Un rapport d'expertise médical a conclu ces derniers jours que les blessures infligées à Hedi ne proviennent pas du tir de LBD comme précédemment évoqué, mais des multiples coups, donné à la tête par des matraques.
Un an et quelques jours après la mort de Nahel à Nanterre et les émeutes qui en découlaient, un rapport d'expertise médical vient mettre en lumière de nouvelles révélations sur l'affaire Hedi à Marseille. Le jeune homme blessé dans la nuit du 1ᵉʳ au 2 juillet a eu une partie du crâne amputé. Ce rapport médical précise que les blessures les plus importantes infligées à Hedi ne provenaient pas d'un tir de LBD comme ce fut la thèse jusqu'à maintenant, mais plutôt aux coups répétés sur le crâne de la victime. Au moment de la rédaction de cet article, le parquet de Marseille, contacté, n'est pas encore revenu vers France 3 Provence-Alpes à ce sujet.
Un rapport médical éclaire sur l'origine des blessures
L'information a été révélée par France Bleu Provence ce mercredi 3 juillet. Les journalistes affirment avoir eu accès au rapport médical qui précise les causes des blessures au crâne de Hedi. Le jeune homme de 22 ans, avait été hospitalisé après avoir reçu un tir de LBD dans la tempe. Il avait dû être amputé d'une partie du crâne après des coups et blessures infligés suite aux émeutes à Marseille dans la nuit du 1ᵉʳ au 2 juillet 2023. L'avocat d'Hedi, Me Jacques-Antoine Preziosi, qui refuse de répondre à France 3 Provence-Alpes, a confirmé auprès de l'AFP "ce sont a priori les coups portés au sol après le tir de LBD qui sont à l'origine des plus importantes séquelles" et non le tir qui semblait "le plus spectaculaire pour tout le monde".
La victime toujours en convalescence
Un an après les faits, Hedi ne va guère mieux, "malheureusement, je me sens toujours pareil qu'il y a un an", déclare-t-il à La Provence qui a recueilli son témoignage.
Expliquant que la greffe de crâne n'a pas pris: "mon crâne apparait comme un corps étranger, donc il est en train de se faire manger de l'intérieur. Il faut tout refaire", confie dépité le jeune homme.
Je pense que c'est important de tourner la page et je ne veux pas attendre le procès pour passer à autre chose. Mais ce ne sera pas pour cette année.
Hedi
Une nouvelle opération est prévue pour le jeune homme, très lourde et comporte de nombreux risques.
"Il y a des possibilités que je ne remarche pas, que je reparle plus, que je finisse peut-être légume... mais je n'y pense pas. Parce que je ne veux pas que cela arrive. Le soleil se lève et moi aussi", déclare le jeune homme à La Provence.
Un tir de LBD est tout de même confirmé
Un policier de la Bac mis en cause dans l'affaire Hedi, Chrisophe I., a été remis en liberté le 1ᵉʳ septembre dernier après 40 jours de détention. Il est soupçonné d'avoir tiré une cartouche de LBD sur la tête du jeune homme de 22 ans, dans la nuit du 1ᵉʳ au 2 juillet, dans le centre-ville de Marseille, en marge des émeutes, suite à la mort de Nahel. Des accusations qu'il avait reconnues pour la première fois le jeudi 3 août devant la cour d'appel d'Aix-en-Provence.
Pendant son passage à tabac, Hedi s'est fait casser la mâchoire. Après le départ des policiers, il se relève, s'éloigne, puis palpe son crâne. "Quand j'ai voulu me toucher la tête, je n'ai pas senti mon crâne." Il fait ensuite une crise de panique. "J'ai commencé malheureusement à vomir, à me pisser dessus". Puis, il perd connaissance, et passe plusieurs heures dans le coma.
L'enquête se poursuit
Quatre policiers marseillais avaient été soupçonnés d'avoir tiré au LBD sur le jeune Marseille et de l'avoir roué de coups dans la nuit du 1er au 2 juillet. Les quatre policiers de la brigade anticriminalité de Marseille ont été mis en examen pour violences volontaires aggravées. L'un d'eux, placé en détention provisoire, a finalement reconnu le 4 août dernier devant la justice avoir fait "usage de LBD", ce qu'il avait nié. L'avocat général avait évoqué les éléments livrés par l'exploitation de caméras de surveillance, prouvant que la victime avait été rouée de coups. Le jeudi 3 août dernier, la cour d'appel d'Aix-en-Provence avait décidé du maintien en détention provisoire du policier soupçonné d'être à l'origine de ce tir. Il est resté 40 jours en détention avant d'être libéré sous contrôle judiciaire.
L'avocat de Hedi souhaiterait une reconstitution qui permettrait de définir le rôle de chacun et également celui de la commandante du groupe, qui a été entendue sous le statut de témoin assisté, sans faire l'objet de poursuite, selon lui.
L'expertise médicale oriente en tout cas l'affaire vers un probable procès en correctionnelle et non aux assises, car elle qualifie "l'agression de délit, mais pas de crime", a expliqué Me Preziosi à l'AFP.
D'autres cas de supposées violences policières sont en cours d'instruction, toujours liées aux émeutes de début juillet 2023. Au total, le parquet a ouvert 10 enquêtes, dont cinq font l'objet d'investigations approfondies dans le cadre d'informations judiciaires, avait-il confirmé à l'AFP le 20 juin.