Covid : une fête du Travail au goût amer pour les précaires qui ont du mal à s'en sortir

3 500 personnes, selon la préfecture de Police, ont battu le pavé, sous la pluie ce 1er mai à Marseille. Le mauvais temps est dans le ciel mais aussi pour l'emploi. Entre télétravail forcé, cdd oubliés, intermittents sur la touche ou intérimaires sans contrat, la crise a accentué la précarité.

Le 1er Mai, c'est la fête du Travail, mais surtout la journée internationale de lutte pour les droits des travailleurs.

Avant la manifestation de ce samedi à Marseille, nous avions rencontré plusieurs travailleurs précaires, pour recueillir leurs témoignages. En cette journée particulière, ils sont loin d'être à la fête.

Ils sont les oubliés de la crise du Covid, et pourtant si essentiels.

ILS, ce sont les travailleurs précaires, ils sont dans toutes les sociétés, tous les corps de métier, ils travaillent comme s'ils appartenaient à ces entreprises, mais n'en n'ont aucun avantage.

"On nous emploie comme bouche-trous, on doit être flexibles à merci, dire oui à tout et reconnaissants des miettes qu'on nous jette", résume Florent, intérimaire.

Ils sont intérimaires, ont des contrats à durées déterminées, mais bien terminées, en cette pandémie. 

Ils sont contractuels de la fonction publique ou encore intermittents du spectacle.

" ça va ils ont le chômage", c'est la phrase que certains salariés en contrat à durée indéterminée, aiment à répéter. 

Oubliant que ce statut de précaires n'est pour la plupart pas un choix, mais est plutôt subi.

"Moi je ne suis même pas inscrite au chômage" souffle Lina, une habituée des contrats à durée déterminée, en riant ironiquement. 

La période est dure, comme lors du premier confinement, ils espèrent voir la fin du tunnel avec les annonces providentielles du chef de l'état.

Un gouvernement qui en a profité pendant la crise pour faire passer une réforme de l'assurance chômage, qui rentrera en vigueur au premier juillet 2021. Elle fermera l'accès aux droits de certains précaires, déjà dans une situation compliquée.

"Je venais d'acheter une voiture et de prendre un appartement en location, il ne faut pas que cette situation dure trop longtemps, sinon c'est retour chez mes parents", annonce Jérémy, un autre intérimaire dépité de la situation.

Dans certains établissements, les professeurs ne sont pas remplacés, une décision émanant du ministère de l'Education.

Les remplaçants se retrouvent sans contrat de travail et sans savoir quand ils vont pouvoir retravailler.

Les saisonniers ont connu une période de disette cet hiver avec la non-ouverture des remontées mécaniques et des stations de sport d'hiver qui ont tourné en sous-régime. 

" C'était déjà un métier précaire, mais si on en veut et qu'on est bosseur on peut s'en sortir", explique Rémi, saisonnier depuis 15 ans.

"Notre avenir est difficile à envisager, on ne sait vraiment pas si on va pouvoir continuer, surtout si on vit régulièrement de nouveaux confinements ou arrêts d'activité", ajoute le jeune homme .

Avec l'annonce de la reprise des restaurants, il espère que son téléphone va se remettre à sonner et que les messages qu'il a envoyés au soir des annonces vont porter ses fruits.

Comme chez les étudiants qui connaissent stress et angoisse liés à l'avenir, aux soucis du quotidien pour manger ou garder leur appartement, les travailleurs précaires connaissent une baisse de moral.

Une détresse psychologique insoupçonnée

Pour ces amies, qui travaillent ensemble, le sourire est sur les lèvres mais le coeur n'y est pas.

Elles se retrouvent régulièrement autour d'un verre en début de soirée pour se changer les idées.

Elles travaillent toutes avec des contrats de courtes durées.

À chaque confinement, c'est la même rengaine, les salariés sont en télétravail, la charge de travail est répartie sur plusieurs sites et en mode dégradé. 

Les intérimaires ne sont pas ou que très peu appelés.

"C'est pour notre sécurité selon la direction, mais lors du premier confinement on sait qu'ils ont fait d'énormes économies, pour le deuxième confinement, ils ne l'ont pas fait mais là, ils ont limite devancé les annonces de Macron", détaille, Capucine en mission sur de nombreux contrats à durée déterminée, depuis sept ans.

Certaines d'entre elles sont mères de famille, jonglent pour travailler et rester compétitives dans leur milieu tout en faisant attention de ne pas dépenser les maigres revenus en garde d'enfants. 

"Sinon, on travaille pour rien, et le chômage est si bas qu'on ne compte même pas sur ça à la fin du mois", précise cette mère de famille.

Les conversations passent d'un sujet à l'autre et même si elles tentent de rester positives, les inquiétudes liées au lendemain reviennent au coeur des discussions.

" On espère reprendre le travail, quand l'une d'entre nous a un contrat, on est contente, mais on pense aussi à notre situation personnelle, ça mine le moral. Parfois on perd confiance en  nous, en nos compétences, en l'avenir. On s'imagine changer de métier, mais on a fait toutes ces études et on est passionnées par ce que l'on fait", précise une des jeunes femmes.

Un lien d'amitié s'est créé, elles se soutiennent moralement et discutent beaucoup, " c'est très important, de ne pas rester isolée, de ne pas se morfondre dans son coin, de pouvoir se voir, boire un coup et échanger pour garder le cap", soulignent ces travailleuses précaires.

Les dates du déconfinement annoncées ont redonné un peu d'espoir, et la reprise d'activité en ligne de mire. Mais les cas de variant indien détectés inquiètent aussi.

 "Et si le déconfinement n'avait pas lieu, et si on se préparait à passer l'été comme cela? On y pense forcément", ajoute Marjorie, intérimaire.

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