TEMOIGNAGE. Prêtre tué en Vendée : la Nantaise Cécile Murray a accueilli Emmanuel Abayisenga à son arrivée à Nantes

Qui est Emmanuel Abayisenga ? Les témoignages de celles et ceux qui l'ont côtoyé depuis son arrivée à Nantes sont concordants, et décrivent une personne aimable, volontaire, croyante. Cécile Murray lui a appris le Français, elle se considère depuis comme son amie.

Cécile Murray, sur sa page Facebook a réagi vivement aux polémiques suscitées par le meurtre dont s'est accusé Emmanuel Abayisenga sur la personne du père Olivier Maire à Saint-Laurent-sur-Sèvre le 9 août 2021.

"Je suis professeur de français pour les étrangers. Dans un groupe en 2013, j'ai fait la connaissance d'Emmanuel. Une belle amitié est née de cette rencontre. C'est une personne très douce, en qui j'avais confiance. Nous l'avons souvent reçu chez nous, il a joué avec mes enfants".

"Emmanuel a été profondément déçu par ce refus" 

Cécile a suivi la demande d'asile, et vu l'effet produit par le refus de l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides). "J'étais présente lors de la lecture du refus de l'Ofpra, c'est quelque chose de difficile à lire, tant en termes de compréhension que d'émotion. Emmanuel a été profondément déçu par ce refus, qui n'accordait pas de crédit au récit de sa vie au Rwanda".

Dans le cadre de l'apprentissage du Français, Emmanuel Abayisenga a découvert l'association Atao, une entreprise sociale apprenante, dont la tante de Cécile est l'une des animatrices. "Nous avons visité un atelier de réfection de meubles chez Atao. Il a tout de suite été conquis. Il y a participé durant un an ou un an et demi. Ma tante l'a hébergé par la suite".

"C'était un homme très doux"

La solidarité c'est organisée autour d'Emmanuel Abayisenga. "On n'a pas échangé souvent sur sa vie passée, c'était un homme très doux. Il avait de la tristesse, il ne comprenait pas pourquoi on ne le croyait pas. C'était très dur pour lui de ne pas être cru, qu'on remette en cause jusqu'à ses liens familiaux".

Emmanuel Abayisenga tentait de s'intégrer en dépit de cette souffrance. "Je pense que dans sa détresse morale, il y a un élément déclencheur, un tournant dans son état psychique, c'est lorsqu'il a été attaqué sur le parvis de la cathédrale de Nantes".

Cécile ne regrette, ni son amitié, ni le soutien apporté. Elle réagit fermement sur sa page Facebook contre la récupération politique et la polémique qui a pris corps autour du drame de Saint-Laurent-sur-Sèvre. "Je veux dire à Madame Le Pen que oui, il fallait accueillir cet homme menacé de mort au Rwanda. Mais la France ne l'a pas fait".

C'est la solidarité des citoyens, des religieux, des missionnaires, des associations, qui prennent soin de ces personnes déboutées du droit d'asile. "Ce sont les fantômes de notre République des droits de l’homme".

"Un exilé connu parce qu'il est tombé"

Cécile ne peut pas rapprocher le parcours de vie d'Emmanuel Abayisenga de la sienne. "Moi, fille de fils d’immigré d’Algérie, j’ai eu la chance d’apprendre à écrire. Aujourd’hui je tenais à ce que ma plume témoigne de l’histoire d’un exilé, qui n’a lui pas eu la même chance que ma famille en France. Un exilé qui a été ignoré lorsqu’il tenait bon, et qui aujourd’hui est connu parce qu’il est tombé".

 

Vous pouvez lire la totalité du texte publié par Cécile Murray sur sa page Facebook ici :

Une enquête ouverte pour "homicide volontaire"

Emmanuel Abayisenga s'est lui-même rendu à la gendarmerie de Mortagne-sur-Sèvre lundi matin, s'accusant du meurtre du prêtre Olivier Maire, un homme de 61 ans, supérieur provincial de la communauté des Montfortains à Saint-Laurent-sur-Sèvre.  
    
Abayisenga, un Rwandais de 40 ans, était arrivé en France en 2012. Il est également l'incendiaire présumé de la cathédrale de Nantes le 18 juillet 2020. Il était hébergé par les pères montfortains, dans le cadre de son contrôle judiciaire, en attente de son procès.

Il avait auparavant été incarcéré du 20 juillet 2020 au 31 mai 2021, dans le cadre de l'enquête sur l'incendie de la cathédrale de Nantes. .A sa sortie de prison, il avait été placé sous contrôle judiciaire, avec une obligation de résidence au sein de la communauté religieuse des Monfortains.

Emmanuel Abayisenga était sorti le 29 juillet d'une hospitalisation en psychiatrie de plus d'un mois. 
    
A la suite de la mort du prêtre, une enquête a été ouverte pour "homicide volontaire" et, en l'état, "aucun mobile lié à un motif terroriste" n'apparait dans cette affaire, avait précisé lundi Yannick Le Goater, le vice-procureur de La Roche-sur-Yon.

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