TEMOIGNAGE. Anniversaire explosion AZF. Il y a 20 ans : "la fabuleuse solidarité toulousaine", selon Douste-Blazy

Souvenez-vous, c’était il y a 20 ans. 21 septembre 2001 à Toulouse, l’explosion du hangar 221 de l’usine AZF fait 31 morts et des milliers de blessés. Médecin, Philippe Douste-Blazy est également le maire de Toulouse. 10h17, c'est l'explosion, et très vite, il y a urgence. #20ansexplosionAZF.

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Ils sont ouvriers, professeurs, commerçants, à la retraite, médecins, pompiers, élus. Toulousains de tous âges. Le 21 septembre 2001, à 10h17, ils ont vécu l'explosion d’AZF. "Impression de chaos". "C’était l’horreur, la guerre…". Marqués, choqués. Indemnes ou blessés, sinistrés ou dans le deuil. Á cette époque, Philippe Douste-Blazy est maire de Toulouse. 10h17, il est dans son bureau, place du Capitole.

Le drame

"Le 21 septembre 2001 à 10h17, je travaille avec un fonctionnaire de la mairie, dans mon bureau. Et je suis au téléphone avec un conseiller du président de la République." Première détonation. Le maire de Toulouse poursuit sa conversation téléphonique. "Et puis, brutalement, j'entends une énorme détonation."

Une partie des fenêtres du salon rouge, place du Capitole, traverse la pièce. Les vitres explosent. Je raccroche immédiatement et je pense qu'il y a une explosion dans le sous-sol de la mairie, là où les agents prennent le café.

Philippe Douste-Blazy, médecin avant d'être homme politique, court vérifier. Rien. Il entend ensuite parler d'une explosion du réservoir de kérosène d'Airbus. Puis, de l'Onia. La poudrerie. "Là, je prends la voiture avec mon chauffeur. Nous partons, nous arrivons sur la rocade et nous voyons toute la chaussée blanche. De la poussière blanche partout. Des voitures qui sont sur le toit. Des voitures éventrées et des gens affolés..." Le maire de Toulouse veut poursuivre sa route, jusqu'AZF.

Nous continuons. Nous crevons les quatre pneus, et nous arrivons à la fameuse porte de l'usine, d'où sortent des ouvriers ensanglantés. Et c'est là où je comprends que c'est un drame.

Médecin, Philippe Douste-Blazy porte attention à tous les gestes de première urgence. "Le problème, c'était de ne pas enlever les bouts de verre qui touchaient la carotide." Le maire de Toulouse doit se coordonner avec le chef des pompiers. "Il a fallu très vite aller au CHU organiser un système, carrément de guerre,  pour faire passer en premier les cas les plus graves."

Un homme seul dans de telles circonstances

"Dès l'instant où il y a l'explosion, il n'y a pas une seule personne à Toulouse et en France qui ne pense pas attentat." Philippe Douste-Blazy décroche le combiné. Appelle le président de la République, Jacques Chirac. Le Premier ministre, Lionel Jospin. "Je suis rapide et sec, je leur dis : venez. Et je raccroche."

Quand vous êtes le maire d'une ville où, la plus grande catastrophe industrielle depuis la deuxième guerre mondiale arrive, vous êtes un homme seul. Il faut prendre des décisions.

"En même temps, j'ai trouvé que les Toulousains et les Toulousaines ont été extraordinaires. Il y a eu une solidarité fabuleuse." Philippe Douste-Blazy, maire de Toulouse à l'époque, se souvient de la réquisition des gymnases "pour ceux qui ne pouvaient pas rester chez eux." Avocats, médecins, infirmières et psychologues sont mobilisés pour expliquer, rassurer. Pendant 4 jours et 4 nuits.

Il y a même une anesthésiste... La pauvre, j'y pense aujourd'hui, qui s'est suicidée après. Parce qu'elle était exténuée.

Ces moments s'avèrent extrêmement difficiles, avoue vingt ans plus tard l'ancien maire de Toulouse. "Il y avait des dizaines de morts, il y avait des milliers de blessés. Des gens qui, encore aujourd'hui, ont encore des séquelles." Philippe Douste-Blazy reconnait qu'à ce moment-là, il fallait parer au plus pressé et "très vite ensuite, vouloir rebondir pour faire de ce lieu où on a été meurtri, un lieu d'espoir."

"Soigner... Uniquement soigner"

Une fois les autorités alertées, "je m'occupe avec le préfet, avec le colonel des pompiers, de ce qu'il fallait faire. C'est-à-dire de l'urgence." Soigner. 20 ans plus tard, Philippe Douste-Blazy n'a quasiment que ce mot-là à la bouche. "Ne pas perdre un seul Toulousain parce qu'il était blessé. Voilà ce que nous avons fait."

Peut-être que le fait d'être médecin m'a aidé. Mais je pense que dans ces cas-là, il faut être extrêmement rapide et uniquement branché sur l'urgence. Ensuite, on voit plus tard.

Maire de Toulouse, Philippe Douste-Blazy se rend sur le site d'AZF. L'élu confie aujourd'hui ne pas avoir eu de "moment de panique". Mais il a eu peur, "très peur."

Ce 21 septembre 2001, la seule crainte évoquée par le premier édile de la ville rose, c'est "le gaz mortel",  qui pouvait éventuellemnt s'échapper de l'usine voisine. Mais, heureusement, ce ne fût pas le cas. Philippe Douste-Blazy dort alors trois heures par nuit. Maximum.

"Il y avait des milliers de personnes qui n'avaient plus la capacité de dormir chez eux. Il a fallu réquisionner les gymnases. Assurer l'alimentation des personnes, s'occuper des enfants,.Bien regarder s'il n'y avait pas de troubles auditifs graves, mais aussi psychologiques ou physiques." Encore une fois, pour le maire de Toulouse, l'important est de parer au plus pressé sur le plan médical.

L'après AZF

Parler avec une personne de chez Total. C'est très vite le voeu de Philippe Douste-Blazy après la catastrophe. "Patrick Timbard était celui-là." Avec lui, la municipalité engage les reconstructions. Les stades, lycées et immeubles, aux dires de Philippe Douste-Blazy. "Nous avons tout refait, de ce que l'on pouvait refaire". Le maire de Toulouse de l'époque dit avoir également parler avec tous les chefs d'entreprise, petite ou grande, "pour immédiatement parer au plus pressé et qu'ils ne fassent pas faillite."

Après l'explosion j'ai vu arriver des promoteurs de toute la France pour y construire des immeubles. Je ne le voulais pas. Je voulais que dans ce lieu où nous avons été meurtri, qu'il y ait de l'espoir. Que ce soit l'un des plus grands centres de lutte contre le cancer en Europe.

20 ans plus tard, Philippe Douste-Blazy, maire de Toulouse lors de l'explosion d'AZF en 2001, peut se targuer d'avoir récupérer "les 100 ha d'AZF pour 1€, et les 100 ha du ministère de la Défense pour 1€" également. L'idée d'un campus et de l'Oncopôle est sur les rails. Le centre affiche 15.000 consultations en 2020. 

La fierté est là. "Chaque 21 septembre à 10h17, je pense aux gens qui ont perdu leur vie. Et je pense aux gens qui souffrent depuis cette catastrophe. Nous avons tous vécu un moment difficile, mais ce n'est pas le sujet. Le sujet, ce sont eux",  nous a confie Philippe Douste-Blazy. Et l'ancien ministre de poursuivre sur l'Oncopôle, "l'endroit où on va tordre le cou à cette maladie."

Retrouvez l'ensemble des témoignages recueillis pour la série anniversaire : il était 10h17, les 20 ans de l'explosion de l'usine AZF.

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