"C'est un coup dur pour nous" : les attaques de loups répétées inquiètent des éleveurs bovins

Face à la recrudescence des attaques de loup dans les Alpes de Haute-Provence, des éleveurs bovins demandent la mise en place de mesures adaptées pour protéger leurs troupeaux et pour leur venir en aide.

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La réunion tant espérée s'est tenue sur l'exploitation d'Elia Pergolizzi, à Authon, au cœur du massif des Monges, le 31 octobre. L'histoire de cette éleveuse de bovins est édifiante. Victime de plusieurs attaques de loups durant l'été 2024, elle a perdu huit bêtes en l'espace de dix jours, "un carnage". Et ce n'était pas la première fois qu'elle se retrouvait confrontée au prédateur depuis qu'elle a repris la ferme familiale.

"Une horreur encore, à un moment de l'année où on est censé lever le pied et partir en vacances". Et puis aussi, "un coup dur" pour son troupeau qui a enduré "le stress et la panique absolue", se souvient l'agricultrice. Elle craint d'ailleurs toujours "des avortements à venir chez des vaches qui sont pleines" et croise les doigts pour que l'hiver n'apporte pas son lot de nouveaux traumatismes.

Alors, Elia Pergolizzi était impatiente à l'idée de "dialoguer pour faire avancer les choses", mais le préfet a décliné l’invitation de la Confédération paysanne la veille. La réunion s'est tenue quand même en présence des services concernés, l'OFB (Office français de la Biodiversité), la DDT (Direction départementale des territoires) et de lieutenants de louveterie. Mais l'éleveuse se dit "blessée et en colère" face à cette reculade. Il est temps, selon elle, de dépassionner le débat pour trouver des solutions : "on n’a pas le choix, le seul moyen d'arrêter le loup, c'est de prélever".

La protection au cœur du débat

Le loup, dont la population augmente partout en Europe, est une espèce strictement protégée, notamment par la Convention de Berne. Un loup ne peut être abattu que dans des conditions bien précises, après une ou des attaques, et seulement avec le feu vert de l’État. Ce sont les préfets qui prennent des arrêtés de tirs, autorisant les louvetiers à intervenir sur une exploitation ciblée par la prédation.

Autour du loup, il y a beaucoup passions et des clivages "chasseurs-écologistes". Nous, les éleveurs, on est un peu au milieu. Il faudrait un espace d'écoute et d'échange.

Elia Pergolizzi, éleveuse de bovins à Authon

France 3 Provence

Un cinquième plan national d'action (PNA), baptisé "plan loups 2024-2029" définit les contours des règles sur le territoire français. Deux visions se disputent la priorité : la protection de l'animal et la préservation de l'agriculture. Si la conservation de l’espèce semble désormais assurée, du point de vue des éleveurs, le loup menace plus que jamais leur activité, en particulier le pastoralisme. Les uns montrent les dents, les autres se sentent acculés. La tension monte.

Le loup a changé d'attitude

Yannick Becker, le porte-parole régional et départemental de la Confédération paysanne est aussi élu sortant à la chambre d'agriculture des Alpes-de-Haute-Provence. Cet éleveur du Brusquet est en pleine campagne à l'approche des élections 2025 et milite pour la mise en place de mesures dédiées aux éleveurs bovins, au même titre que les éleveurs ovins et caprins, pour leur permettre de faire face aux attaques de loups.

L'élevage bovin est un angle mort du "plan loups", parce que durant des années ce n'était pas vraiment un problème. Aujourd'hui, ç'en est devenu un.

Yannick Becker, porte-parole régional de la Confédération paysanne

France Provence-Alpes

"On manque de connaissances sur les pratiques et les types d'élevage bovin", explique le syndicaliste, qui réclame une cartographie pour faire apparaître les spécificités de cette activité. Et puis, il est nécessaire, dit-il, de tenir compte du changement d'attitude du loup "par rapport à ce qu'on connaissait de lui, il y a trente ans". Yannick Becker explique que le prédateur se concentrait autrefois sur les petits ruminants, mais se retrouve contraint de reculer devant les moyens de protection, instaurés dans les élevages de chèvres et de brebis. Dissuadé par les filets électrifiés, les parcs de nuit, les chiens de protection ou les bergers d'appui, "le prédateur se retourne de plus en plus vers le gros bétail".

Des tirs de défense autorisés sans attendre

"On parle beaucoup de ce qui est arrivé à Elia, perdre huit bêtes, c'est quand même exceptionnel", confie le porte-parole de la confédération paysanne. Alors, face à la hausse du nombre d'attaques et de victimes, soit 30 bovins tués à ce jour en 2024 dans le département, Yannick Becker veut avancer sur tous les terrains : le calcul des indemnisations, la prise en compte d’un temps plus long de renouvellement des troupeaux, les tirs de défense autorisés dès la première attaque, sans attendre la première victime comme le prévoit le cadre légal. Et puis les moyens de protection.

L'élevage bovin est considéré comme "non protégeable", déplore-t-il, alors qu'il est désormais grand temps de se mobiliser pour défendre les troupeaux des quelque 200 fermes du département et des 900 éleveurs bovins de la région.

En 2024, 707 victimes d'attaques de loup ont été enregistrées à ce jour dans les Alpes-de-Haute-Provence, toutes espèces confondues. Un bilan sensiblement en hausse dans cette zone de la région Paca qui recense deux tiers des loups en France.

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