"Les méduses sont de retour malgré elles", des signalements dans les Bouches-du-Rhône, le Var et les Alpes-Maritimes

Depuis plus d'une semaine, les signalements se multiplient le long du littoral méditerranéen. Les méduses sont de retour. Une première vague en juin dernier avait déjà déferlé sur nos plages. Un coup d'œil à la carte avant d'aller se baigner peut éviter les mauvaises rencontres. Mais pourquoi sont-elles de retour ? Explications.

Elles sont belles à regarder, mais un face-à-face peut tourner au cauchemar. Ce mardi 9 juillet, des Marseillais ont vu leur baignade de fin de journée être gâchée par l'observation de "deux trois méduses", explique Cécile, une baigneuse qui a préféré différer sa baignade. Ce n'est pas un cas isolé, de nombreux habitants ont constaté également la présence en grand nombre de méduses près de !'île du Levant dans le Var. Mais peut-on parler réellement de retour des méduses ? Delphine Thibault, océanographe à Marseille, spécialiste des méduses, revient pour France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur sur le phénomène.

"Les méduses sont de retour malgré elles"

Delphine Thibault tient tout d'abord à préciser, "les méduses ne font pas leur retour, mais sont ramenées malgré elles sur nos côtes, si elles avaient le choix, elles resteraient loin du littoral".

En effet, la spécialiste des méduses explique que "les Pelagia, les méduses les plus répandues sur nos côtes, sont effectivement les plus urticantes".

Ces méduses ont la particularité de ne pas avoir une nage active, elles se laissent porter par les courants.

"Il y a un grand courant qui longe la côte en Paca, qui s'écarte à partir de Port-Cros au large et part en direction de l'Espagne. Ce courant fluctue au gré des vents", détaille Delphine Thibault.

Le courant en question est le Liguro-provençal qui longe les côtes du golfe de Gênes aux Baléares.

Elles sont très vulnérables.

Delphine Thibault, océanographe , spécialiste des méduses

Il y a deux sortes de courants. Ceux de surface et ceux des profondeurs. Les courants de surface sont dus à la circulation des vents sur l'eau. Ce sont ceux-ci qui sont responsables des mouvements des méduses.

"La semaine dernière, la région a été balayée par un fort mistral qui a donc repoussé au large les eaux de surface", analyse l'experte des méduses, "Lorsqu'il est tombé, un vent du sud", le Sirocco "a pris la relève, en ramenant les eaux de surface vers les terres. C'est l'enchaînement de ces deux vents qui favorise le retour des méduses".

"Comme nous, les méduses recherchent la fraîcheur l'été"

Les méduses "Pelagia Noctiluca" de leur nom latin, sont largement présentes dans toutes les eaux chaudes et tempérées, comme la mer Méditerranée, malgré cela " l'été comme nous, elles recherchent des températures plus fraîches, et nagent en profondeur pour trouver des températures agréables et remontent à la surface la nuit pour se nourrir. Le problème, lorsqu'elles sont poussées sur nos côtes, elles ne retrouvent plus cette fraîcheur nécessaire aux alentours de 18°. Elles dépérissent donc".

Autre souci majeur, à force d'être promenées par le courant, "leur état se détériore, bon nombre d'entre elles perdent des tentacules, des trous apparaissent dans la cloche, et les poissons en profitent pour les attaquer et les manger. Elles sont très vulnérables", indique Delphine Thibault.

Il faut savoir que lorsqu'on aperçoit des méduses proches des côtes, "c'est que c'est la fin pour elles, leur taux de survie est nul".

Les seules qui aiment les températures chaudes, sont les méduses dites "oeufs au plat", "elles sont peu nombreuses et peu urticantes et arrivent en général courant du mois de juillet sur nos côtes", décrit la spécialiste de l'espèce. Elles n'ont pas la même physionomie et vivent près de la surface.

"Apprendre à partager l'espace marin "

Delphine Thibault regrette que la cohabitation avec les humains ne se passe pas bien. "Il faut apprendre à partager l'espace marin. Les méduses n'attaquent pas, elles n'ont pas d'intention en ce sens". En réalité, elles réagissent à ce qu'elles prennent comme une attaque.

 

En 2022, les nageurs du défi Monte-Cristo avaient traversé un banc de méduses et près d'une centaine de nageurs avaient été blessés. Il existe une carte interactive et participative d'observation des méduses, réalisée par l'ACRI. Cette carte est réalisée avec les témoignages de baigneurs, plaisanciers, collectivités locales, scientifiques, elle est mise à jour régulièrement.

Sur l'île du levant, les baigneuses et baigneurs, ont a disposition des épuisettes pour faire le ménage autour d'eux.

>> Les bons gestes à adopter face aux méduses

Contrairement aux idées reçues qui circulent, "non, il n'y a pas plus de méduses qu'avant en raison de la disparition progressive des tortues en Méditerranée", selon Dephine Thibault, "La population des méduses évolue en raison d'un phénomène de surpêche des sardines et des harengs qui ont la même alimentation que les méduses, de ce fait, ayant moins de compétiteurs, elles ont de la nourriture en abondance ce qui aide à leur expansion. Et les observations récentes en Méditerranée, ont enregistré un retour des méduses", rectifie l'océanographe.

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