Les vendanges démarrent dans les vignobles du Languedoc et du Roussillon, avec quelques jours de retard par rapport en 2018 et des prévisions de récolte en baisse. En cause : le gel du printemps, suivi de la canicule de juin et de la sécheresse estivale. Mais la qualité s'annonce exceptionnelle.
Dans les vignobles du Languedoc et du Roussillon, les vendanges 2019 démarrent en cette fin de mois d'août avec une dizaine de jours de retard par rapport à l'an dernier, soit un retour à la normale après une année 2018 tardive. Les prévisions de récolte s'annoncent également en baisse dans toute l'Occitanie, selon Jean-Marie Fabre, viticulteur à Fitou (Aude) et président du syndicat des vignerons indépendants (qui représente 55% de la production nationale) :
Il est difficile de quantifier les volumes tant que les premiers raisins ne seront pas en cave, d'autant qu'on n'est pas sûrs qu'il ne pleuve pas ou ne grêle pas avant la fin des vendanges. Mais compte tenu des aléas climatiques cette année, on sait déjà qu'ils seront en nette baisse.
Une année de bouleversements climatiques
En effet, les épisodes climatiques ont soufflé le froid et le chaud toute l'année sur le moral des vignerons. La vigne a souffert à plusieurs reprises. En cause :
- le gel d'avril (qui a touché un autre terroir d'Occitanie : celui de Cahors où certains vignerons ont perdu 70 à 80% de leur récolte),
- des coulures sur certains cépages en mai (on appelle coulure le fait que les fleurs avortent, se dessèchent et tombent sans donner de grains),
- la canicule de juin qui a littéralement grillé les grains (on appelle ce coup de soleil brutal l'échaudage),
- la sécheresse estivale.
L'Aude, le Gard et l'Hérault sont les plus touchés
L'Aude dans sa frange littorale de Fitou aux portes de Narbonne, le Gard principalement autour de Nîmes et l'Hérault essentiellement dans le Montpelliérain sont les zones viticoles les plus touchées par la canicule du 28 juin. Les Pyrénées-Orientales semblent avoir moins pâti de la météo.
De grands vins en perspective
En raison de ce climet très sec, les grains sont plus petits. En revanche, ils sont parfaitement sains, comme l'explique Jean-Marie Fabre :
Ce climat très sec a empêché le développement des maladies de la vigne : la promesse de qualité est donc excellente !
Les rouges comme les blancs promettent de grands millésimes, car leur qualité est optimale. La récolte 2019 devrait donc produire de grands vins de garde.
Les cépages destinés au rosé vendangés à la fraîcheur de la fin de nuit
Autre conséquence de cette météo capricieuse : il faut adapter les horaires de récolte, surtout pour les cépages destinés au rosé. Un vin qui, idéalement, ne dépasse par les 12 degrés. La vendange s'opère donc en fin de nuit, jusqu'en fin de matinée, entre 3 heures et 11 heures, afin de préserver la fraîcheur du raisin, synonyme de taux de sucre moins élevé.
La pluie, à la fois espérée et redoutée
Reste que pour que les cépages tardifs atteignent une maturité optimale, il faudrait maintenant qu'il pleuve, mais pas trop non plus. Jean-Marie Fabre détaille :
Si il tombait 20 à 60 millimètres d'eau, tout le monde les prendrait ! Au-delà, ce serait une catastrophe. Trop d'eau risque de dilluer la qualité. Surtout, trop d'eau d'un seul coup sur des plantes déshydratées risquerait de les détruire.
L'irrigation en question
Une situation compliquée par le règlement des AOP (Appellations d'Origine Protégée) de tout le Languedoc, qui interdit l'irrigation au-delà du 15 août. Selon Jean-Marie Fabre, si les changements climatiques se confirment, la question d'une modification de la règlementation "s'imposera" pour maintenir une production viticole de qualité dans notre région.