un chantier à proximité de la maison de la jeune femme, le jour de sa disparition. Il est mis en examen et écroué pour enlèvement et séquestration quelques jours plus tard. En juin de la même année, il sera aussi mis en examen pour viol et meurtre après s'être confié à son codétenu, au sujet de la disparition de la jeune femme. Selon ce dernier, il aurait même dessiné un plan du lieu où il aurait dissimulé son corps dans une forêt du Sidobre. Les gendarmes fouillent alors le secteur du lieu-dit La Favier à Lacrouzette. Sans succès.
Tout le long de l'instruction, Guerric Jehanno n'a jamais cessé de clamer son innocence, même si deux autres co-détenus ont relaté de nouvelles confessions de sa part. En janvier 2018, il aurait évoqué avec eux le viol et le meurtre d'une "fille de son village". 
Toutes ses demandes de remise en liberté ont été rejetées et son renvoi devant une cour d'assises pour enlèvement, séquestration, viol et meurtre a été requis en avril 2019 par le parquet de Toulouse

Voir ici le rappel des faits par Aziza Poittevin :

Aucune preuve de crime pour la défense

Maître Simon Cohen, qui défend Guerric Jehanno, l'a beaucoup répété pendant toute l'instruction du dossier, pour lui, il n'y a "aucun élément de preuve" contre son client. "Ce dossier n'a pas évolué", dit-il aujourd'hui, à la veille du procès. "7 années plus tard, l'accusation n'est pas en mesure d'apporter la preuve qu'un crime a été commis. Il n'y a pas un seul indice qui permette de dire que c'est un crime."

Y-a-t-il eu un crime ? Voilà la première et la seule question du dossier. On ne peut pas poursuivre une infraction si on n'est pas en mesure de prouver qu'elle a été commise. Quand on n'a pas la preuve du crime, comment peut-on trouver des preuves contre le suspect ? S'il y a un crime, on doit retrouver des traces de ce crime. Ici, il n'y a rien, pas la moindre gouttelette de sang, pas le moindre cheveu, rien. Est-ce que dans le dossier, quelque chose me permet de penser qu'un crime a été commis. La réponse est non. Peut-être n'a-t-elle pas été tuée.

Simon Cohen, avocat de Guerric Jehanno

"D'entrée, il a été entendu que ma fille n'était pas partie d'elle-même" lui répond Monique Sire. "Il s'est passé quelque chose dans le jardin. Ses chaussures, ses boucles d'oreilles... Il s'est passé quelque chose de très violent donc dire que ma fille est partie, comme on l'a entendu et ré-entendu, c'est insoutenable. C'est un manque de respect pour ma fille qui ne peut plus répondre et pour nous."

Qu'est-il arrivé à Amandine Estrabaud, le 18 juin 2013 ? Guerric Jehanno l'a-t-il séquestrée, violée et tuée avant de faire disparaître son corps ? Les jurés de la cour d'assises du Tarn auront 5 jours, du 8 au 14 octobre 2020, pour se forger une intime conviction. 





 
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