L'ours des Pyrénées n'en finit pas d'alimenter les journaux d'information, entre attaques, sauvetage d'ourson esseulé, rencontre fortuite avec des randonneurs et divulgation d'images dans son milieu naturel, l'animal sauvage fascine autant qu'il inquiète. Décryptage en images.
Depuis des décennies, l'ours des Pyrénées fait l'objet de discussions tendues, entre les Français. L'animal est présent en France et en Europe depuis la préhistoire. Et son déclin s'est accentué à partir du XIII siècle, en raison de l'exploitation de son habitat. Après avoir presque complètement disparu au XXI siècle, les politiques s'en sont mélés et un plan de réintroduction à l'échelle européenne a été mis en place. L'arrivée des ourses Sorita et Claverina en 2018 dans les Pyrénées Béarnaises est le dernier acte marquant du plan de sauvegarde de l'espèce. La réintroduction des deux animaux slovènes s'est faite dans un climat de fortes tensions.
Le sujet oppose de façon radicale, deux clans irréconcilables, qui mènent une guerre de communication images à l'appui.
Des images apaisantes de nounours
Les derniers chiffres des équipes du suivi de l'ours permettent d'affirmer qu'il y a au moins 50 ours qui déambulent dans les Pyrénées (entre les Pyrénées-Atlantiques et la Haute-Garonne) sur ses deux versants français et espagnols. Aucun animal n'a été détecté durablement dans les Pyrénées-Orientales.Ces ours dont 3 seulement sont suivis grâce à équipement GPS sont essentiellement concentrés dans la partie centrale de la chaine, notamment en Ariège.
La population est observée par des équipes (appartenant à l'ONCFS). Entre autres moyens, des caméras et des appareils photos automatiques sont placés sur des parcours déterminés. Et ce sont des images apaisantes qui sont mises en ligne.
Des animaux placides qui s'adonnent à leurs occupations naturelles, loin des troupeaux et des randonneurs de passage. Dans la vidéo, l'ours, est un bel animal, il n'est pas menaçant, car il ne se sent pas en danger. La vue des oursons dont l'occupation principale et le jeu dans leurs premiers mois est même réjouissante pour les défenseurs de la biodiversité. L'image du plantigrade n'est pas celle de tueur d'hommes et de brebis qui faisait sa réputation au XIXème siècle.
Que dire encore de ce randonneur de 9 ans qui a pu observer et filmer pendant plusieurs heures un ours situé à seulement 80m de lui en toute tranquilité, sans être inquiété par l'animal.
Avec l'augmentation du nombre d'indoividu le risque augmente.
Des récits effrayants et des images de cadavres
A contrario, l'inquiétude augmente quand on entend les récits de randonneurs qui ont du faire face à l'ours. Récemment, un jeune homme a été poursuivi sur plusieurs mètres par une maman ourse agressive. Il a dû partir en courant au risque de tomber ou pire d'être rattrapé. Son récit fait froid dans le dos.Même frayeur au regard des nombreuses prédations. Les derniers chiffres confirment une forte augmentation, qui en toute logique est à mettre en correlation avec le nombre d'individus. Mais certains ours sont particulièrement agressifs, notamment Goiat qui laisse derrière lui des cadavres d'équidés et s'approche de trop près des habitations.
Er os Goiat ataquèc ena darrèra maitiada a ua oelha e ua cordera d’un mes d’edat en municipi de Bausen ena Val d’Aran https://t.co/iDSY8pv4WW pic.twitter.com/gPG6wXNcBe
— Conselh Generau Aran (@conselharan) 25 avril 2019
Les troupeaux de brebis en estive paient aussi cher la présence de l'ours dans les montagnes. Le dernier dérochement imputé à l'ours a entrainé la mort de 260 brebis en une seule nuit entre le 25 et le 26 juin. Cela explique la colère des éleveurs. Leur cheptel est décimé. Malgré les indemnisations, ces pertes se ressentent sur plusieurs années.
Dans le Couserans, les éleveurs font face à l'ours. Un ou plusieurs ursidés attaquent les troupeaux en présence de chiens de surveillance et cela même pendant la journée, explique le berger.
La bataille de l'image dans la problématique de l'ours est loin d'être terminée. Avec les beaux jours, les brebis dans les estives et les randonneurs dans la montagne, il y a fort à parier que l'histoire de l'ours dans les Pyrénées ne va pas en rester là.